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Point Bourse Hebdomadaire du 18 mars 2019 : Prudence des banques centrales Et Rebond des marchés

Les marchés ont à nouveau progressé cette semaine. Cette fois-ci ils ont été rassurés par le report du Brexit et, les données macro publiées faisant état d’un ralentissement économique en Asie, en Europe et aux États-Unis, la confirmation du biais de plus en plus accommodant des banques centrales.

La hausse des marchés s’explique aussi non par les flux de souscription/rachat qui restent négatifs, mais par la course après le marché de nombreux gérants qui ont abordé 2019 avec une allocation trop prudente. A l’approche de la fin du T1 et des relevés qui vont avec cette échéance ils sont obligés de se réexposer pour ne pas avoir l’air à la rue sur la photo du 31 mars qu’ils devront envoyer à leurs clients.

Cependant des premiers signaux un cran plus rassurants que ceux de la fin 2018 commencent à apparaître, sans pour autant infléchir la tendance au tassement de l’activité. A l’exception de l’Allemagne où le secteur automobile, qui représente plus de 20% de l’activité manufacturière, reste dans la tourmente, un rebond de la production industrielle est observé en Eurozone (-1,1% en glissement annuel vs -2,1% attendu et -4,2% en décembre). La publication des 1ères estimations des indices PMI manufacturiers de mars dès la fin de cette semaine pourrait donner plus de visibilité à ce début d’amélioration.

Sur le fond, les investisseurs restent prudents sur le cycle de croissance européen et, partant, sur la capacité de la BCE de modifier cette année sa politique monétaire et de s’engager comme elle le prévoyait il y a un an dans un cycle de relèvement de ses taux directeurs. Ceci se manifeste clairement au travers de la faiblesse des taux des emprunts d’état européens avec un 10 ans allemands à 0,08%.

En matière d’allocation d’actifs, cela conduit à 2 analyses : la première est qu’à ces niveaux de rendement il ne peut plus y avoir grand chose à gagner sur les marchés obligataires, la seconde est qu’après avoir déjà loupé une part importante de la hausse intervenue depuis le début de l’année, les investisseurs se trouvent devant une situation où la baisse des taux rend la valorisation relative des marchés actions plus attractive !

Mais l’amélioration de l’environnement économique ne pourra se faire que graduellement et il est probable que le ralentissement conjoncturel se poursuive encore plusieurs mois, le temps que les facteurs de soutien se mettent en place :

  1. Amélioration de la consommation des ménages soutenue par les salaires,
  2. Relance budgétaire des états,
  3. Faiblesse extrême des taux longs pour l’investissement des entreprises et des ménages
  4. Meilleure visibilité sur les questions politiques, Brexit et élections européennes, et le protectionnisme,
  5. Faiblesse de l’Euro.

Après le « shutdown », la lecture de la conjoncture économique américaine reste encore compliquée alors que des incertitudes apparaissaient déjà avant cette période perturbée.

Nous avons choisi de mettre de l’avant cette semaine le Small Business Economic Trends de la NFIB (National Federation of Independent Business) compte tenu de sa bonne couverture de l’Amérique profonde et de l’importance que lui accorde le président puisqu’il s’agit pour une bonne part de son électorat. En février, la composante Optimism Index s’améliore modestement, de 0,5 pt à 101,7, mais elle reste très éloignée des plus hauts de ces dernières années, au-dessus de 107 de façon presque continue de novembre 2017 à octobre 2018. Le commentaire officiel de William C. Dunkelberg, chef économiste et de Holly Wade, directrice de la recherche, est le suivant :

« En décembre, presqu’un million de fonctionnaires ont su qu’ils seraient vraisemblablement mis au chômage et non payés. Même s’ils savaient  qu’il était probable qu’ils le seraient par la suite, ils ignoraient quand. En conséquence et en l’absence de revenus, ces consommateurs ont réduit leurs traditionnelles dépenses exubérantes de la période des fêtes. En plus de cela des milliers de fournisseurs de l’état n’ont pas été payés et ont du mettre au chômage leurs salariés, cette fois sans espoir pour ceux-ci d’être payés avec un décalage dans le temps. Si on ajoute à cela l’incertitude causée par le long « shutdown », c’est sans surprise qu’il y a eu un ralentissement significatif de la consommation en décembre, le plus fort recul depuis 2009. L’optimisme est en partie revenu par rapport à son niveau très déprimé de janvier. Les indicateurs manufacturiers sont devenus plus positifs. L’indice NAHB Homebuilders (National Association of Home Builders) est en hausse depuis deux mois et à nouveau demandes de permis de construire et mises en chantier se redressent. Dans l’ensemble, le monde de la petite entreprise semble repartir.

