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La remontée des taux va commencer

Les deux grandes banques centrales anglo-saxonnes ont tracé la voie de sortie de leur politique monétaire accommodante avec, d’un côté, une Fed qui a acté le début prochain du tapering ainsi qu’une volonté de relever les taux directeurs au cours des prochaines années et, de l’autre, la Banque d’Angleterre qui a renforcé sa communication quant à la nécessité de resserrer la politique monétaire. Ceci alimentera la hausse des taux souverains dans ces zones et par contagion au niveau global.

Comme cela était anticipé, la Fed a annoncé qu’elle était prête à réduire le rythme de ses achats d’actifs prochainement, pourvu que l’économie continue à se redresser comme cela est attendu. Jerome Powell a ajouté que ce tapering (réduction jusqu’à 0 des achats d’actifs) pourrait démarrer dès novembre si le prochain rapport sur l’emploi était raisonnablement bon. Ceci veut dire combler un peu plus le gap de chômage créé par la crise sanitaire. Le FOMC (Federal Open Market Committee) prévoit que le tapering s’étendra jusqu’à la fin 2022 au rythme de 15MM$/mois.

Le chairman de la Fed admet que les goulots d’étranglement dans la chaîne logistique sont plus importants et dureront plus longtemps que ceci était anticipé et, c’est un changement de ton, que leur effet sur les prix pourrait surprendre négativement. En effet 13 des 18 membres de l’institution voient le risque sur l’inflation à la hausse.

La moitié des membres du FOMC voit maintenant la 1ère hausse des taux en 2022 et 3 à 4 hausses (de 25bp) d’ici fin 2023 contre 2 en juin. Ceci est plus pessimiste qu’attendu et comme dans le même temps les attentes de croissance pour cette année ont été fortement révisées à la baisse, de 7% à 5,9% (et l’inflation à 4,2% vs 3,4%), la photo du meeting est moins positive pour les marchés. En conséquence, sur la semaine, le rendement des Treasuries est passé de 1,31% à 1,45% et celui du Bund de -0,35% à -0,22%.

Ce sont en particulier les problèmes logistiques et les pénuries affectant les chaînes de production qui ont pesé sur l’IHS Markit Flash US Composite PMI, qui passe de 55,4 en août à 54,5 en septembre, ses deux composantes étant touchées puisque le PMI des services passe de 55,1 à 54,4 et le manufacturier de 61,1 à 60,5. Ceci reste cependant une expansion solide même si elle ralentit.

Les nouvelles commandes domestiques ralentissent alors que celles à l’exportation accélèrent.

Les entreprises ont des difficultés de recrutement et du mal à retenir leurs employés qualifiés, ce qui a pour conséquence un ralentissement des créations d’emplois. Ceci entraîne une augmentation très rapide des carnets de commandes et du travail en attente.

Cependant la confiance des répondants reste robuste compte tenu des carnets de commandes et des espoirs de levée progressive des goulots d’étranglement.

En dépit des hausses de prix, les ventes de nouvelles maisons continuent de progresser en août alors que les chiffres de juillet ont été révisés à la hausse, ainsi que les mises en chantier proches de leur plus haut historique de juin (1,61million) et les demandes de permis de construire (+5,6% à 1,71million). Les maisons en chantier, 1,4 million, sont à leur niveau le plus haut depuis mai 2006.

Pour l’Eurozone aussi, l’indice PMI flash signale un ralentissement de la croissance, les difficultés d’approvisionnement ayant limité les niveaux d’activité et les tensions inflationnistes ayant atteint un sommet de 21 ans.

Cette tendance reflète aussi un retour à la normale des niveaux de la demande après les sommets atteints au T2, ainsi que les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement. Ceci a également fait chuter la confiance des entreprises, l’affaiblissement des perspectives d’activité à 12 mois ayant à son tour contribué à une nouvelle modération de la croissance de l’emploi par rapport au pic de 21 ans enregistré en juillet.

