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Décalages ?

Les effets de l’épidémie de coronavirus semblent être ressentis avec de grands décalages suivant les flux économiques entre la Chine et ses partenaires.

Cette semaine, les données PMI du Japon ont semé l’inquiétude, celles des États-Unis la perplexité car en contradiction avec les enquêtes ISM régionales alors que l’Eurozone, pour le moment, semble échapper à un ralentissement.

Difficile d’y voir clair mais à tout le moins il faut bien mesurer où nous en sommes aujourd’hui car les marchés évoluent au rythme de ces publications.

L’économie de l’Eurozone a enregistré sa plus forte croissance depuis 6 mois en février, les données PMI flash sont à 51,6 vs 51,3 en janvier, 3ème mois consécutif de rebond malgré les répercussions de l’épidémie de coronavirus sur le volume de la demande et les niveaux de production.

La croissance s’est appuyée sur le secteur des services (52,8 vs 525 en janvier), l’activité des prestataires ayant enregistré sa plus forte hausse depuis 6 mois. Dans l’industrie manufacturière en revanche (491 vs 47,9) la contraction s’est poursuivie en février, la production ayant toutefois enregistré son plus faible repli depuis 8 mois.

La hausse de l’activité est demeurée modeste, entravée par une croissance toujours trop faible du volume des nouvelles affaires. Si, comme en janvier, les entreprises interrogées ont signalé la plus forte augmentation du volume de leurs nouvelles commandes depuis 7 mois, cette hausse des ventes n’a pas empêché une nouvelle réduction du volume du travail en cours. La légère baisse du travail en attente témoigne du maintien d’excédents de capacité.

La hausse des nouveaux contrats obtenus par les prestataires de services a très légèrement ralenti par rapport à décembre et janvier, ce fléchissement s’expliquant notamment par l’impact du coronavirus sur certains secteurs d’activité tels que le tourisme et les activités de voyagiste.

Dans l’industrie manufacturière, le volume des nouvelles commandes a reculé pour un 17ème mois consécutif. La baisse enregistrée en février a toutefois été la plus faible des 15 derniers mois, le raffermissement de la demande sur les marchés intérieurs compensant en partie l’accélération du repli à l’export.

Les fabricants de l’Eurozone ont subi les répercussions de l’épidémie de coronavirus, son expansion ayant entraîné d’importantes perturbations sur les chaînes d’approvisionnement. Les entreprises interrogées ont signalé le plus fort allongement des délais de livraison de leurs fournisseurs depuis décembre 2018.

Les créations de postes se sont poursuivies, leur taux s’étant de nouveau redressé par rapport au creux de décembre. Le rythme d’expansion des effectifs est toutefois demeuré inférieur à celui enregistré en moyenne en 2019. Les créations d’emplois ont ralenti dans le secteur des services, leur taux affichant un creux de 13 mois. Dans l’industrie en revanche, la baisse des effectifs s’est poursuivie pais le taux de contraction s’est replié à un plus bas de 3 mois.

Enfin si les perspectives d’activité à 12 mois se sont légèrement dégradées par rapport au pic de janvier, le degré de confiance des entreprises reste nettement supérieur à celui observé  sur l’ensemble de 2019.

Malgré le retour de la baisse de la production en février (49,0 vs 51,6 en janvier) la croissance s’est accélérée en France en février (51,9 vs 51,1) grâce au redressement des services (52,6 vs 51,0). La France se distingue par une augmentation du volume des nouvelles affaires, avec une forte hausse dans les services et une faible baisse dans l’industrie que les fabricants attribuent à un affaiblissement de la demande en provenance de l’automobile, à l’arrêt de la production du Boeing 737 Max ainsi qu’aux perturbations liées à l’épidémie de coronavirus.

En France l’emploi a fortement progressé en février, le taux de création de postes se redressant avec une forte augmentation des embauches dans les services, la plus forte depuis 16 mois.

Anticipant le lancement de nouveaux produits ainsi qu’une amélioration de la demande, les entreprises françaises se sont de nouveau déclarées optimistes quant à une hausse de leur activité au cours des 12 prochains mois ; leur degré de confiance reste élevé au regard des critères historiques de l’enquête. Les perspectives d’activité restent favorables tant dans les secteur manufacturier que dans celui des services.

L’indicateur flash de la confiance des consommateurs de la Commission Européenne progresse fortement  (+1,5 pt) à -6,6, bien au-dessus de sa moyenne de long terme (-10,6) et au plus haut depuis l’automne 2018. 

Pour les États-Unis, la lecture des indicateurs anticipés, qui n’est pas facile depuis quelques trimestres, devient encore plu compliquée.

En ce début 2020, les indicateurs d’activité régionaux progressent au-delà des attentes, reflétant une décrispations des conflits commerciaux qui depuis 2 ans créaient des incertitudes et une bonne résilience vis à vis des effets du coronavirus. Il est sans doute trop tôt pour bien mesurer aujourd’hui les effets de ce dernier sur les chaînes de production et la chute de la demande chinoise, mais ces indicateurs reflètent une amélioration de l’optimisme des répondants.

