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Point Bourse Hebdomadaire du 25 mars 2019 : Fed et BCE : engagement résolu

Maintenant nous savons pourquoi. Les banques centrales ont bien analysé les répercussions progressives des conflits commerciaux, ce qui les amènent à un soutien de plus en plus franc des économies, ceci en Europe comme aux États-Unis ou en Chine. Partout la croissance économique est désormais en berne même si notre continent est plus affecté que les autres : la réunion de la Federal Reserve, ses attentes revues à la baisse en matière de croissance et d’inflation et son passage en 3 mois d’une politique restrictive à une politique de soutien de l’activité montrent qu’en se rapprochant de l’élection présidentielle les États-Unis seront de plus en plus affectés par le ralentissement global.

De quoi faire réfléchir le président Trump.

Affaiblie par la plus forte contraction de l’industrie manufacturière depuis 6 ans, l’expansion de l’Eurozone a ralenti au cours du mois affichant un rythme très modéré en mars. Si les dernières données de l’enquête PMI Flash Composite IHS Markit signalent une meilleure tenue du secteur des services, celui-ci continue néanmoins de traverser sa plus faible période de croissance depuis la fin 2016. La stagnation des carnets de commande et l’affaiblissement des perspectives d’activité ont par ailleurs conduit les entreprises à réduire les embauches.

L’indice PMI Markit Composite pour la zone € se replie de 51,9 en février à 51,3 en mars. Il affiche son 3ème plus faible niveau depuis novembre 2014.

Le volume des nouvelles affaires a stagné pour un 2ème mois consécutif en mars, après avoir légèrement reculé en janvier. Cette tendance s’est répercutée sur le volume des affaires en attente, celui-ci diminuant pour la 3ème fois en 4 mois et ce à son rythme le plus élevé depuis novembre 2014, témoignant de l’accumulation de capacités excédentaires. En conséquence, la croissance de l’emploi a ralenti et affiche son rythme le plus faible depuis septembre 2016.

Le volume global des nouvelles affaires a été tiré à la baisse par un nouveau repli marqué des ventes à l’export. Les nouvelles commandes à l’export reçues par les fabricants et les prestataires de services de l’Eurozone ont en effet reculé pour le 6ème mois consécutif enregistrant leur plus fort taux de contraction depuis novembre 2014.

Cette nouvelle détérioration de la croissance reflète principalement un renforcement de la contraction dans l’industrie manufacturière. L’indice PMI manufacturier se replie à son plus faible niveau depuis avril 2013, affaibli par une accélération de la baisse de la production et des nouvelles commandes. L’activité manufacturière enregistre son plus fort recul depuis près de 6 ans tandis que le volume des ventes des fabricants se replie à un rythme encore plus marqué que celui de la production, affichant sa plus forte contraction depuis décembre 2012. Cette dernière tendance résulte de la plus forte baisse des exportations depuis août 2012.

En conséquence l’emploi manufacturier a quasiment stagné en mars, plus faible hausse des effectifs depuis plus de 4 ans.

Le secteur des services a mieux résisté, la croissance ne ralentissant que marginalement par rapport à février et se maintenant au-dessus des niveaux observés en décembre et janvier. Le taux d’expansion demeure toutefois bien inférieur à celui du printemps dernier et reste faible au regard de sa moyenne 2018.

Si le volume des nouvelles affaires reçues par les prestataires de services a légèrement augmenté en mars, les nouvelles affaires à l’export ont enregistré leur plus fort repli depuis la fin de l’année 2014. Parallèlement, les affaires en attente ont reculé pour la 2ème fois en 3 mois, tendance contribuant à une modération de la croissance de l’emploi. Le taux de création de postes se replie à son plus bas niveau depuis un peu plus de 2 ans.

Les données de l’enquête mettent en évidence une détérioration des perspectives d’activité au cours du mois. Si la confiance des entreprises affiche un niveau supérieur à ceux de décembre et janvier, elle reste parmi les plus faibles depuis la fin 2014. Se repliant à son plus bas niveau depuis décembre 2012, le degré d’optimisme est particulièrement faible chez les fabricants. Cet amenuisement de la confiance reflète les inquiétudes liées aux récentes prévisions de ralentissement de la croissance. De nombreuses entreprises se disent préoccupées par l’incertitude politique croissante, les guerres commerciales et le Brexit, tandis que la faiblesse actuelle du secteur automobile continue de peser.

En Allemagne, l’activité enregistre sa plus faible croissance depuis juin 2013, cette tendance résultant d’une 3ème baisse mensuelle consécutive du volume des nouvelles affaires. Si la croissance du secteur des services est restée solide, la production manufacturière enregistre son repli le plus fort depuis août 2012. Les fabricants allemands signalent la plus forte baisse de leurs nouvelles commandes depuis le pic de la crisse, avril 2009, tandis que les arriérés de production reculent pour le 5ème mois consécutif et que les perspectives d’activité à 12 mois se détériorent, la croissance de l’emploi chute à un plus bas de 34 mois.

En France, après avoir rebondi grâce à un essoufflement du mouvement des « gilets jaunes » l’activité se replie pour la 3ème fois en 4 mois sous l’effet de la 4ème baisse mensuelle consécutive des nouvelles affaires, entraînant une quasi stagnation des effectifs.

Dans le reste de l’Eurozone en revanche, la croissance de l’activité s’est accélérée pour afficher son taux le plus élevé depuis septembre 2018. Cette tendance repose sur un rebond du secteur des services qui enregistre sa plus forte expansion depuis 8 mois. Affaiblie par une 3ème baisse mensuelle  des nouvelles commandes, la production manufacturière a stagné, mettant fin à la période de croissance continue enregistrée depuis septembre 2013.