Parallèlement, le déséquilibre entre l’offre et la demande d’intrants s’est traduit par la plus forte hausse des coûts depuis 21 ans, l’inflation, auparavant circonscrite à l’industrie manufacturière, gagnant de plus en plus le secteur des services.

Selon son estimation flash, l’indice PMI Composite IHS Markit s’est fortement replié de 59,0 en août à 56,1, mettant ainsi en évidence un nouvel affaiblissement de la croissance de l’Eurozone par rapport au sommet de 15 ans enregistré en juillet, tout en conservant un rythme bien supérieur à sa moyenne pré-pandémie.

La forte accumulation des affaires en attente s’est poursuivie au cours du mois, notamment dans l’industrie manufacturière en raison des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement.

Les pénuries d’intrants ont de nouveau poussé les coûts à la hausse, le taux d’inflation global des prix payés ayant atteint son plus haut niveau depuis septembre 2000. Les prestataires de services ont signalé la plus forte hausse de leurs coûts depuis juillet 2008 tandis que, dans l’industrie manufacturière, l’inflation des prix des intrants a conservé un rythme quasi-record.

Les créations d’emplois ont ralenti tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services en septembre, les entreprises se disant préoccupées par l’évolution de la demande et par les difficultés d’approvisionnement. Si le taux de croissance de l’emploi a ainsi reculé à un plus bas de 4 mois, il a continué d’afficher un niveau supérieur à sa moyenne de long terme, et l’un des plus élevés des 20 dernières années, les entreprises cherchant à reconstituer leurs capacités.

L’indicateur anticipé allemand IFO confirme en septembre cette tendance en reculant pour le 3ème mois consécutif à 98,8 vs 99,6 an août. La décomposition sectorielle montre un fort déclin du manufacturier au plus bas niveau depuis février à cause des pénuries de certains matériaux alors que les services, le commerce et le bâtiment sont en modeste progression.

En septembre, le climat des affaires en France mesuré par l’INSEE s’améliore légèrement malgré des évolutions contrastées suivant les secteurs et son indicateur gagne un point. A 111, il reste à un haut niveau, bien au-dessus d’avant la crise sanitaire (106) et de sa moyenne de longue période (100).

Dans le secteur des services, le climat des affaires s’améliore légèrement (+1pt) et reste à un haut niveau. Les chefs d’entreprises sont un peu plus optimistes sur leurs perspectives d’activité et de demande.

Dans le bâtiment également, les chefs d’entreprises se déclarent un peu plus confiants sur leurs perspectives d’activité, malgré des tensions sur l’appareil productif qui restent fortes.

Dans l’industrie en revanche, le climat des affaires se détériore nettement (-4pts) : les soldes d’opinion sur la production passée, et dans une moindre mesure ceux sur les carnets de commandes étrangers et la production prévue contribuent à cette baisse.

Dans le commerce de détail et de gros, le climat des affaires se dégrade également.

Qu’il s’améliore ou se dégrade, le climat des affaires reste supérieur à sa moyenne dans tous les différents grands secteurs d’activité.

Les attentes de BPA 2021 et 2022 pour le Stoxx600 viennent d’être vivement révisées à la hausse. Les BPA 2021 de 0,5% à 27,3€, 21% au-dessus du plus bas de décembre et 12% au-dessus des BPA 2019. Les BPA 2022, en progression de 8,4%, sont 11% au-dessus du plus bas de décembre et 21% au-dessus des résultats 2019.

Selon EPFR Global, la semaine du 16 au 22 septembre a été la 1ère semaine de rachats de l’année sur les fonds et ETF equities, menée par les États-Unis –28MM$ pais aussi par l’Europe -829M$ avec Grande-Bretagne -624M$, Suède -273M$, France -172M$ et Allemagne -149M$.

Un peu de retard cette semaine pour nos fonds FCP Mon PEA et Erasmus Small Cap Euro alors qu’Erasmus Mid Cap Euro est en ligne avec son benchmark.

FCP Mon PEA a cédé Edenred après quelques contacts avec des analystes. C’est le seul mouvement à vous signaler.

Jean-François GILLES

Président du directoire d’Erasmus Gestion

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