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Point Bourse hebdomadaire du 9 avril 2019 : Inflation, taux et marchés

L’inflation en zone euro donne mal à la tête à la BCE et nous pourrions écrire la même chose de l’inflation américaine et de la Federal Reserve.

L’objectif des banques centrales, le taux magique d’inflation de 2% s’éloigne. C’est dommage, nous étions confortables avec. Tout en pouvant dire que l’inflation était sous contrôle, cette petite dépréciation rendait l’endettement moins douloureux et poussait entreprises et ménages à l’investissement.

Dans son ouvrage récent à grand succès, Mr Piketty nous a rappelé que sur la très longue durée, croissance et inflation avaient le plus souvent été bien plus faible que la norme qui s’était installée depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Si nous avons devant nous le retour à une longue période d’inflation et de croissance faible, cela est à prendre en compte mais n’enlève rien à la valeur ajoutée des métiers financiers : l’échelle de l’inflation et des rendements reste la même, si leurs niveaux ont changé, pas les écarts de rendement. Dès lors le risque reste rémunéré et la valeur ajoutée des conseils en investissement a de beaux jours.

Cette introduction parce que une fois de plus l’inflation en Eurozone publiée cette semaine est sortie sous les attentes : 1,4% pour l’inflation faciale et 0,8% pour l’inflation sous jacente, 40% de l’objectif de la BCE. Si cette situation perdure depuis la dernière crise, elle s’est en fait installée progressivement depuis la décision de créer notre monnaie unique il y a plus de 30 ans. Depuis lors l’inflation moyenne est largement inférieure à 2%.

Il est nécessaire de prendre en compte cette variable importante dans nos allocations et de ne plus utiliser les standards que nous avons appris dans nos études il y a 20 ou 40 ans !

L’activité a continué de croître à un rythme modéré dans l’Eurozone en mars, l’indice PMI Composite final IHS Markit se replie de 51,9 en février à 51,6, cependant supérieur à son estimation flash (51,3).

L’indice global masque toutefois des tendances divergentes entre les deux secteurs étudiés : si dans le secteur des services l’activité a affiché sa plus forte croissance depuis novembre, la production manufacturière a elle enregistré son plus important repli mensuel depuis avril 2013.

La baisse de la production dans le secteur manufacturier est attribuable à un affaiblissement de la demande, tant sur les marchés intérieurs qu’à l’étranger. Les fabricants font état du plus fort repli de leurs commandes depuis la fin 2012. Cette tendance se répercute sur les données composites qui ne signalent qu’une très légère augmentation des nouvelles affaires, ce malgré une solide hausse des nouveaux contrats dans les services.

La détérioration de la conjoncture manufacturière a été très préjudiciable à l’économie allemande qui a affiché sa plus faible croissance depuis près de 6 ans en mars. C’est toutefois la France qui a réalisé les plus faibles performances, son activité s’étant légèrement repliée au cours du mois après avoir quelque peu augmenté en février.

Voici les PMI nationaux : 55,4 Espagne, 54,1 Irlande, 51,5 Italie, 51,4 Allemagne et 48,9 France. Contrastant avoir les performances du noyau franco-allemand, la croissance s’est accélérée en Espagne, elle a continué à croître à un rythme soutenu en Irlande et s’est redressée à son plus haut niveau depuis 6 mois en Italie.

Conformément à la tendance enregistrée depuis près de 4 ans et demi les effectifs ont augmenté. La forte croissance de l’emploi enregistrée en mars reflète principalement les postes créés dans les services car les effectifs sont quasi stables dans le manufacturier.

La hausse de la capacité de production induite par les créations de postes a permis aux entreprises de réduire le travail en attente. Les données de l’enquête mettent en évidence la 3ème baisse des affaires en cours depuis 4 mois.

Enfin, les perspectives des entreprises sont demeurées quasi stables en mars, le degré d’optimisme quant au volume d’activité à 12 mois variant toutefois considérablement en fonction du secteur étudié. En effet, si la confiance des prestataires de services atteint un pic de 6 mois, celle des fabricants se replie à un creux de plus de 6 ans, les inquiétudes relatives au climat politique et économique ayant pesé sur les perspectives de croissance.

Statistique encourageante, car il s’agit du domaine qui doit permettre à la zone euro de bien traverser le ralentissement actuel : les ventes au détail en février font mieux que tenir, elles progressent : +0,4% sur le mois et +2,8% sur un an, soit l’inflation X2 ! Les ventes hors alimentaire et énergie sont même en progression de 4,4% sur un an.

