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Après Trump

Les cartes électorales qui emplissent les médias sont un peu moins bleues qu’attendu. Les Républicains garderont la majorité au Sénat, les Démocrates à la Chambre des Représentants. Le président Biden fera face à un Congrès divisé, ceci avec une forte majorité de conservateurs à la Cour Suprême.

Au pire, son agenda subira une obstruction systématique mais plus sûrement il y aura quelques accords au centre, par exemple sur la politique budgétaire. Pas de grand soir sur les impôts, ni de réglementation sur le verdissement.

Les marchés d’actions, toujours prompts à rationnaliser ce qu’ils n’attendaient pas s’en sont réjouis. En effet avec de tels résultats, l’horizon à court terme s’est nettement dégagé.

L’indice S&P 500, reflet le meilleur des marchés américains, a progressé en moyenne de 11% dans les 12 mois suivants les 11 élections présidentielles aux États-Unis depuis 1976, il a progressé 8 fois et reculé 3 (1976, 1980 et 2000), ceci avec une avancée sur la même période de 1% du $ par rapport à un panier de devises.

Avec la pandémie, les circonstances actuelles sont uniques. L’analyse qui suit montrera combien la reprise de l’économie est vigoureuse après la contraction sans précédent causée par l’épidémie et les confinements en résultant. L’inflation est faible. Le marché actions proche de ses plus hauts alors que les taux obligataires souverains sont à leurs plus bas.

Une reprise vigoureuse.

L’IHS Markit US composite PMI s’établit pour octobre à 56,3 vs 54,3 en septembre, un plus haut de 29 mois. Cette accélération repose sur le plus fort rebond de l’activité des services, 56,9 vs 54,6, depuis avril 2015 et une progression plus modérée, 53,4 vs 53,2, de l’activité manufacturière. Les nouvelles commandes sont au plus haut depuis février 2019.

L’enquête reflète l’optimisme des répondants sur leurs perspectives d’activité à12 mois.

Les messages envoyés par l’ISM (Institute for Supply Management/Haver Analytics) sont à peu près identiques, ils confortent ceux des PMI.

L’ISM Manufacturing progresse de 55,4 à 59,3, au plus haut depuis septembre 2018, bien au-dessus du consensus de 56,0. L’activité industrielle bénéficie d’une part de la reprise de la Chine et d’autre part du fort rebond de la demande domestique qui se situe 7,7% au-dessus de son niveau d’avant la pandémie. A ces demandes fortes s’ajoute la nécessité de reconstituer des stocks qui avaient fortement diminué durant le confinement. L’épargne accumulée par les ménages durant cette phase fait penser que cette augmentation de la demande doit se poursuivre.

Cette reprise industrielle est quasi générale : 9 des 10 indicateurs de l’ISM manufacturier progressent  et 15 des 18 secteurs industriels, et 33,5% des répondants considèrent que les stocks sont trop faibles.

L’ISM des services a lui légèrement reculé, 56,36 vs 57,8 en septembre, tout en restant à un niveau très élevé. La cause en est de nouvelles mesures régionales de distanciation sociale, couvre feu ou confinement. Dans l’immédiat la progression de la 2ème vague ne permet pas d’espérer une amélioration pour le trimestre à venir alors que le niveau de l’indicateur est déjà élevé.

C’est pour cela que Jerome Powell, chairman de la Federal Reserve, a réclamé à l’issue de la réunion de la banque centrale plus d’actions budgétaires et fiscales. Il a aussi indiqué que la Fed ne manquait pas de munitions et que l’assouplissement quantitatif pouvait être amélioré sur de nombreux aspects. Il est probable que la Fed préfère attendre sa réunion de décembre pour prendre des décisions, elle aura alors une meilleure mesure des effets de la 2ème vague de la pandémie et des premières décisions de la nouvelle administration.

Le rapport sur l’emploi d’octobre du BLS (Bureau of Labor Statistics) publié vendredi est très robuste. Les créations d’emplois à 638K sont plus nombreuses qu’attendu, le taux de chômage recule de 1% à 6,9%, le taux de participation augmente ainsi que la durée de la semaine de travail. L’amélioration du marché du travail est impressionnante ! Sur les 22,2 millions d’emplois perdus en mars avril, 16,4 millions ont déjà été retrouvés.

S’établissant à 50,0 en octobre, l’indice PMI composite IHS Markit de l’Eurozone en repli par rapport à son niveau de septembre de 50,4, signale une stagnation de l’économie au cours du mois.

Conformément à la tendance observée récemment, le niveau de l’indice marque la présence d’une économie à 2 vitesses. En effet, si la croissance de la production industrielle s’est maintenue, affichant même son niveau le plus soutenu depuis plus de 2 ans et demi, l’activité des services a continué de diminuer.

Les données nationales mettent en évidence de fortes divergences. Grâce à l’essor actuel manufacturier, l’Allemagne (55,0) a té le seul pays à enregistrer une croissance de son activité, au plus haut depuis 3 mois.

L’activité a en revanche reculé dans les autres pays, l’Espagne (44,1) ayant affiché de loin la baisse la plus importante, suivie de la France (47,5). En Italie (49,2) et en Irlande (49,0) la contraction n’a été que marginale.

