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Point Bourse Hebdomadaire du 1er avril 2019 : Un trimestre inattendu

Nous attendions une croissance économique européenne et globale ralentie : nous l’avons eue. Nous attendions en conséquence des marchés financiers difficiles et au contraire ils ont connu un vif rebond et ce T1 2019 est le meilleur trimestre boursier depuis 2009 !

Nous avons commencé l’année en nous demandant le nombre de hausses des taux que la Federal Reserve déciderait, nous nous posons aujourd’hui la même question sur le nombre de baisses des taux et nos interrogations sont de même nature pour la BCE.

Les obstacles principaux devant nous en janvier étaient la montée du protectionnisme et les négociations Chine/États-Unis, le Brexit et le tournant inquiétant de la politique économique italienne. Si l’espoir subsiste aucun problème n’a été résolu.

Dès lors se pose la question : est-ce que l’embellie des marchés peut continuer ?

Cette lettre n’apportera pas de réponse à la question. L’embellie du T1 est tout aussi incongrue que la correction du T4 2018 l’avait été. Mais comme chaque semaine c’est un relevé précis des évolutions économiques majeures, des conséquences qu’elles peuvent avoir sur les marchés et de la stratégie d’investissement qui en découle pour Erasmus Gestion. Un exposé stratégique plus complet sera fait dans notre lettre trimestrielle qui sera publiée la semaine prochaine.

Le recul en mars de l’ESI (Economic Sentiment Indicator) de la Commission Européenne confirme les autres enquêtes : en Eurozone le momentum économique continue de se dégrader. L’ESI passe à 105,5 en mars vs 106,2, un plus bas de 29 mois qui selon les données historiques préfigure une croissance de l’ordre de 1%. Au T1, l’ESI a été plus bas qu’aux T3 et T4 2018 où la croissance avait été de 0,1 et 0,2%.

Le sentiment dans l’industrie recule à nouveau. Les commandes à l’export chutent particulièrement vite et même si l’indicateur sectoriel automobile se reprend il reste plus faible qu’au début de l’année.

Le secteur des services continue de mieux se comporter. Certes son indicateur recule encore mais son indicateur reflète une croissance de 1,5 à 2%. La consommation domestique a un peu ralenti mais elle devrait rester un facteur clef de croissance.

Au niveau national, l’enquête enregistre de nouveaux reculs en Allemagne et en Italie, elle se redresse pour la France avec l’affaiblissement des craintes suscitées par les « gilets jaunes ». Parmi les grands pays européens, l’Espagne reste la vedette, son indicateur est à un plus haut de 4 mois, suggérant la continuation d’une croissance rapide peu affectée par les élections du mois prochain.

L’indice allemand IFO (Leibniz Institute for Economic Research Munich) marque peut-être un point d’inflexion : il rebondit à 99,6 vs 98,7 et ceci tant pour la situation actuelle 103,8 vs 103,6 que pour les perspectives 95,6 vs 94. Même constat que pour l’ESI : c’est la demande domestique de services qui compense le recul des commandes industrielles à l’export car pour le secteur manufacturier les perspectives reculent encore (-12,2 vs -9,4) au plus bas depuis novembre 2012 alors que pour les services l’amélioration est forte (8,5 vs 1,3). Autrement dit l’Allemagne grâce à son économie domestique tient bien le choc d’une récession industrielle.

L’analyse de l’enquête de l’INSEE pour la France est similaire si ce n’est que le poids des secteurs n’est pas le même dans les deux pays. En mars 2019 le climat des affaires est légèrement plus favorable qu’en février. L’indicateur qui le synthétise gagne un point à 104, au-dessus de sa moyenne de longue période. L’indicateur de climat des affaires est stable ou quasi stable dans les services, le commerce de détail, l’industrie manufacturière et le bâtiment. Il rebondit de 8 points dans le commerce de gros et se situe au-dessus de sa moyenne dans tous ces secteurs. Le climat de l’emploi s’améliore de nouveau un peu, après une progression plus marquée en février : l’indicateur gagne un point et, à 108, il est bien au-dessus de sa moyenne. Ce sont les services hors intérim qui provoquent cette embellie.

