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Point Bourse Hebdomadaire du 11 février 2019 : Regain d’incertitude

L’annonce par D Trump qu’il n’avait pas prévu de rencontrer le président chinois X Jinping avant l’échéance qu’il a fixé pour les négociations commerciales américano-chinoises du 1er mars a déclenché un repli des marchés boursiers et un retour des investisseurs vers les valeurs refuges. Les taux à 10 ans allemands (Bund) sont en baisse de 8,3bp à 0,08%, encore une semaine comme celle là et ils repassent négatifs, le 10 ans américain baisse de 6bp à 2,63% alors que l’€ se déprécie face au $ de -1,1% à 1,1323 et que le pétrole est en forte baisse, WTI de -4,83% et Brent de -1,75% sur la semaine.

Mais sur le fonds, les nouvelles économiques n’ont fait que confirmer les tendances en place.

L’indice PMI Composite IHS Markit de l’Eurozone recule pour le 5ème mois consécutif en janvier et affiche son plus bas niveau depuis 5 ans et demi, il se replie très légèrement de 51,1 en décembre à 51,0, signalant ainsi une croissance modeste au début de l’année 2019.

Ce ralentissement de la croissance reflète principalement la faiblesse des performances françaises et italiennes. L’activité a diminué pour le 2ème mois consécutif en France tandis qu’en Italie elle s’est repliée pour la 3ème fois au cours des 4 derniers mois, le taux de contraction atteignant un pic de plus de 5 ans.

D’après les données sectorielles, la faiblesse provient de l’industrie manufacturière. Tandis que la croissance de l’activité des services s’est maintenue par rapport à décembre (bien qu’à un plus bas de 4 ans) celle de la production manufacturière a ralenti. En janvier l’activité des fabricants a enregistré sa plus faible hausse depuis 5 ans et demi.

Loin de traduire un raffermissement de la demande, le maintien de la hausse de la production a exclusivement reposé sur le traitement des arriérés de production et l’accumulation des stocks de produits finis. Le volume des nouvelles commandes a en effet enregistré sa plus forte baisse depuis avril 2013, cette tendance ayant entrainé le 1er repli du volume des nouvelles affaires depuis plus de 4 ans. Dans le secteur des services, la demande est restée stable, les entreprises indiquant une hausse marginale des nouveaux contrats.

Les PMI composites de janvier sont les suivants : Espagne 54,5, Irlande 53,3, Allemagne 52,1, Italie 48,8 et France 48,2.

L’emploi a continué de progresser, prolongeant ainsi la phase de croissance amorcée en novembre 2014. Les effectifs ont augmenté dans tous les pays à l’exception de l’Italie où l’emploi s’est contracté pour la 1ère fois depuis septembre 2015.

Faisant écho à la tendance observée pour l’activité et les nouvelles affaires, le rythme des créations de postes a ralenti. Bien que les effectifs aient enregistré leur plus faible hausse depuis 28 mois, ce léger renforcement a permis aux entreprises de réduire le volume du travail en attente, en recul pour le 2ème mois consécutif.

Enfin, et c’est la lueur d’espoir, la confiance des entreprises s’est améliorée par rapport à décembre et atteint un pic de 3 mois. Elle demeure cependant faible, l’optimisme restant parmi les plus bas de ces 4 dernières années. L’évolution du commerce mondial, le Brexit et les tensions politiques continuent de peser sur les perspectives de croissance.

La Commission Européenne a coupé ses prévisions de croissance du PIB de 1,9% à 1,3% pour 2019. La révision pour l’Italie reflète la profonde détérioration de l’économie du pays en quelques mois, la Commission Européenne prévoit pour ce pays 0,2% de croissance en 2019 après avoir prévu 1,2% en novembre. Ceci va relancer la procédure européenne d’enquête pour déficit excessif et le gouvernement devrait être conduit à couper dans les dépenses de son budget 2019. Bref, le risque italien remonte à la surface et s’est immédiatement reflété dans les marchés de taux, le 10 ans italien est à 2,95%, Allemagne 0,08%, Espagne 1,23%, France 0,54%, Portugal 1,65%, la Grèce 4,01% pourrait cette année être rejointe par l’Italie.

L’emploi salarié dans le secteur privé en France a progressé au T4, qui a pourtant vu le démarrage du mouvement des « gilets jaunes » et une dégradation du climat des affaires, selon la dernière étude de l’INSEE. L’emploi salarié a progressé de 0,1% avec 16 200 créations nettes d’emplois après 23 000 au T3.

L’économie française se trouve ainsi en situation de créations nettes d’emplois pour le 15 trimestre consécutif.

Aux États-Unis, l’expansion reste solide, l’IHS Markit Composite US final PMI reste en janvier, comme en décembre à 54,4. Les nouvelles commandes décélèrent et celles à l’exportation sont en retrait. L’emploi progresse, mais plus lentement. La confiance des répondants pour les 12 prochains mois reste élevée bien qu’en dessous de la moyenne exprimée en 2018.

Selon EPFR Global, depuis le 2 janvier les investisseurs ont acheté 36 milliards$ d’obligations et vendu 10 milliards$ d’actions : plus précisément ils ont acheté 30 milliards$ d’obligations IG, HY et émergentes, 16 milliards$ d’actions émergentes et 3 milliards$ d’obligations gouvernementales et ils ont vendu 26 milliards$ d’actions américaines et 57 milliards$ d’actions européennes ; ceci reflète une stratégie de retour à une stagnation séculaire qui conduit a acheté rendement et croissance.

Sur la semaine les marchés ont été stables ou en léger repli : S&P500 +0,1%, Nasdaq +0,2%, Stoxx600 -0,4%, CAC40 -1,1% et Dax -2,4%.

Le secteur Automobiles & Equipementiers (-7,3%) affiche la plus mauvaise performance sectorielle de la semaine du Stoxx600 à la suite d’un regain d’incertitudes autour de la tenue de la rencontre Trump/Jinping avant le 01/03, date à laquelle la sur taxation de 25% sur les produits chinois importés par les États-Unis doit entrer en vigueur. Autres reculs sectoriels : Services Financiers (-2,1%), Médias (-1,9%), Chimie (-1,8%) et matériaux de base (-1,8%).

Dans l’autre sens, les secteurs défensifs Santé (+1,5%), Agro-Alimentaire (+0,9%) et HPC (+0,5%) ainsi que la Technologie (+1%).

Côté valeurs, Dassault Systèmes (+15,7% et détenue par FCP Mon PEA) affiche la meilleure performance du Stoxx600 à la suite de sa publication de résultats très au-dessus des attentes et d’une guidance en hausse. A contrario TUI AG (-21,4%) est la plus forte baisse après son profit warning, suivie de GEA Group AG pour les mêmes raisons, de l’automobile (Fiat Chrysler -13,8%, Valeo -12,6%) et de Publicis (-12,9%).

Les consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 et le S&P500 continuent d’être révisés à la baisse. En Europe la croissance annuelle attendue est de +6,4% pour 2018 et de +7,8% pour 2019 (vs +8,5% le 21/12/2018). Aux États-Unis, la croissance annuelle 2018 est attendue à +18% et à +3% pour 2019 (vs +6% le 21/12/2018).

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Ersamus Gestion

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