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Point Bourse Hebdomadaire du 24 septembre 2018 : Nous le craignions !

Après le ralentissement du S1, la plupart des économistes attendait un rebond au S2. Le T3 est maintenant presque terminé et il faut être clair : ni l’économie globale ni l’économie européenne ne prennent le chemin d’un rebond. Cette semaine les indices Markit PMI nous le montrent sans ambiguïté.

Selon nos analyses, le changement éventuel de tendance, dans un sens ou dans l’autre, n’interviendra sans doute pas avant que les mid term élections américaines du 6 novembre aient apporté leur éclairage. Alors une inflexion pourrait avoir lieu mais elle ne se traduirait pas dans les investissements, la production et la croissance avant les T1-2 2019.

 L’indice PMI IHS Markit Composite pour la zone euro se replie de 54,5 en août à 54,2 en septembre. S’il reste nettement supérieur à la barre des 50, il affiche son plus faible niveau depuis novembre 2016 après celui de mai dernier.

La croissance du volume des nouvelles affaires et celle du travail en cours ralentissent, enregistrant leurs plus faibles taux depuis septembre et octobre 2016. En revanche, malgré un léger ralentissement par rapport à août, le taux de création d’emplois continue d’afficher un niveau élevé, proche d’un pic de 18 ans.

C’est un repli dans l’expansion manufacturière qui a freiné la croissance de l’Eurozone en septembre. La production des fabricants enregistre sa plus faible hausse depuis mai 2016 tandis que l’expansion du volume des nouvelles affaires affiche son rythme le plus faible depuis février 205, freiné par la 1ère stagnation des ventes à l’export depuis juin 2013.

L’affaiblissement de la hausse des nouvelles commandes permettant aux entreprises de traiter les affaires en cours, les arriérés de production diminuent pour la 1ère fois depuis janvier 2015. Cette tendance se répercute sur les décisions d’embauche, l’emploi affichant sa plus faible croissance depuis plus de 18 mois.

Dans le secteur des services en revanche, la hausse de l’activité s’accélère pour le 2ème mois consécutif. Si le taux d’expansion reste nettement inférieur à celui du début de l’année, il affiche un plus haut de 3 mois et l’emploi connaît sa croissance la plus forte depuis octobre 2007. Le ralentissement du volume des nouvelles affaires et celui du travail en cours risquent cependant d’entraîner un repli de la hausse de l’activité et de l’emploi au cours des mois à venir.

Les perspectives d’activité à 12 mois s’améliorent en septembre, soutenues par un regain d’optimisme dans le secteur des services. Les entreprises manufacturières font elles état de plus faibles perspectives de croissance depuis près de 4 ans.

Les données par pays mettent en évidence un ralentissement de la croissance en Allemagne et en France bien que leurs rythmes d’expansion soient supérieurs à celui du reste de la région qui est proche d’un creux de deux ans.

L’expansion de l’activité et celle du volume des nouvelles affaires ralentissent en Allemagne, entraînant une légère décélération des créations de postes. Le taux de croissance de l’activité pour le T3 s’est toutefois redressé par rapport au T2. L’expansion enregistrée en septembre repose sur le secteur des services qui connaît sa plus forte hausse depuis 8 mois, portée par l’augmentation du volume des nouvelles affaires la plus marquée depuis juin  2011 et accompagnée des plus fortes créations de postes depuis juin 2007. En revanche, dans le secteur manufacturier, la production fléchit, sa croissance est au plus bas depuis avril 2016 tiré à la baisse par la plus forte réduction des commandes à l’export depuis juin 2013.

Les données PMI pour la France reflètent les plus faibles hausses de l’activité et du volume des nouvelles affaires depuis la fin 2016 mais la croissance de l’emploi reste solide. Ici aussi le ralentissement est plus important dans l’industrie manufacturière que dans les services. Affaiblie par une nouvelle baisse des exportations, la production affiche une croissance quasi nulle en septembre ;

Dans le reste de la zone, le taux d’expansion ne se redresse que très légèrement par rapport au creux de 22 mois enregistré en août.

