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Tendances opposées

Alors que montent les craintes des conséquences du corona virus sur la croissance chinoise et mondiale, la confiance des ménages ou les disruptions dans les chaînes de fabrication, non seulement les marchés financiers résistent mais ils sont même au plus haut.

C’est que d’autres forces, d’autres tendances lourdes sont à l’œuvre et nous allons essayer de le montrer avec quelques chiffres français.

Et les marchés anticipent aussi, si nécessaire, l’appui des banques centrales un peu plus tard dans l’année.

Durant la longue semaine de vacances qui suit le nouvel an chinois (25 janvier cette année) il est traditionnel que l’ensemble de l’économie chinoise ralentisse et même qu’une partie des entreprises ferme alors que les travailleurs déplacés retournent dans leur province d’origine.

Mais d’habitude l’activité reprend rapidement une fois la période fériée passée.

Cette année le corona virus a modifié ce cycle. La consommation d’énergie, les ventes immobilières et les embouteillages ont chuté comme c’est l’usage durant la semaine de congés. Mais trois semaines après nous ne voyons toujours pas de rebond.

La décision par la plupart des provinces d’étendre les congés d’une semaine supplémentaire en réponse à l’extension de l’épidémie en est la cause. Mais même alors que la période de congés supplémentaires dans la plupart des provinces s’est terminée depuis plus de 8 jours, il y a peu de signes qui indiquent un retour à une activité normale.

Une raison clef de ce décalage tient au fait que pour juguler l’extension du virus le retour des travailleurs migrants vers les villes est entouré de mesures de précaution et contrôle sévères qui les retient souvent loin des métropoles où ils travaillent. Il est probable que le retour à la normale sera progressif ainsi que le retour à l’emploi.

Ceci rend peu probable un rebond en V de la croissance et renforce la thèse d’un rebond en U avec le trait du bas d’une longueur incertaine.

En réponse à ce choc, les gouvernements locaux, sans aucun doute avec l’accord de la BPOC et du gouvernement, multiplient les émissions obligataires dont les quotas sont habituellement fixés en mars lors de la réunion du National People’s Congress (NPC). C’est le signe que les autorités vont faciliter à court terme les prêts aux entreprises pour justement permettre un rebond rapide de l’activité après la disruption causée par le virus.

Selon les éléments dont nous disposons aujourd’hui, il semble que les émissions obligataires ce trimestre seront plus du double de celles du T1 2019. Les autorité chinoises sans aucun doute font tout leur possible pour relancer l’activité.

Voyons maintenant les facteurs de résistance en Europe avec notamment des chiffres français.

L’enquête de conjoncture à fin janvier 2020 de la Banque de France est très rassurante.

Dans l’industrie l’indice du climat des affaires (ICA) s’établit à 96 en janvier comme en décembre. La production se contracte légèrement dans l’aéronautique, l’automobile et les équipements électriques alors qu’un regain significatif de l’activité est observé dans l’informatique-électronique. Les carnets de commandes sont stables et les chefs d’entreprise anticipent un retour à la croissance tendancielle en février.

Dans les services, l’ICA s’établit à 98 en janvier vs 97 en décembre ; l’activité accélère, le dynamisme est particulièrement marqué dans l’hébergement-restauration, l’édition, les services techniques aux entreprises et les services à la personne. Les effectifs progressent plus rapidement mais l’activité ralentirait en février.

Dans le bâtiment, l’ICA s’établit à 106 en janvier vs 105, l’activité progresse vigoureusement dans le gros œuvre comme dans le second œuvre. Les carnets de commandes demeurent bien garnis et en février la croissance demeurerait soutenue.

Conjoncture française non (ou pas encore) affectée par le corona virus donc.

Autre élément favorable, les créations d’entreprise et nous reprenons ci-dessous une étude du 12 février de Bruno Cavalier (Oddo BHF) Naissance et mort des entreprises françaises.

« Si l’on juge de l’économie française par la démographie de ses entreprises alors le constat est sans appel : la situation présente est l’une des meilleures qu’on ait connu depuis longtemps ; Les créations d’entreprise s’envolent, les défaillances reculent, un phénomène typique d’une économie en expansion. A défaut d’être un signal avancé de la croissance future, ces évolutions atténuent les craintes récurrentes liées aux perturbations sociales et à l’incertitude politique.

Selon l’INSEE, le nombre des créations d’entreprise à dépasser 800 000 en 2019, un record (+18% vs 2018). Mettons de côté les auto entrepreneurs qui font 42% de ce total, cela fait une hausse de 430 000 entreprises classiques, là encore un record. Depuis 3 ans, cela concernait surtout le conseil aux entreprises et le commerce et entreposage, un à-côté du développement de l’économie numérique ; l’an dernier on a observé aussi un net regain dans la construction. Au total, la tendance haussière, amorcée en 2015, s’amplifie. Selon la Banque de France, le nombre des défaillances d’entreprises a avoisiné 51 000 en 2019 (-5%), plus bas niveau depuis 2008. Cela concerne la plupart des secteurs. Les encours de crédit des entreprises défaillantes représentent 0,4% du total, en repli par rapport aux pics de 2009 et 2014, deux moments où l’économie émergeait de récessions.

