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Point Bourse Hebdomadaire du 4 février 2019 : Quelques lueurs d’espoir

Dans des économies européennes toujours sur la voie du ralentissement, quelques lueurs d’espoir commencent à apparaître, en France en particulier. Pas encore de quoi annoncer que la phase de recul de l’activité est surmontée mais assez pour espérer que dans 6 mois la situation se sera améliorée.

Dans le même temps, les publications des résultats 2018 des entreprises entretiennent la prudence et la sélectivité. Si certains secteurs, comme le luxe, semblent avoir bien résistés, la tendance générale est toujours à la baisse des attentes pour 2018 et plus encore pour 2019.

La conjoncture n’enregistre qu’une très faible amélioration dans le secteur manufacturier de l’Eurozone, l’indice PMI final IHS Markit manufacturier se replie de 51,4 en décembre à 50,5, c’est le 6ème mois consécutif de recul et le plus faible niveau depuis novembre 2014.

L’indice manufacturier est à 55,1 pour les Pays-Bas, la Grèce à 53,7, l’Autriche à 52,7, l’Irlande à 52,6, l’Espagne à 52,4, la France à 51,2, l’Allemagne à 49,7 et l’Italie à 47,8.

Le secteur des biens intermédiaires a enregistré une nouvelle contraction en début d’année tandis que celui des biens d’équipement s’est replié pour la 1ère fois depuis juillet 2013. En revanche, les biens de consommation ont à nouveau enregistré une forte croissance en janvier.

Ce sont les 4 principales économies de la zone euro qui ont enregistré les plus faibles performances en janvier. En Allemagne notamment l’indice PMI s’est replié sous la barre des 50 pour la 1ère fois depuis plus de 4 ans alors que la contraction s’est renforcée en Italie.

Si les données de janvier indiquent de faibles croissance en France et en Espagne, ces deux pays sont cependant les seuls à enregistrer un taux d’expansion supérieur à décembre. La croissance a en revanche ralenti dans les autres pays avec un plus bas de deux ans et demi aux Pays-Bas, en Autriche et en Irlande.

Le volume des nouvelles commandes a diminué pour le 4ème  mois consécutif. Le taux de contraction atteint son plus haut niveau depuis avril 2013, la demande diminuant tant sur les marchés intérieurs que sur les marchés à l’export.

Malgré la baisse des nouvelles commandes, les fabricants ont de nouveau renforcé leurs effectifs en janvier. Si le taux de création de postes reste élevé, il se replie toutefois à son plus faible niveau depuis septembre 2016. Les fortes croissances de l’emploi en Allemagne, en Autriche, en Grèce et en Irlande contrastent fortement avec la tendance observée en Italie où les fabricants signalent des destructions de postes pour le 1ère fois depuis plus de 4 ans.

Enfin, le degré de confiance s’est renforcé, se redressant par rapport au plus bas de 6 ans enregistré en décembre mais restant nettement inférieur à sa moyenne. Les fabricants se disent préoccupés par les tensions commerciales internationales et l’évolution de la situation politique en Europe.

Les fabricants français ont indiqué en avoir renforcé leurs effectifs pour la 1ère fois depuis octobre dernier. Si le taux de croissance de l’emploi reste modéré, il affiche toutefois son plus haut niveau depuis 4 mois.

Parallèlement, les répondants français ont indiqué une reprise de leur activité achats en janvier, le taux d’expansion atteignant son plus haut niveau depuis 4 mois.

Enfin, pour les fabricants français, les perspectives d’activité à 12 mois affichent leur plus haut niveau depuis 6 mois. Les entreprises anticipant une hausse de leur activité fondent leur optimisme sur des projets de développement de nouveaux produits.

Ces observations des fabricants français sont cohérentes avec l’enquête de l’INSEE sur la confiance des ménages en janvier. Après s’être nettement dégradée en fin d’année 2018, la confiance des ménages se redresse, son indicateur gagne 5 pts et retrouve son niveau de novembre 2018, il demeure toutefois au-dessous de sa moyenne de longue période.

La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants se redresse nettement et le solde d’opinion quant à leur situation financière rebondit comme celui sur leur capacité d’épargne. La part des ménages qui considèrent que le niveau de vie futur en France s’améliorera au cours des 12 prochains mois augmente de manière marquée.

Par contre l’Economic Sentiment Indicator (ESI) de la Commission Européenne se dégrade à 106,2 en janvier vs 107,4, 13ème recul consécutif et plus bas de 26 mois. Il se redresse de 100,5 à 101 pour la France mais recule en Allemagne, Italie, Irlande et Pays-Bas. L’ESI s’améliore pour le moral des ménages et le secteur construction mais se dégrade pour industrie, distribution et services. Les craintes d’inflation sont à un plus bas de 13 mois.

Le PIB de l’Eurozone est ressorti à +0,2% au T4, comme au T3. La France, +0,3%, a fait mieux qu’attendu, comme l’Espagne +0,7% et l’Autriche +0,4% mais l’Italie, -0,2% après -0,1% tombe en récession. Dans l’ensemble cette publication a été plutôt une bonne surprise même s’il convient de ne pas s’emballer trop vite car les inquiétudes sur la croissance chinoise demeurent, les conflits commerciaux n’ont pas encore abouti à un accord et les risques liés au Brexit sont encore devant nous.