Chris Williamson, chef économiste à IHS Markit, commente :

« Affaiblie par une quasi stagnation des exportations, la croissance de la zone euro s’est repliée en septembre, la région enregistrant ainsi sa plus faible expansion depuis près de 2 ans.

Les guerres commerciales, le Brexit, le ralentissement de la demande mondiale, une aversion croissante pour le risque, les déstockages et la montée des incertitudes politiques, tant dans la zone euro que dans le reste du monde, ont contribué à l’affaiblissement de la demande.

Ce ralentissement s’est heureusement limité au secteur manufacturier. Grâce au dynamisme du secteur des services, dont l’expansion repose sur la demande intérieure, elle-même portée par de fortes créations d’emplois, les données de l’enquête indiquent une croissance économique de la zone de 0,5% au T3.

Toutefois, le fort ralentissement de la hausse des nouvelles affaires et du volume du travail en attente par rapport à leurs rythmes du début de l’année, la croissance quasi nulle des exportations et la relative faiblesse du taux de confiance exposent la zone euro à d’importants risques baissiers. »

Sans surprise, la confiance des consommateurs a égaiement reculé en zone euro en septembre de -1,9 en août à -2,6, un plus bas de 16 mois mais un niveau qui reste bien au-dessus de sa moyenne de -11,8. Ainsi, et sauf forte hausse des prix de l’énergie, la consommation devrait rester à un niveau élevé car la situation de l’emploi continue à s’améliorer.

Il y a aussi ralentissement aux États-Unis où l’IHS Markit Flash US Composite PMI passe à 53,4 en septembre vs 54,7 en août, au plus bas depuis avril 2017. Là, le secteur manufacturier progresse un peu mais ne compense pas le secteur des services. Contrairement à la zone euro, les nouvelles commandes augmentent ainsi que les créations de postes, au plus haut depuis mai 2015, tirées par un rebond des ouvertures de postes chez les prestataires de services.

Les perspectives d’activité à 12 mois tombent à leur plus faible niveau de 2018 et le second plus faible depuis 2 ans, l’optimisme se détériorant tant dans le secteur manufacturier que dans les services.

Le Philadelphia Fed manufacturing rebondit de 11 pts à 22,9 en septembre, après un recul de 13,8 en août, mais les chefs d’entreprises sont un peu moins optimistes sur leur activité à 6 mois (36,3 vs 38,8).

L’immobilier, un des rares secteurs où l’inquiétude montait ces derniers mois, a rassuré. La NAHB (National Association of Houses Builders) a publié un indice de confiance stable à 67 en septembre, les professionnels étant plus optimistes sur les ventes de logements individuels (74 vs 73 en août) et quant à leur opinion sur les ventes à un horizon de 6 mois (74 après 72).

Les mises en chantier, qui restaient à la traîne, ont augmenté de 9,2% selon le département du Commerce. La statistique est par nature irrégulière et peut donner lieu à d’importantes révisions. La hausse d’août est le fait du segment des immeubles d’habitation, un segment particulièrement volatil qui enregistre un bond de 29,3%. En revanche le nombre de demandes de permis de construire a diminué de 5,7%.

Les reventes de logements sont restées stables en août mais le stock de logements mis en vente a augmenté pour la première fois depuis 3 ans selon la NAR (National Association of Realtors). Par rapport à août 2017, les reventes de logements accusent un repli de 1,5%.

La publication américaine la plus importante est peut-être celle, trimestrielle, dont personne n’a parlé. La Fed a publié son rapport sur les comptes des ménages au T2 : la richesse des ménages a augmenté de 2,2 trillions $ sur un trimestre à 106,9 trillions $. C’est un important facteur favorable pour la consommation. Sur un an la hausse est de 8,6 trillions $ alors que celle des dettes est de 0,5 trillion $. Compte tenu de la hausse du S&P 500 de 7,5% depuis le début du T3, la richesse des ménages devrait encore largement s’accroître ce trimestre.