L’enquête de l’INSEE sur la confiance des ménages confirme cette amélioration, son indicateur gagnant un point. Le solde d’opinion des ménages quant à leur situation financière future gagne 2 points. La proportion des ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants augmente de 2 points et l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne s’améliore de nouveau ( +2 pts pour l’épargne actuelle, +1 pt quant à la capacité d’épargne future), elle se maintient ainsi au-dessus de sa moyenne ; En mars, la part des ménages qui considèrent que leur niveau de vie passé en France s’est amélioré au cours des 12 derniers mois augmente : le solde gagne 4 points alors que les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage demeurent au-dessous de la moyenne.

Aux États-Unis, révision du PIB du T4 à +2,2% vs +2,6% avec 2018 à 3% vs 3,1%, confirmant le ralentissement américain.

Autre confirmation, le ralentissement de l’inflation PCE – la mesure d’inflation préférée de la Fed– à 0,1% en janvier et 1,4% sur un an au plus bas depuis septembre 2016.

Le Conference Board US Consumer Confidence Index recule de 7,3 pts à 124,5, bien en-dessous du consensus de 132,5 et le 2nd plus faible niveau depuis un an, il contredit le même indicateur de l’Université du Michigan. Le recul est plus fort pour la situation actuelle (-12,2 pts) que pour les perspectives (-4 pts). Les consommateurs sont moins optimistes sur l’activité et l’emploi, mais un peu plus sur leurs revenus, ils pensent que les taux vont rester stables et sont moins nombreux à penser que les marchés actions vont monter. En conséquence ils sont plus nombreux à penser acheter une voiture (14,1%, 2ème chiffre le plus élevé de ce cycle) ou une maison (6,1% vs 5,4%).

Autre indicateur montrant la possibilité d’un retournement : le Netherlands Bureau for Economic Policy Analysis selon son enquête voit en janvier un rebond (+2,3% m/m) du commerce international, le 1er depuis octobre. Sur un an l’enquête est à l’équilibre (0%) contre -1,8ù pour la précédente. La fiabilité de cette enquête est forte mais il faudra là aussi attendre les prochains mois pour confirmer une inflexion.

Sur la semaine, les marchés clôturent en hausse : en Europe Stoxx600 +0,8%, EuroStoxx50 +1,4%, CAC40 +1,5%, DAX +1,4%, aux États-Unis S&P500 +1,2%, Nasdaq +1,2% mais en Asie Nikkei 225 -0,4% et Shanghai SE -0,4%. Ceci avec des taux toujours plus bas Bund à -0,10% et 10 ans US à 2,40% avec un € qui se déprécie face au $ à 1,1218.

Les secteurs défensifs du Stoxx600 sont en retard : Télécommunications -1,9%, Utilities -1,1% ainsi que les Banques -0,7% alors que les Matériaux de base +2,5%, la Consommation (HPC *1,9% et Agro-Alimentaire +1,7%) tirent le marché.

Seuls deux mouvements sur Micro Cap : Aymeric de retour de visites de sociétés en Finlande a vendu deux entreprises françaises sur publication, ABC Arbitrage et le logisticien Clasquin.

Le consensus des prévisions bénéficiaires continue de s’affaiblir pour les deux années à venir mais le rythme des révisions à la baisse semble cependant ralentir pour les Pays-Bas et les États-Unis et dans une moindre mesure pour l’Espagne et la France.

En Europe et pour le Stoxx600 la croissance annuelle des résultats attendue est de +8,4% pour 2019 et de +8,3% pour 2020. Aux États-Unis pour le S&P500 +3,2% pour 2019 et +9,4% pour 2020.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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