Une fois de plus se sont les États-Unis qui rassurent.

L’IHS Markit final US Manufacturing s’établit à 54,9 en janvier vs 53,8 en décembre, il est conforté par l’ISM Manufacturier aussi en nette hausse (56,6 vs 54,3), avec le sous indice des commandes nouvelles qui bondit à 58,2 vs 51,3 !

Le rapport sur l’emploi du Bureau of Labor Statistics/ Haver Analytics a également surpris favorablement avec la création de 304 000 emplois et des salaires horaires en hausse de plus de 3% sur un an pour le 4ème mois consécutif, ceci en dépit du shutdown :

  1. La création de 304 000 postes en janvier est proche du double des attentes (consensus 165 000)mais les gains de décembre ont été sévèrement révisés à la baisse (222 000 vs 312 000).
  2. Le taux de chômage remonte à 4% vs 3,9% pour cause de shutdown.
  3. Le taux de participation progresse à 63,2% vs 63,1%.
  4. Le taux de participation pour les « prime working age persons » (25-54 ans) à 82,6% vs 82,3%, est au plus haut depuis avril 2010.
  5. Le salaire horaire moyen progresse de 3,2% sur un an, 1% au-dessus de l’inflation, point positif pour la consommation.

Tout ceci incite une fois de plus à l’optimisme pour l’économie américaine en 2019 bien que l’histoire montre qu’en juillet le cycle d’expansion américain dans lequel nous sommes deviendra le plus long depuis la 2nde guerre mondiale, le précédent étant mars 1991- mars 2001. Les cycles économiques ne meurent pas de vieillesse, ils meurent de leurs excès et les signes classiques de ces excès sont :

  1. Une banque centrale obligée de remonter vivement ses taux directeurs pour lutter contre l’inflation.
  2. Une bulle financière et d’investissement dans un secteur d’activité important (technos, subprimes).
  3. Une crise pétrolière avec embardée des prix de l’énergie.

Aucun de ces signes inquiétants ne clignotent au rouge; les prévisions d’inflation se détendent, permettant à la Fed de ralentir son programme de normalisation, les secteurs cycliques se reprennent sans aucun signe de surchauffe et l’exploitation du gaz de schiste a stabilisé les prix de l’énergie.

C’est ce qui a permis cette semaine à Jay Powell, chairman de la Federal Reserve, d’indiquer de substantiels changements dans la stratégie de la banque centrale par rapport à son communiqué de décembre 2018 :

  1. La Fed laisse ses taux inchangés à 2,25-2,50%.
  2. La Fed a retiré de son communiqué la phrase indiquant que de nouvelles hausses de taux seraient appropriées.
  3. La Fed normalisera la taille de son bilan, mais laissera aux banques d’amples réserves. Ce sont les taux directeurs et non la réduction de la taille du bilan qui sont le reflet de la politique monétaire.
  4. Aussi, la normalisation du bilan de la Fed sera terminée plus rapidement qu’attendu et à une taille plus haute que les attentes d’aujourd’hui.
  5. En conséquence, le programme de réduction et de cession d’actifs sera ajusté à la lumière de la situation économique et financière.

Les marchés ont terminé la semaine en hausse soutenus par le changement de politique de la Fed, les développements supposés constructifs sur le front commercial ainsi qu’une actualité micro et macro positive.

Les indices américains ont fortement progressé, S&P500 +1,8%, Dow +1,5% et Nasdaq +1,6%. En Europe Stoxx600 +0,5%, EuroStoxx 50 +0,2%, mais le DAX a reculé de -0,9% (effet Wirecard) et le sud de l’Europe a été affecté par l’entrée en récession de l’Italie, MIB –1,2% et IBEX -1,8%. Dès lors, c’est le CAC40 qui a enregistré la meilleure performance en Eurozone avec +1,9%.

Le secteur des Matières Premières (+3,7%) affiche la meilleure performance du Stoxx600 suite aux avancées des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine.

A l’inverse, le secteur Banques (-3,6%) affiche la plus mauvaise performance après les commentaires des banques centrales (Fed et BCE) qui ont toutes deux repoussé lors de leurs interventions les hausses de taux à un horizon plus éloigné. Les mauvaises publications de Banco Sabadell (-15,9%) et de Caixabank (-10%) et les nouvelles révélations sur les irrégularités de Metro Bank (-16,7%). Par ailleurs, sur la semaine Wirecard, composante du DAX, a enregistré le plus fort recul du Stoxx (-35,2%) après des révélations par le Financial Times que le responsable des paiements Asie-Pacifique aurait falsifié des documents puis la confirmation par un cabinet juridique de l’implication de l’entreprise dans un scandale d’opérations financières frauduleuses à Singapour.

Les consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen et le S&P500 américain continuent leurs tendances de fortes révisions à la baisse. En Europe la croissance annuelle attendue est de +6,9% pour 20108 et de 707ù pour 2019 (vs +8,5% le 21/12/2018). Aux États-Unis la croissance annuelle 2018 est attendue à +17,7% et à +3,6% pour 2019 (vs +6% le 21/12/2018).

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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