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Bonnes nouvelles

La série des publications économiques de la semaine, chacune un peu meilleure qu’attendu, s’est terminée en apothéose vendredi avec l’énorme surprise qu’a constitué le rapport mensuel sur l’emploi américain du mois de mai. Les économistes prévoyaient la destruction de 8 000k postes de travail et 2 509k ont été créés, le taux de chômage devait s’élever de 14,7% en avril à 19,5% en mai et il redescend à 13,3%.

Il ne s’agit pas de gloser sur les erreurs d’analyse des uns ou des autres mais plutôt de comprendre les uns, les autres et les marchés.

Dans ces territoires inconnus il apparaît aujourd’hui que les prévisionnistes ont basculé du côté prudent car il est probable qu’un optimisme excessif leur aurait été sévèrement reproché.

La réalité semble cependant plus favorable, les marchés en tiennent d’autant plus compte qu’ils pensent maintenant que c’est l’ensemble des prévisions, macro et micro, qui pêchent dans le même sens pour les trimestres à venir. 

Les données de l’enquête IHS Markit indiquent un net rebond en mai de l’indice PMI Composite de l’Eurozone après le plus bas historique enregistré en avril (13,6), il s’établit en effet à 31,9.

Le repli de l’activité s’est cependant poursuivi à un rythme considérable dans le secteur manufacturier comme dans celui des services mais la contraction a toutefois nettement ralenti par rapport au mois précédent dans chacun des deux secteurs.

La baisse de l’activité a également ralenti dans tous les pays couverts par l’enquête, bien qu’affichant encore un rythme très soutenu. Des principales économies de la région, c’est l’Italie (33,9) qui a enregistré les meilleures performances en mai, suivie de l’Allemagne (32,3) puis de la France (32,1). C’est de nouveau en Espagne (29,2) que la contraction a été la plus sévère.

Malgré un assouplissement des mesures de confinement par rapport à avril, celles-ci ont continué de peser fortement sur le niveau de la demande. La forte diminution du volume global des nouvelles affaires s’est poursuivie, le taux de contraction fléchissant toutefois.

Le volume des affaires en attentes a fortement reculé diminuant pour un 15ème mois consécutif.

La faiblesse des nouvelles affaires conjuguée aux excédents de capacité a incité certaines entreprises à réduire leurs effectifs. Malgré le recours au chômage partiel et autres mesures destinées à préserver l’emploi, le taux de suppression de postes est resté marqué, continuant d’afficher un de ses plus hauts niveaux de l’histoire de l’enquête.

Les décisions en matière d’emploi ont également reflété les inquiétudes relatives aux répercussions à long terme de la pandémie sur la consommation des ménages et l’activité économique en général. Les perspectives d’activité se sont en effet de nouveau orientées à la baisse, la confiance ayant toutefois continué de s’améliorer par rapport au creux historique enregistré en mars.

Enfin, les données sur les prix mettent en évidence un nouveau recul des coûts et des tarifs. La baisse des dépenses salariales ainsi que des prix des biens et des services liés au cours du pétrole a entraîné une 3ème diminution mensuelle des coûts. Confrontées à un environnement économique défavorable, les entreprises ont de nouveau fortement réduit leurs tarifs.

La BCE a pris jeudi, et à l’unanimité, la décision d’accroître la taille de son outil préféré le PEPP (Pandemic Emergency Purchasing Programme) pour combattre la crise :

  • Le PEPP de 750MMM€ est augmenté de 600MMM€ à 1 350MMM€, au rythme actuel ses achats pourraient donc continuer jusqu’au T2 2021.
  • La BCE a annoncé qu’elle réinvestirait revenus et principal des obligations remboursées, lui donnant un impact non plus de court terme mais de moyen terme.
  • Prévisions de croissance de la BCE revues à la baisse : -8,7% pour 2020, +5,2% en 2021 et +3,3% en 2022. A la fin 2021 le PIB serait encore 3% sous son niveau de fin 2019 qu’il ne retrouverait que fin 2022.
  • Les prévisions d’inflation sont maintenant à 0,3% pour 2020 (1,1% en mars), 0,8% en 2021(1,4%) et 1,3% en 2022 (1,6%). Elles s’éloignent donc de son objectif de 2% ce qui oblige la banque centrale a agir plus agressivement et cette analyse est désormais partagée par les allemands.

Pour les investisseurs, les raisonnements de la BCE conduisent à des taux « lower for longer » et par la même justifient une expansion des multiples sur les marchés actions (idem États-Unis).

En dépit des circonstances, l’augmentation du chômage en Eurozone a été remarquablement faible, 7,3% en avril après 7,1ù en mars, reflétant le succès des plans d’accompagnement allemand et français. Au même niveau qu’au mois de janvier, ce chiffre nous rappelle la vigueur économique des tous premiers mois de l’année. Il est cependant à craindre que la fin des plans et la hausse des fermetures d’entreprises dans les mois à venir provoquent une hausse du chômage, mais sans doute à des niveaux moins élevés que ceux qui étaient anticipés. 

Le Bureau of Labor Statistics a publié vendredi son rapport mensuel sur l’emploi aux États-Unis pour mai qui montre que la reprise a démarré plus tôt et plus vivement qu’attendu :

  1. Création de 2 509K postes de travail contre l’attente d’une perte de 8 000K.
  2. Taux de chômage à 13,3% vs 14,7% et le taux de participation passe de 60,2% à 60,8% (63,4% avant la pandémie).
  3. Après un bond de +4,7%m/m en avril, le salaire horaire recule de 1%à 29,75$ reflétant le retour au travail de salariés moins qualifiés.
  4. La durée hebdomadaire du travail passe de 34,2h à 34,7, sans doute un rattrapage du travail en attente.
  5. La plupart des secteurs de l’économie privée augmentent leur nombre de postes à l’exception des médias, des matières premières et des transports et logistique. Par contre les collectivités locales, états, comtés et communes et l’état fédéral les réduisent.

