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Retour d’incertitudes

Pas de quoi s’étonner : après le record du S&P le 20 février, la diffusion du virus en occident et le confinement qui en a résulté ont entraîné une chute de 35,41% à 2 191 points le 20 mars, progressivement ensuite l’espoir que la récession soit de courte durée et qu’il n’y ait pas de seconde vague ont causé une remontée à 3 232 points le 8 juin, une hausse de 47,48%. C’est à cette aune qu’il faut mesurer le recul de 5,91% entre le 8 et le 12 juin : modeste correction au regard du rebond précédent.

Elle a été causée par le retour de l’incertitude.

Sanitaire en tête, la situation aux États-Unis est moins maîtrisée qu’espéré et la pandémie se répand rapidement dans de nombreux pays émergents, Brésil et Amérique Latine, mais aussi Inde et des craintes apparaissent sur le continent africain.

Economique ensuite. Certes la situation se redresse au fur et à mesure du déconfinement mais le retour à la vie économique d’avant sera long. 

Et pourtant le redressement de l’activité est bien là, les données collectées par Exane l’attestent.

Pour la Chine, les, réservations AirBnB sont 9% au-dessus de leur niveau d’avant corona, les ventes automobiles sont au plus haut de 3 ans et la baisse du nombre de voyageurs dans les métros ne cesse de diminuer, à Wuhan de -100% à -50% et dans la moyenne des grandes villes de -92% à -20%, la circulation automobile dépasse les niveaux antérieurs car les citadins pour éviter la promiscuité utilisent davantage leurs véhicules.

Aux États-Unis, progression de 23% des demandes de nouveaux crédits hypothécaires, les déplacements professionnels passent de -40% il y a un mois à -30%, les revenus des bars de -94% à -51% et des restaurants de -85% à -57%.

En Europe la circulation automobile est au-dessus de ses niveaux d’avant crise dans tous les pays nordiques et la France, seules l’Espagne et l’Italie (-22%) enregistre encore un recul véritable ; AirBnB va vers une grande année avec +40% pour l’Allemagne, le Danemark, la France, les Pays-Bas et aussi les États-Unis, les autres pays européens étant en progression plus modeste. La consommation au détail et les loisirs entre le 18 avril et le 6 juin passent de -30/40% en Suède et au Danemark à -5%, pour l’Allemagne de -60% à -22%, la France et l’Italie sont à -30%, l’Espagne à -42%, seule la Grande-Bretagne enregistre une faible progression.

En Chine, les moteurs de la reprise tournent à plein régime, la croissance du crédit a encore accéléré en mai à +13,2% sur un an, celle des émissions obligataires aussi passant de +15,2% à +17,2%. Dans le même temps la hausse des prix ralentit vite, pour les prix à la consommation de 3,3% en avril à 2,4% en mai suite à la chute des prix alimentaires et pour les prix à la production de -3,1% en avril à -3,7% en mai à cause de la baisse des prix des matières premières. Exportations (-3,3% en mai ) et importations (-16,7%) ont reculé car la demande internationale a subi les effets du confinement, cette situation devrait s’améliorer au S2 avec la reprise de l’activité chez la plupart des partenaires commerciaux de la Chine. Pour limiter l’impact négatif temporaire du commerce extérieur, la Chine stimule vivement le secteur de la construction, grand utilisateur de main d’œuvre peu qualifiée. Les ventes d’ascenseurs publiées cette semaine montrent bien qu’il ne s’agit pas seulement d’investissements d’infrastructures mais d’un mix résidentiel, bureau et infrastructures dont réseau ferré inter city, 5G et data centers.

Notre analyse est que si la Fed a déçu à la conclusion du FOMC (9/10 juin), celui-ci a été plutôt un prétexte à des prises de bénéfices, les décisions adoptées, le taux prudent du communiqué nous semblent sages. Nous relevons que rien n’est changé par rapport à ses annonces précédentes, Jerome Powell a même précisé que les taux directeurs de la banque centrale devraient rester à leur niveau actuel jusqu’en décembre 2022 soit plus longtemps qu’escompté. Nous relevons aussi que les décisions ont été prises à l’unanimité, ce qui n’a pas toujours été le cas ces dernières années, et que la Fed dans ses projections n’arrive pas à se rapprocher de son objectif de 2%.

Ce sont peut-être ces projections qui, sans qu’elles soient surprenantes, ont ramené les investisseurs à la réalité.