Selon Chris Williamson, chef économiste à IHS Markit, les dernières données de l’enquête affichent un niveau conforme à une croissance modeste de 0,2% et les indicateurs d’activité prospectifs suggèrent la possibilité d’un nouveau ralentissement au T2, le volume du travail en attente affichant son plus fort recul depuis novembre 2014 et les entreprises limitent les embauches et révisent à la baisse leurs projets d’investissements.

Le rebond des perspectives sur l’indice allemand ZEW (-3,6 vs -13,4), comme celui, très modeste (-7,2 vs -7,4) de l’indice de confiance des consommateurs en Eurozone de la Commission Européenne viennent toutefois tempérer ces PMI très négatifs, comme les données la semaine précédente de l’INSEE pour la France.

Il ne faut cependant pas oublier la grande fiabilité des indices PMI.

Si les PMI européens ont été une surprise vendredi, nous en avions eu une autre mercredi lors du meeting du FOMC (Federal Open Market Committee) de la Federal Reserve. La banque centrale américaine, à croire qu’elle connaissait déjà les chiffres que les PMI nous apporterons deux jours plus tard, a changé sa politique monétaire pour lui donner un tour beaucoup plus accommodant.

L’explication est à chercher dans la dégradation de la croissance dans le reste du monde et de ses répercussions sur l’économie américaine par le freinage de la demande extérieure. Entre décembre 2018 et mars 2019 l’ampleur des révisions des prévisions de croissance et d’inflation par les membres du FOMC entraîne un virage rapide de sa politique monétaire :

  1. Les membres du FOMC considèrent que le niveau actuel des taux directeurs est approprié pour 2019 alors qu’en décembre ils prévoyaient deux hausses.
  2. La Fed annonce qu’à partir de mai la réduction de la taille de son bilan sera de 15 milliards $ /mois au lieu des 30 prévus jusqu’ici et que cette opération se terminera en septembre, ce qui n’était pas prévu.
  3. La Fed a abaissé ses prévisions de croissance et d’inflation. Pour l’inflation PCE de 1,9% à 1,8% pour 2019 et de 2,1% à 2% pour 2020 et 2021. Pour la croissance de 2,3% à 2,1% pour 2019 et de 2% à 1,9% pour 2020. En conséquence le taux de chômage est modestement relevé à 3,7% en 2019 et 3,8% en 2020.
  4. La Fed a donc révisé ses prévisions et continue de noter que les incertitudes internationales et financières sont élevées.

De tout cela d’autres considérations plus générales, mais qui posent cependant des questions sérieuses aux banques centrales, en résultent. Après la Bank of Japan (BoJ), la Banque Centrale Européenne (BCE), la Federal Reserve américaine admet qu’au cours de ce cycle son objectif d’inflation de 2% ne sera pas atteint : partout il y a japonisation.

La conséquence des décisions de la Fed est lourde pour les marchés de taux, leur normalisation est reportée sine die, les tresuries ont fortement baissé cette semaine, mouvement que les PMI ont accentué et le taux du Bund (10 ans allemand) est devenu négatif (-0,015%). La courbe des taux américains s’est inversée entre le 3 mois et le 10 ans ce qui est un des meilleurs indicateurs avancé de récession de 9 à 24 mois plus tard.

L’IHS Markit Flash US PMI publié vendredi a conforté les analyses de la Fed avec le composite, bien plus haut que les PMI européens, mais en net recul cependant à 54,3 vs 55,5 en février et la production manufacturière à 51,6 vs 52,7 en février, un plus bas de 33 mois qui montre bien que l’industrie américaine n’est pas épargnée par le ralentissement de l’économie globale, et notamment son secteur manufacturier. Les nouvelles commandes sont en fort recul, comme les créations de postes dans l’industrie, ce qui était une promesse électorale du président.

Dans l’autre sens, les reventes de logements dont le récent déclin a été exacerbé par le « shutdown » ont nettement rebondi en février pour atteindre leur plus haut niveau depuis 11 mois. Le prix médian des logements a augmenté de 3,6% sur un an à 249 500$.

Les marchés clôturent la semaine en baisse, en Europe Stoxx600 -1,33%, EuroStoxx50 -2,4%, DAX -2,8% et CAC40 -2,5%, aux États-Unis Dow -1,3%, S&P500 -0,9%, Nasdaq -0,7% et avant la publication des Pmi l’Asie avait résisté Nikkei 225 +1,6% et Shanghaï SE +2,7%.

Au niveau sectoriel (Stoxx600) après un bon début de semaine (rapprochement Deutsche Bank/Commerzbank) les Banques finissent logiquement en fort repli (-3,6%) comme les Assurances et l’Automobile (-2,8%). Les Utilities +1,2% et la Distribution +0,9% font office de refuges.

FCP Mon PEA a bien résisté dans la baisse cette semaine mais nos autres fonds ont suivi leurs indices, Mid Cap gardant une belle avance.F

Les consensus JCF/FactSet des prévisions bénéficiaires sur le Stoxx600 et le S&P500 sont toujours révisés à la baisse. Sur 3 mois et pour l’indice européen de -3,7% pour 2019 et de 4% pour 2020 qui amènent la croissance annuelle attendue à +8,2% pour 2019 et 2020. Sur 3 mois pour indice américain de -3,8% pour 2019 et de -2,8% pour 2020 qui amènent la croissance annuelle attendue à +3,3% pour 2019 et +9,4% pour 2020.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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