En plus de la progression de leurs actifs, les ménages bénéficient d’une solide croissance de leurs revenus disponibles (3% sur un an) et s’attendent à voir ceux-ci croître compte tenu des tensions sur le marché du travail ; Tout ceci doit favoriser la consommation dans la très importante période des achats de fin d’année.

Le ratio patrimoine/revenu atteint un nouveau record, à 7 années, le pic d’avant crise était de 6,4 années, ce qui n’empêche pas le taux d’épargne de rester à un niveau élevé (près de 7%) pour les États-Unis.

 Les flux de souscriptions sur les produits collectifs pour la semaine au 18 septembre montrent un retour massif sur les actions, américaines principalement, en dépit de la persistance des tensions commerciales, des inquiétudes sur certains pays émergents et des interrogations sur la cohésion de l’Eurozone.

Les fonds dédiés aux actions ont bénéficié d’entrées nettes à hauteur de 13,9 milliards$ sur la période dont 14,5 milliards$ sur les seuls fonds investis en actions américaines selon EPFR Global.

En revanche, les fonds dédiés aux actions européennes ont subi des retraits à hauteur de 1,2 milliard$ et sur 27 des 28 dernières semaines.

Les sorties sur les fonds en actions émergentes ont été limités à 700 millions$ tandis que ceux investis en dettes émergentes ont enregistré leurs plus fortes entrées nettes en 8 semaines à 500 millions$.

Les entrées sur les fonds en actions japonaises n’ont pas dépassé 300 millions$.

Dans ce contexte de net regain de l’appétit pour le risque centré sur les États-Unis, la collecte nette des fonds obligataires est restée limitée (700 millions$) et les fonds dédiés aux métaux précieux ont subi des rachats pour une 8ème semaine consécutive de 400 millions$.

Semaine de fort rebond donc sur les marchés actions : Stoxx600 +1,7%, CAC40 +2,65%, et pour l’€ à 1,174 (+1,02%) et le pétrole (Brent à 78,87$ +1%).

Le secteur des Matières Premières (+7,3%) affiche la meilleure performance de la semaine grâce à Rio Tinto (+8,5%) et BHP Billiton (-9,6%), il est suivi de l’Automobile (+4,6%), des Banques (+4,1%), de la Chimie (+3,7%) et de l’Assurance (+3,5%). L’Immobilier (-1%), les Médias (-0,5%) et la Santé (-0,4%) ne participent pas au mouvement haussier.

Erasmus Mid Cap Euro et Erasmus Micro Cap Euro ont bien suivi les indices alors que FCP Mon PEA et Erasmus Small Cap Euro enregistrent un retard fréquent dans de vives hausses.

FCP Mon PEA se repondère sur les Services Financiers par l’achat d’Amundi dont le T3 ne devrait pas décevoir, cet achat est financé par la vente d’Essilor , avec une belle plus value, car ce secteur pourrait être moins porteur. Pour Mid Cap Frédéric a cédé Eurofins Scientifics (voir raisonnement ci-dessus) également avec une belle plus value pour revenir sur FNAC Darty qui a fortement chuté. Small Cap a cédé Atari, une toute petite position peu liquide, et ouvert une ligne sur l’entreprise allemande Basler AG que Vinzent Sperling rencontre lundi à Munich. Aymeric pour Micro Cap a cédé B&C Speakers et M1 Kliniken.

Pour l’Europe et le Stoxx600, le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/Factset, toujours révisé à la baisse, attend une croissance annuelle de 6,4% pour 2018 et 9,6% pour 2019. Et pour le S&P500 américain, à son tour révisé à la baisse mais plus modestement, les attentes sont à +18,4% pour la croissance des bénéfices 2018 et à +8,5% pour 2019.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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