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L’inflation : une menace ?

Pas vraiment en Europe : son caractère temporaire se confirme dans les dernières données publiées.

Un peu plus aux États-Unis même si les données du mois d’août en ralentissement,+4% sur la sous jacente vs un pic à +4,5% en juin ainsi que celle des prix à l’importation à +9% en août vs +10,3% en juillet, confirment l’absence d’emballement durable des prix.

Deux éléments sont entrain de gagner en visibilité.

Le premier est qu’en Europe comme aux États-Unis la hausse des prix va désormais ralentir, mail plus lentement que cela était anticipé car les problèmes logistiques et les pénuries vont s’étendre sur 2022.

Le second est qu’Europe et États-Unis ne sont pas logés à la même enseigne mais semblent revenir à leur écart d’inflation pré-Covid.

Dès lors la Fed pourrait officialiser la réduction de ses achats lors de sa réunion du 22 septembre, les dernières déclarations de ses membres vont dans ce sens, confortées par les indicateurs économiques et sanitaires.

Nous avons eu confirmation le 17 septembre d’une inflation en Eurozone de 3% en août avec une inflation sous jacente à 1,6%. L’inflation devrait continuer à monter pendant quelques mois, jusqu’au T1 2022 et ensuite reculer mais plus lentement qu’attendu compte tenu de contraintes post pandémie pour revenir dès la fin du T2 2022 sous l’objectif (2%) de la BCE et baisser encore au S2 2022 et en 2023.

La Banque Centrale Européenne peut être confortable avec ces prévisions qu’aucun économiste ne conteste.

En dépit de la réduction progressive de certaines mesures de soutien d’urgence, la politique monétaire va rester expansionniste. Il est probable que les politiques fiscales évolueront dans un sens un peu plus restrictif mais sans aller jusqu’à des mesures d’austérité qui seraient malvenues comme cela a été le cas dans le passé.

Après l’INSEE la semaine dernière, c’est la Banque de France le 13 septembre qui a publié ses projections économiques. Elles sont concordantes avec celles de l’INSEE et valent pour une bonne part des autres pays européens.

« la vigueur de la reprise de l’activité économique se confirme en 2021 en France après la chute historique de 2020. Dans un contexte de bonne diffusion de la vaccination, le PIB et l’emploi ont nettement rebondi au T2. Cette dynamique se poursuivrait au T3 selon nos enquêtes, puis l’activité resterait bien orientée au T4 en dépit des nouveaux variants de la Covid-19 et de certaines difficultés sectorielles d’approvisionnement ou de recrutement.

La croissance du PIB atteindrait ainsi 6,3% en 2021, puis 3,7% en 2022 avant de revenir légèrement sous 2ù en 2023. L’activité retrouverait son niveau pré-Covid dès fin 2021. La révision en hausse de notre prévision pour 2021 depuis juin traduit avant tout un rebond un peu plus fort qu’anticipé à la fin du S1. Le pouvoir d’achat des ménages, après avoir été préservé en 2020 (+0,2%) reprendrait une croissance de près de 3% cumulés sur 2021-2023.

L’inflation totale s’élèverait à 1,8% en 2021 avec des pics mensuels plus marqués, qui l’amèneraient à évoluer au-dessus de 2% d’août à décembre 2021. Pour autant cette poussée significative, due notamment aux effets des coûts des intrants industriels sur les prix des produits manufacturés, devrait rester temporaire. L’inflation baisserait ainsi à 1,4% en 2022 du fait notamment de la stabilisation du prix de l’énergie. En 2023, l’inflation totale, comme l’inflation sus jacente, s’établirait à 1,3%. Néanmoins, l’aléa sur cette prévision est orienté à la hausse.

La résilience du marché du travail est meilleure que prévue, grâce notamment au soutien des mesures publiques, l’emploi salarié a ainsi retrouvé son niveau d’avant crise d ès la mi-2021, même si le nombre d’heures travaillées par emploi reste plus bas en raison de la persistance d’une activité partielle encore significative (240K en ETP en juillet). Désormais l’économie française retrouve son principal défi d’avant-crise : des difficultés fortes de recrutement (pour la moitié des entreprises selon notre enquête mensuelle) alors même que le chômage resterait élevé à 8%.