La France serait-elle devenue un paradis pour les entrepreneurs ? Loin s’en faut. Le poids de la fiscalité reste lourd. Dans les arbitrages budgétaires lors de la crise des « gilets jaunes », le gouvernement a choisi de freiner la réduction du taux d’impôts sur les profits ; Le poids des impôts sur la production reste prohibitif sans compter la complexité de leurs calculs. Selon le CAE, think tank économique du gouvernement, ils représentent 3,6% de la valeur ajoutée des entreprises contre moins de 0,6% en Allemagne. Cela handicape la compétitivité. Le gouvernement admet le principe de réduire ces taxes mais cela implique alors de renoncer à des recettes fiscales. Casse-tête pour le Ministère des Finances ?

A partir de 2015, sous le président Hollande avec Macron ministre de l’Economie , des efforts ont été faits pour recréer un climat plus favorable aux entreprises (crédit d’impôts, baisse des cotisations sociales, flexibilité). Ce chantier est encore loin d’être achevé. »

Enfin, la BCE a repris une politique d’assouplissement quantitatif qui semble, c’est une première, partagée par l’Allemagne.

Cette semaine l’irlandais Philip Lane, chef économiste et la nouvelle membre allemande du board Isabel Schnabel , sont intervenus pour défendre la politique de soutien de la banque centrale ; Ceci a conforté les marchés et les futures reflètent une nouvelle baisse des taux de 10 bp avant la fin de l’année avec une probabilité de 50%. Nous analysons les propos de Mme Schnabel comme la reconnaissance par la Bundesbank que la hausse de l’inflation qu’elle prévoit depuis de nombreuses années en se trompant lourdement à chaque fois, est une prévision devenue irréaliste ; si ce changement est confirmé, et compte tenu des premières déclarations de Christine Lagarde, nous ne serions pas surpris que la BCE décide dans un ou deux trimestres d’accroître ses achats mensuels d’actifs de 10 milliards € par exemple. C’est l’outil le plus efficace pour la relance et si l’Allemagne reconnaît qu’il n’est pas inflationniste…. 

Semaine de belle collecte selon EPFR Global, tant sur les ETF que sur les mutual Funds. Très forte collecte sur les Bonds (record 23,6 milliards$), mais aussi collecte généralisée Equities, Commodities et Money-Market.

Dans le détail sur les Equities, collecte sur les émergents (0,2% des AUM) avec la Chine et la Russie qui collectent et des rachats sur le Brésil et l’Inde. Collecte aussi sur tous les marchés développés sauf le Japon (-0,2% des AUM) avec en tête l’International (+0,3% des AUM).

Sur la semaine la plupart des marchés clôturent en hausse : SaP500+1,6%, Nasdaq +2,2%, Stoxx600 +1,5%, EuroStoxx50 +1,1%, CAC40 +0,7%, DAX30 +1,7%, Nikkei225 -0,8% et Shanghai SE +1,4% avec le Bund en baisse de -1,6bp à -0,40% et le 10 ans US de -0,8bp à 1,58%. L’€ se déprécie face au $ de 1% à 1,083.

Sur le Stoxx600, le secteur Pétrole & Gaz affiche la pire performance de la semaine (-0,27%), l’OPEP a revu en baisse sa prévision de demande pour 2020. L’Immobilier (+3,9%) et les Utilities (+2,9%) surperforment, porté notamment par EDF (+12,5%).

Pour nos fonds bonne semaine avec une belle avance pour Erasmus Mid Cap Euro et FCP Mon PEA alors qu’Erasmus Small Cap Euro est en ligne avec son indice. FCP Mon PEA cède Cap Gemini après son rebond. Aymeric pour mid cap cède l’équipementier Cie Automotive et achète Qiagen NV, un des leaders mondiaux de la conception, de la fabrication et de la commercialisation des produits chimiques destinés à l’isolement, à la purification et à la manipulation de l’ADN et de l’ARN. Hugo, qui reçoit beaucoup de souscriptions sur small cap est très actif avec les ventes du belge Barco et des français SOITEC et xFab et les achats de Bilendi, leader européen de la conception et de la commercialisation de programmes de fidélisation sur internet, Musti Group Oy, leader nordique des produits pour animaux de compagnie et Nexus AG, développeur allemand de logiciels pour le secteur des soins de santé.

Le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen attend une progression de +1,5% pour 2019 et +8,7% pour 2020. Aux États-Unis pour le S&P500les attentes sont à +1,5% pour 2019 et à +6,0% pour 2020. 

Bonne semaine à tous.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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