Par rapport à décembre dernier les prévisions de PIB pour 2020 sont à -6,5% vs +2,0%, pour 2021 5% vs 1,9% et pour 2022 3,5% vs 1,8%, celles d’inflation, 2020 0,8% vs 1,9%, 2021 1,6% vs 2,0% et 2022 1,7% vs 2,0% et pour le chômage 9,3% en 2020 vs 3,5%, 6,5% en 2021 vs 3,6% et 5,5% en 2022 vs 3,7%.

10ème recul hebdomadaire des inscriptions au chômage à 1,5 million vs 1,9, ce qui reflète un ralentissement des licenciements.

En dépit de ce chômage élevé et du faible recul de la pandémie, le sentiment des consommateurs mesuré par l’Université du Michigan se redresse de 6,6 pts à 78,9 vs 72,3 en mai, c’est la plus forte hausse mensuelle depuis novembre 2016 mais l’indice reste bien en-dessous de son niveau de février (101,0). Les perspectives remontent de 7,2pts à 73,1 et les conditions actuelles de 5,5pts à 87,2 ; pour rappel, la consommation représente 70% du PIB américain contre 59% en France. Cet indicateur pourrait se redresser cet été avec la réouverture de nouvelles activité et la réembauche de salariés licenciés.

 La production industrielle a reculé en avril de 17,1%après -11,9% en mars et un consensus à -20%. Par secteur, énergie -4,8%, biens de consommation non durables -11,9%, biens intermédiaires -15,6%, biens d’équipements -26,6% et biens de consommation durables -28,9%. 

Hermann Spellmann et Binky Chadha(Deutsche Bank) nous rappellent quelques caractéristiques spécifiques et surprenantes de la crise traversée :

  1. Est-ce la récession la plus courte à ce jour ?
  2. Il est très inhabituel lors d’une récession que le revenu des ménages progresse fortement.
  3. Depuis deux mois la confiance des consommateurs progresse.
  4. Les entreprises aussi semblent analyser le ralentissement comme devant être de courte durée.
  5. Il n’y a pas de credit crunch, plutôt une explosion du crédit.
  6. La grande surprise vient du crédit et pas des actions.
  7. Alors que depuis 10 semaines les places financières progressent, la montagne de cash continue de croître (1,2MMM$ depuis mars).
  8. La pandémie a fait revenir des investisseurs individuels vers les bourses.
  9. Au contraire les investisseurs institutionnels ont une exposition extrêmement faible (10ème percentile).

Il est intéressant après cette analyse d’enchaîner avec Michael Hartnett (Merrill) qui, à partir des données EPFR Global , attire notre attention sur les premières sorties des fonds monétaires, -0,1ù de leurs actifs après une collecte de 19,7% depuis le début de l’année et le retour des investisseurs sur les actions, américaines en tête, mais aussi européennes qui enregistrent les souscriptions les plus fortes depuis février 2018, japonaises également alors que les rachats continuent sur les actions émergentes.

Sur la semaine les marchés clôturent en forte baisse : S&P -4,8%, Nasdaq -2,3%, Stoxx -5,7%, EuroStoxx -6,8%, CAC -6,9%, DAX -7,0%, Nikkei -2,4% et Shanghai SE -0,4% avec le Bund à -0,446% et le 10 ans US à 0,71%. Le $ s’effrite un peu à 1,1256€.

Le Stoxx600 a connu une rotation sectorielle en faveur des secteurs défensifs qui ont fini à -2,0% pour la Santé, -3,0% pour l’Agro-Alimentaire ou -3,5% pour les Utilities, au détriment des secteurs cycliques : Voyages & Loisirs -11,0%, Automobile -9,5% et Banques -9,4%.

Dans ce contexte, nos fonds qui ont toujours un caractère défensif, ont résisté au mouvement de correction et nous en avons profité pour relever leur exposition aux entreprises cycliques . On peut noter ainsi les achats de Total pour FCP Mon PEA et Atos pour Erasmus Mid Cap Euro alors que pour ce fonds Aymeric a cédé Grifols, entreprise espagnole du secteur de la santé. Pour Erasmus Small Cap Euro, Hugo a acheté à la casse le voyagiste Voyageurs du Monde ainsi que l’entreprise textile italienne Aquafil spécialisée dans la production et la distribution de fibres et de polymères, en particulier de polyamide6, fils pour tapis, fils pour vêtements et ingénierie. 

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

Lire le point bourse de la semaine dernière : https://www.tanguyfinances.fr/bonnes-nouvelles/

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