Mais il y a encore des incertitudes, telles que celles causées par le niveau du $ et les politiques commerciales. Interrogés sur le fait de savoir si les négociations commerciales en cours avaient impacté leur activité, 28% des entreprises répondent oui et négativement et 9% très négativement. Seuls 5% y voient un effet positif. Les réponses varient suivant les secteurs : 64% des entreprises agricoles reportent un effet négatif (alors que ce sont souvent des électeurs de DT, JFG), 57% chez les grossistes et 41% pour la construction et les entreprises manufacturières. Les taxes sont principalement payées par les consommateurs et leurs coûts traversent toutes les chaînes de fabrication et distribution jusqu’à l’achat final. L’espoir est que ces coûts se transformeront en investissements au travers de nouveaux accords commerciaux. »

On ne peut pas dire mieux.

Pour le reste, les publications américaines demeurent toujours aussi contradictoires.

Une faible, trop faible inflation en février qui amène l’indice des prix à +1,5% sur un an. Une production industrielle à +0,1% en février, sous les attentes (+0,4%) après le recul de -0,4% de janvier, mais sur un an la progression (+3,9%) est satisfaisante. L’indicateur anticipé Empire State (New York & New Jersey) de mars recule sensiblement (-5,1pts à 3,3) il est au plus bas depuis mai 2017 et il confirme un ralentissement du momentum industriel comme d’autres indices régionaux après une très forte année 2018.

Par contre les dépenses de construction aux États-Unis ont augmenté de 1,3% en janvier, leur plus forte hausse depuis 9 mois, l’investissement dans des projets publics atteignant son plus haut niveau depuis plus de 8 ans.

Selon le Département du Commerce, les dépenses de construction publiques ont progressé de 4,9% pour atteindre leur plus haut niveau depuis septembre 2010. Il s’agit de leur plus forte hausse en pourcentage sur un  mois depuis mars 2004. Les dépenses privées ont rebondi parallèlement de +0,2% et celles concernant des projets résidentiels privés ont baissé de 0,3%, leur 6ème baisse consécutive.

Sur la semaine, les marchés clôturent en hausse sur toutes les zones géographiques : S&P500 +2,9%, Nasdaq +3,7%, Stoxx +2,8%, EuroStoxx50 +3,1% et CAC40 +3,3%.

Pour la 1ère fois depuis, bien longtemps, tous les secteurs du Stoxx600 sont en hausse : Technologie +4,3%, Services Financiers +4,2%, Banques +3,9% en tête, Utilities +1,2%, Agro-Alimentaire +1,3% et Distribution +1,8% en queue.

Spie (+19,1% et dans Erasmus Mid Cap Euro) affiche la plus forte hausse de la semaine après la publication de ses résultats annuels qui confirment une très bonne santé. GEA Group AG (+14,6% et de retour dans Mid Cap) a été recherché après la publication de ses résultats 2018 et des promesses de réorganisation en profondeur. Et Airbus (+4,4% dans FCP Mon PEA) affiche son plus haut niveau historique, grâce notamment aux déboires de son rival Boeing (-5,6%) qui subit de multiples interdictions de vol d’un de ses derniers modèles, le Boeing 737 Max8.

Nos fonds suivent bien et même avec un peu d’avance pour Erasmus Mid Cap Euro en hausse de plus de 15% depuis le début de l’année.

Quelques mouvements cette semaine : pour FCP Mon PEA la vente d’Essilor-Luxottica et le retour de SOITEC, comme déjà indiqué, c’est GEA Group AG qui revient dans Mid et la vente de For Farmers BV pour Erasmus Small Cap Euro.

En ce qui concerne le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 et le S&P500 nous attirons votre attention sur le fait que nous glissons d’une année pour nous intéresser maintenant à 2019 et 2020.

En Europe, la tendance aux révisions à la baisse semble se calmer : sur un mois, stabilité sur 2019 et -0,1% sur 2020. La croissance annuelle attendue est de +8,7% pour 2019 et +8,2% pour 2020. Pour 2019 les trois secteurs les plus révisés à la hausse sont Metals & Mining +4,5% sur un mois, Food Retail +2,2% et Aerospace/Defence +2%, Automotives -1,9% et IT Services -4,6% (Wirecard) sont les plus révisés à la baisse. Aux États-Unis où par contre les révisions à la baisse continuent (2019 -0,5% sur un mois et -0,3% pour 2020), la croissance annuelle attendue pour 2019 est à +3,4% et à +9,4% pour 2020.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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