Les deux grands indicateurs anticipés américains sont sortis cette semaine avec des chiffres très similaires : l’IHS Markit US Composite PMI à 54,6 en mars vs 55,5 et l’ISM Manufacturing index à 55,3 vs 54,2. Ils reflètent un bon niveau d’activité et la résilience de la croissance américaine. Mais l’inquiétude de la Federal Reserve est cependant justifiée car la confiance des répondants recule encore en mars et leur optimisme est au plus bas depuis septembre 2016.

Après la faiblesse des chiffres de février, le rapport sur l’emploi de mars du Bureau of Labor Statistics/Hover Analytics était très attendu. Il a rassuré et les données sont solides avec une belle hausse des créations d’emplois, un chômage qui reste à son plus bas niveau depuis 49 ans, une hausse modeste de la durée du travail hebdomadaire. La participation des « Prime Working Age » (25-54 ans) reste inchangée à 82,5%, son récent record. Création de 196 000 postes, révision de +13 000 pour février à 33 000 et de +1 000 pour janvier à 312 000 qui amènent la moyenne du T1 à 180 000, certes en dessous des 223 000 de 2018 mais deux fois plus qu’il n’est nécessaire pour stabiliser le chômage. Le taux de chômage est à 3,9% et le salaire horaire progresse de 3,2% sur un an (vs 3,4%), ajusté de l’inflation cela amène la hausse du pouvoir d’achat sur un an à, plus de 1%.

Bons chiffres chinois aussi qui ont bien profité aux marchés. L’enquête réalisée par Caixin/Markit auprès des directeurs d’achat montre un redressement inattendu en mars pour l’activité manufacturière pour la 1ère fois depuis 4 mois. L’indice s’est établi à 50,8 vs 49,9 en février.

Cette publication a été confirmée deux jours plus tard par celle du secteur des services qui s’est établie à un plus haut de 14 mois sous l’effet tant d’une amélioration de la demande interne qu’à l’export. L’indice PMI Caixin Markit des services a progressé à 54,4 après 51,1 en février, il est à son plus haut niveau depuis janvier 2018.

Du fait de ces deux publications, l’indice composite est ressorti à 52,9 en mars, son plus haut niveau de 9 mois.

Ces excellents chiffres chinois nous ont conduit à accroître dans le portefeuille de FCP Mon PEA notre exposition à la Chine par le renforcement du secteur luxe (LVMH, Kering & Hermès) et l’achat de Seb.

Nouvelles clôtures en hausse sur les bourses mondiales : Stoxx600 +2,41%, EuroStoxx50 +2,90%, CAC40 +2,3%, DAX +4,2%, S&P 500 +2,1%, Nasdaq +2,7%, Nikkei 225 +2,8% et Shanghaï SE +8,4% avec le Bund en hausse de 7,6 bps à 0,007%, le 10 ans US à 2,4954% (+9,6 bps) et un € qui se déprécie face au $ à 1,1218.

L’OPA de Thalès sur Gemalto est maintenant terminée et le titre disparaît de nos portefeuilles. Cette semaine FCP Mon PEA a acheté Seb (déjà dans Mid, voir ci-dessus). Aymeric a diminué le poids de la trésorerie dans Erasmus Mid Cap Euro ( le cash reste cependant à 9,94%) par les achats d’Ubisoft (déjà dans PEA), Hera, une utilities italienne et deux entreprises allemandes, une immobilière Aroundtown et United Internet qui possède l’opérateur téléphonique 1 to 1/Drillisch. Hugo pour Erasmus Small Cap Euro a vendu Cegedim sur une bonne performance et acheté Lumibird, déjà dans Micro Cap, ainsi que la société de mode accessible SMCP. Enfin Erasmus Micro Cap Euro a vendu Prodways.

Le ratio de révision des prévisions de bénéfices s’améliore modestement et sur le dernier mois pour 2020 les révisions sont même à la hausse sur l’Eurozone. Selon IBES, la croissance des bénéfices par action pour la zone euro est attendue à +5,9% en 2019, +9,9% en 2020 et +7,2% en 2021. Pour les États-Unis les chiffres sont de +3,9% en 2019, +11,7% en 2020 et +9,8% en 2021. Enfin pour l’indice monde IBES attend +4,7% en 2019, +10,5% en 2020 et +9,0% en 2021.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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