Aux États-Unis aussi PMI et ISM des services sont sortis un peu meilleurs qu’attendu, comme les commandes industrielles. Par contre, gros écart aussi sur la balance commerciale, elle était attendue en amélioration à -41,5MM$ vs -44,4 et est sortie à -49,4, alors que de son côté la balance commerciale chinoise a été bien meilleure que prévu. 

En effet en mai les exportations de la Chine ont reculé de 3,3% sur un an contre des attentes à -7%, ses importations ont reculé de 16,7% (attentes -9,7%) conduisant à un excédent de 62,93MM$ alors qu’il était attendu à 39,00. Même si la chute des importations est largement due à l’effondrement du prix du baril de pétrole, on peut cependant conclure que Mr Trump est loin d’avoir gagné son pari de rééquilibrage de la balance commerciale Chine États-Unis .

Les autres chiffres chinois sont également bons. Le Caixin China Services PMI d’IHS Markit monte de 44,4 en avril à 55,0 en mai, plus haut depuis octobre 2010, le composite de 47,6 à 54,5 meilleur niveau depuis janvier 2011 et le Caixin manufacturing passe de 49,4 en avril à 50,7. Le secteur construction est très fort à 60,8, il bénéficie de la relance par les investissements d’infrastructures. Dans le détail de leurs composants, ces indices montrent une reprise des nouvelles commandes, y compris à l’export. 

JP Morgan synthétise avec IHS Markit l’économie mondiale au sein du JP Morgan Global manufacturing PMI. Celui-ci passe de 39,6 en avril à 42,4 en mai. La plupart des composants de l’indicateur déclinent mais moins fortement qu’en mai cependant, les perspectives à 12 mois des répondants redeviennent positives à 52,1 vs 47,1 en avril.

L’analyse d’Exane High Frequency Data confirme cette tendance à l’amélioration ;

En Chine les ventes automobiles sont à leur niveau le plus élevé depuis 3 ans et en hausse de 36%y/y et les ventes immobilières, après avoir vivement rebondi, consolident à un haut niveau.

Aux États-Unis, le trafic routier est en progression de 13ù par rapport à son niveau de janvier, les vols domestiques sont passés de -86% à -56% et le taux d’occupation des hôtels de -94% à -46%. La consommation d’énergie n’est plus en recul que de 6%y/y.

En Europe :

  • Trafic urbain : France -1,66% après -80%, GB -22% après -68%, Pays-Bas -5%
  • Péages : France -50% après -84%, Italie -45% après -81% et Espagne -59% après -88%
  • Energie : -11% pour les derniers déconfinés, les premiers étant revenus aux niveaux prè Covid
  • Transports aériens -71% après -97%
  • Hôtellerie -87% après -99%
  • Les réservations RnB sont en hausse, +37% aux États-Unis, en Europe +12% pour les premiers déconfinés et -26% après -64% pour les plus récents. 

Selon EPFR Global et Jefferies, les flux montrent un retour de l’appétit pour le risque chez les investisseurs. Ceci se traduit par des rachats sur les fonds monétaires et des achats sur les obligations IG et HY et les actions avec en tête les actions américaines.

Mais on note aussi un retour d’intérêt pour les actions européennes (+1,2MM$) pour le 1ère fois en 7 semaines, notamment Allemagne, 502M$, un plus haut de 7 mois et France +340m$ un plus haut de 15 semaines alors que les rachats continuent sur les actions britanniques.

Sur la semaine, les marchés clôturent en forte hausse, S&P500 +4,9%, Nasdaq +3,4%, Stoxx600 +7,1%, Eurostoxx50 +11,0%, CAC40 +10,7%, DAX30 +10,9%, Nikkei225 +4,5% et Shanghai SE +2,6% avec le Bund en hausse de 17,1bp à -0,28% et le 10 ans US de 27,2bp à 0,93% et un € qui s’apprécie face au $ de 1,71% à 1,1292.

Le Stoxx600 a donc clôturé la semaine en hausse de 7,1% grâce aux espoirs d’une forte reprise de l’activité économique. Le soutien apporté par la BCE jeudi a aussi largement répondu aux attentes des marchés.

Les secteurs cycliques ont fini en tête, Banques +16,7%, Assurance +16,5% et Pétrole & Gaz +14,5% au détriment des secteurs défensifs Santé -0,4%, Agro-Alimentaire +3,5% et Utilities +4,6% .

Cette semaine les marchés étaient blancs (cycliques) ou noirs (défensives) et nos portefeuilles, encore défensifs, ont accusé du retard sur les indices mais ils ont tous bien progressé. Ils gardent tous une avance, parfois substantielle sur leurs références depuis le début de l’année et Erasmus Small Cap Euro est maintenant positif de +1,24% ;

Pour FCP Mon PEA, ventes des deux entreprises défensives, Essilor Luxottica et Orpea et achat d’Amundi qui devrait profiter de l’embellie des marchés au T2. Aymeric pour Erasmus Mid Cap Euro a cédé l’italien IREN et Spie et Hugo pour Small Cap a cédé le finlandais Raisio Oyj et acheté la holding de la famille Peugeot FFP investie dans l’automobile mais aussi dans LISI, Seb, Safran, Orpea, Tikehau, Spie, Ciel, Acteon ou Total Iren.

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

Lire le point bourse de la semaine dernière : https://www.tanguyfinances.fr/retour-prudent-de-la-confiance/

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