Le Philadelphia Fed manufacturing index passe de janvier à février de 17,0 à 36,7 au plus haut depuis février 2017 et 7 de ses 9 composants montent. Et l’Empire State manufacturing index (région de New York) progresse de 8,1 pt à 12,9 en février, au plus haut depuis mai 2019. Si les perspectives progressent pour le Philadelphia Fed, elles s’effritent pour l’Empire State.

Après ces indicateurs régionaux rassurant, l’IHS Markit flash US composite PMI publié vendredi est venu jeter un froid et a provoqué une accélération de la consolidation de Wall Street. L’indicateur est sorti à 49,6 vs 53,3 en janvier, un plus bas depuis 76 mois et, à 49,4 (vs 53,4 en janvier) l’activité des services est en recul pour la 1ère fois depuis plus de 4 ans. Les nouvelles commandes sont en recul pour la 1ère fois depuis le début de la collecte de ces données (octobre 2009) mais l’emploi continue de progresser bien qu’à un rythme plus modéré. En dépit de ce recul, la confiance des chefs d’entreprise se renforce à un plus haut de 8 mois en février tout en restant à un niveau modeste, les entreprises relevant les incertitudes globales et les développements non quantifiables à ce jour du coronavirus. 

Le Jibun Bank flash Japan composite PMI Markit enregistre également un fort recul à 47,0 en février vs 50,1, ceci tant pour les services (46,7 vs 51,0) que pour le manufacturier (47,6 vs 48,8). Les nouvelles commandes reculent dans les deux secteurs et au rythme le plus rapide depuis juin 2016. Il apparaît clairement que le coronavirus a particulièrement affecté le secteur du tourisme, contributeur important à la demande de services.

La Banque Populaire de Chine (PBoC) a pris de nouvelles mesures pour aider les banques et les emprunteurs à gérer les disruptions causées par les conséquences du coronavirus, et elle semble prête à faire plus. Elle a baissé son taux de prêts à un an au secteur bancaire ainsi que le taux de repo, s’assurant ainsi de peser à la baisse sur les taux longs. Il y a vraisemblablement plus à venir notamment en direction des petites entreprises qui se financent auprès du « shadow banking » et donc il faut s’attendre à un relâchement des contraintes qui pèsent sur ce dernier. 

Selon EPFR Global les flux restent positifs sur tous les supports : actions (+2,2 milliards$), obligations (+18,1 milliards$), 4ème plus forte collecte historique et les métaux précieux (+1,2 milliard$) qui enregistrent une 10ème semaine consécutive de collecte.

Les publications 2019 continuent et en voici une première synthèse : sur l’EuroStoxx et pour les BNA, 74 publications sur 175, 21% de surprises positives, 6% en ligne et 15% de surprises négatives, pour le chiffre d’affaires, 99 publications sur 2018, 11% de surprises positives, 28% en ligne et 6% de surprises négatives.

Sur la semaine les marchés clôturent en légère baisse : S&P500 -1,2%, Nasdaq -1,5%, Stoxx600 -0,6%, EuroStoxx50 -1,1%, CAC40 -0,7%, DAX30 -1,2%, Nikkei 225 -1,3% et Shanghai SE +4,2% avec le Bund en baisse de 3bp à -0,43% et le 10 ans US de 12bp à 1,47%. L’€ est stable face au $ à 1,084.

Sur la semaine le secteur des banques (-2,34%) sous-performe largement le Stoxx600, baisse principalement due à ING et Unicredit dont les CEO pourraient partir respectivement vers UBS et HSBC. Le secteur des Assurances (-1,98%) chute, entraîné par AXA ainsi que par Ageas (-9,8%) et Swiss Re (-9,7%). Le secteur Auto (-1,33%) avait profité en début de semaine des mesures de relance en Chine mais les mauvais résultats de Valeo et la mauvaise semaine de Renault (-8,2%) ainsi que les ventes en Chine pèsent sur le secteur.

Nos fonds dans ce contexte de légère consolidation des indices font une bonne semaine relativement.

Hugo pour Erasmus Small Cap Euro a fait quelques mouvements : vente d’Aixtron SE, achat récent d’un fabricant allemand de leds, et Corticiera Amorim, fabricant portugais de bouchons et autres produits en liège depuis de nombreuses années en portefeuille ; il achète le fabricant français de logiciels bancaires Axway Software, le fabricant français de revêtements de sols Tarkett et Accell Group NV, n°1 européen de la conception, de la production et de la commercialisation de vélos qui, à 28,6€,est en retrait sensible par rapport à son plus haut du 27/04/2017 de 32,2€.

Le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen attend une croissance annuelle de +0,4% pour 20219 et +9,5% pour 2020. Aux États-Unis et pour le S&P500, la croissance annuelle 2019 est attendue à +1,5% et à +5,8% pour 2020.

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

Lire le point bourse de la semaine dernière : https://www.tanguyfinances.fr/tendances-opposees/

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