L’économie française sort donc de la crise Covid et va aborder une nouvelle phase. Après le fort rebond de 2021 provoqué par la réouverture de l’économie et les mesures de soutien, le PIB va progressivement revenir vers son niveau potentiel. Les conditions seront encore favorables à l’horizon de cette projection (surplus d’épargne disponible des ménages, situation financière globalement préservée des entreprises, plan de relance) mais vont redevenir progressivement dépendantes des moteurs structurels de la croissance.

Aux États-Unis, l’inflation CPI a augmenté de 0,3% m/m en août, abaissant sa progression sur un an à 5,2% (5,3% en juillet) alors que l’inflation sous jacente, qui exclut l’énergie et l’alimentation, a augmenté de 0,1% m/m abaissant sa progression sur un an à 4% après 4,2% en juillet. Les chiffres d’août indiquent donc une stabilisation à un haut niveau avec des baisses du côté automobiles et transports et des hausses du côté logement.

Les ventes au détail ont fait preuve d’une vigueur surprenante en août (0,7%) reflétant la force de la demande après un mois de juillet en recul ; les chiffres de juillet et août ont à nouveau été perturbés par les conséquences du variant Delta qui a déplacé des achats des magasins vers internet.

Ce point est critique pour les prochains mois. La situation sanitaire au sens large alors que l’hiver approche va orienter la consommation. De premiers signes encourageants apparaissent, le nombre de cas quotidiens et d’hospitalisations semble se retourner à la baisse, ce qui permet d’être plus optimistes.

Le Fund Manager Survey mensuel de BofA est toujours une mine d’informations.

Si les gérants attendent désormais une croissance qui ralentit et des résultats d’entreprises en progression moins vive, ils voient aussi pour le 1ère fois depuis mai 2020 l’inflation ralentir. Toujours aucun appétit pour les bonds aussi l’allocation equity reste très élevée, très surpondérée.

58% des gérants pensent que le rallye sur les actions européennes va continuer en 2022 contre 51% en août alors que 21% pensent qu’il finira en fin d’année contre 40% en août. En conséquence les portefeuilles sont peu couverts, la très bonne liquidité des marchés étant une assurance complémentaire.

82% des gérants pensent que la Chine est entrée en ralentissement, contre 44ù en juillet et qu’en conséquence les prochaines décisions monétaires et budgétaires seront expansionnistes ;

84% des gérants attendent le début du « tapering » US d’ici la fin de l’année mais la 1ère hausse des taux de la Fed est repoussée de décembre 2022 à février 2023.

La politique de la BCE apparaît la plus favorable depuis février 2020 pour 53% des répondants, contre 47% le mois dernier.

Très forte semaine de souscriptions  (9-15 septembre) selon EPFR Global : 53 MM$ au grand bénéfice des actions américaines même si la collecte continue sur les actions européennes ; sur 4 semaines France +998M$, Allemagne +868M$, Pays-Bas +686M$ et Espagne +329M$. Quatre secteurs sont favorisés : Technologie, Financières, Biens de Consommation et Santé.

Si la semaine a été un peu moins favorable pour FCP Mon PEA et Erasmus Small Cap Euro, elle n’efface pas la très bonne performance de la semaine précédente et Erasmus Mid Cap Euro continue sa séquence très favorable grâce à son stock picking (Sixt, Sopra Steria ou Virbac).

Un seul mouvement à signaler, la vente de Kering par FCP Mon PEA avec en parallèle un renforcement de LVMH.

Toujours des révisions à la hausse des consensus des prévisions bénéficiaires FactSet. En Europe croissance annuelle attendue de +84,7% pour 2021 et +5,9% pour 2022. Aux États-Unis pour le S&P500 la croissance annuelle 2021 estattendue à +49,2% et à +7,9% pour 2022.

Jean-François GILLES

Président du directoire d’Eramus Gestion

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