Le volume global des nouvelles affaires a diminué pour la 1ère fois depuis 4 mois, la forte hausse des nouvelles commandes manufacturières n’ayant pas suffi à compenser la détérioration de la demande dans les services. Les données à l’export se sont toutefois révélées plus encourageantes, les nouvelles affaires en provenance de l’étranger ayant en effet progressé pour un 2ème mois consécutif.

Le volume des affaires en cours a diminué pour un 20ème mois consécutif, la baisse n’ayant toutefois été que marginale et la plus faible observée depuis février. Ce léger repli du travail en attente s’est produit en dépit d’un nouveau recul de l’emploi. Les entreprises ont en effet réduit leurs effectifs pour un 8ème mois consécutif, le taux de suppression a cependant fléchi à son plus bas niveau au cours de cette période.

C’est en Espagne que le recul de l’emploi a été le plus marqué et en Allemagne qu’il a été le plus faible.

Enfin, les perspectives d’activité à 12 mois sont restées bien orientées.

En Chine, le Caixin composite PMI s’est élevé à 55,7 en octobre vs 54, en septembre, revenant au plus haut de 9 ans déjà touché en juin. Cela démontre que le rebond de l’activité chinoise continue à gagner du momentum au début du T4. Le PMI officiel, publié samedi dernier, progresse aussi en octobre à un plus haut de 7 ans.

Dans l’Asie émergente, le PMI des services pour l’Inde passe de 49,8 en septembre à 54,1 en octobre, c’est un signe encourageant de l’accélération de la reprise. Avec la hausse de l’indicateur manufacturier, le PMI composite indien passe de 54,6 à 58,0 en octobre, son niveau le plus élevé depuis janvier 2012.

En octobre, le PMI manufacturier Global (monde) progresse pour le 6ème mois consécutif ; à 53,0 il est à son plus haut niveau depuis mai 2018 et le sous indice production reflète une croissance y/y de 4%. Un bond des nouvelles commandes permet de penser que cette tendance va continuer.

Les PMI manufacturiers progressent en octobre en Inde, Corée du Sud, Eurozone, Japon, Chine et aux États-Unis, ils reculent en Grande-Bretagne et en Russie.

Comme nous l’avions analysé, après les élections américaines les indices boursiers ont commencé leur rebond et plus rapidement et vigoureusement que nous l’attendions, effaçant l’essentiel de leur correction du mois d’octobre. En conséquence nous allons à nouveau réfléchir à notre stratégie d’investissement.

Les résultats des élections américaines vont probablement bénéficier aux places boursières dans les mois et les trimestres à venir, mais peut-être moins aux entreprises cycliques que nous le pensions il y a seulement deux semaines. Nous reviendrons donc sur notre stratégie la semaine prochaine.

Ce que nous voyons clairement est que dès que le vaccin sera diffusé il faudra revenir massivement vers les services tels que loisirs, voyages et hôtellerie car l’excès d’épargne causé par les confinements et couvre-feux va s’y déverser dès que l’anxiété causée par la pandémie sera levée.

Sur la semaine, les marchés clôturent en forte hausse : S&P +7,4%, Nasdaq +8,7%, Stoxx +7,0%, EuroStoxx +8,3%, CAC +8,0%, DAX +8,0%, Nikkei +4,3% et Shanghai SE +2,7% avec le Bund en hausse de +0,7bp à -0,62% et le 10 ans US à -5,8bp et 0,82%, l’€ s’apprécie fortement face au $ à 1,1874.

En tête sur le Stoxx600 cette semaine Assurances +8,8%, Services Financiers +8,6% et Chimie et Matériaux de Construction +8,4%, à la traîne Télécommunication +3,1%, Agro-Alimentaire +4,7% et Voyages & Loisirs +5,3%.

Nos fonds ont bien pris le mouvement haussier de la semaine et conservent leurs avances significatives par rapport à leurs indices de référence.

Compte tenu des événements de la semaine nous avons fait beaucoup d’arbitrages.

Pour FCP Mon PEA nous achetons sur repli Euronext après la réussite de l’acquisition de Bolsa Italianna, et en face nous cédons Eiffage, un achat récent, mais l’entreprise devrait pâtir du ralentissement du trafic autoroutier.

Léa pour son arrivée chez Erasmus procède à beaucoup d’arbitrages sur Erasmus Mid Cap Euro avec les ventes de l’allemand Cancom AG, de la holding familiale FFP arbitrée au profit de Peugeot, et d’IPSOS, cédé aussi par Erasmus Small Cap Euro. En face Léa achète Buzzi Unicem Spa, leader italien du ciment et des matériaux de construction, très présent aux États-Unis (Biden=infrastructures), Kion Group AG, leader européen et n°2 mondial des équipements de manutention, chariots élévateurs, transpalettes, gerbeurs et Signify NV, leader mondial de l’éclairage pour les professionnels et les consommateurs et de l’éclairage pour l’internet des objets (marques Philips & Interact).

Enfin Aymeric, outre IPSOS, a cédé Generix Group pour Erasmus Small Cap Euro.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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