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Point bourse Hebdomadaire du 6 août 2018 : Ralentissement surmontable ?

Après une année 2017 exceptionnelle, l’économie de la zone euro a perdu davantage de momentum que nous ne l’avions anticipé au S1. Après une progression du PIB de 0,37% au T1, le T2 vient de sortir à 0,35%. Pour la première fois depuis le T2 2016 la croissance annualisée est ainsi tombée sous 1,5%.

Après un hiver rigoureux et une épidémie de grippe qui ont affecté le T1, la hausse des prix de l’énergie et les tensions commerciales ont perturbé le T2, le bond des prix de l’essence incrémentant l’inflation de 0,6%, autant de moins pour le pouvoir d’achat. La grève des transports en France n’a pas arrangé les choses !

Beaucoup de ces éléments doivent s’estomper au S2, en particulier su l’accord Juncker-Trump est confirmé, ce sur quoi personne ne mettrait sa main à couper compte tenu de la versatilité du président américain.

Il y a des éléments fondamentaux positifs à prendre en compte : la baisse du chômage en Eurozone, à 8,3% au T2 il est au plus bas depuis fin 2008 ; Chypre, Grèce, Espagne, Irlande, Portugal et maintenant France ont engagé des réformes significatives et l’Allemagne demeure en bonne santé.

 

L’Economic Sentiment Index (ESI) pour l’Eurozone en juillet est sorti conforme aux attentes et en très léger retrait (112,1 vs 112,3). La confiance des entreprises s’est effritée dans les secteurs du commerce de détail (-0,1 vs 0,7) et de la construction (5,4 vs 5,6) alors qu’elle a augmenté dans les services (15,3 vs 14,4) alors que la confiance des consommateurs s’est stabilisée.

Au niveau des pays, la confiance s’améliore en Grèce (+2,8) et en Allemagne (112,8 vs 111,9) où elle est au plus haut depuis février. Elle se dégrade en Espagne et en Italie au plus bas depuis le début de l’année. La France et les Pays-Bas sont stables à leurs niveaux du mois de mars.

Effet Coupe du Monde de football : il est réel sur la confiance des consommateurs. Les meilleures performances de la France (+1,2), de la Croatie (+2,0), de la Belgique (+1,8) et de l’Angleterre (+4,1) ont eu un impact positif, de l’autre côté le sentiment des consommateurs recule lorsque les équipes nationales ont connu des déceptions : Allemagne (-0,1), Espagne (-1,2) et Portugal (-2,6) mais ces effets ne devraient pas être durables.

L’indice PMI final Markit Composite se replie comme dans sa version flash à 54,3 vs 54,9 en juin, un niveau très proche de celui du mois de mai.

Cet affaiblissement de la croissance résulte d’un ralentissement de la hausse de l’activité du secteur des services par rapport au pic de 4 mois enregistré en juin. Dans l’industrie manufacturière, le taux d’expansion se redresse légèrement et affiche un niveau similaire à celui signalé par les prestataires de services.

L’activité augmente dans l’ensemble des pays couverts par l’enquête. La croissance s’accélère en Allemagne où elle affiche un sommet de 4 mois, mais ralentit en revanche en France (plus bas de 2 mois), en Italie (idem), en Espagne (plus bas de 56 mois) et en Irlande (plus bas de 4 mois).

Freinant la croissance de l’activité, la hausse du volume des nouvelles affaires ralentit également en juillet, et ce dans l’ensemble de la zone euro à l’exception de l’Allemagne. Les entreprises interrogées signalent en effet la 2ème plus faible expansion du volume de leurs nouvelles affaires depuis plus de 18 mois.

Contribuant également aux résultats décevants de juillet, la confiance des entreprises quant à leur volume d’activités futures s’est détériorée au cours du mois. Si les entreprises interrogées continuent d’anticiper en moyenne une croissance de leur activité au cours des 12 prochains mois, leur degré d’optimisme recule à un plus bas de 20 mois. Les perspectives d’activité s’améliorent légèrement en Allemagne et en France, mais s’affaiblissent en Espagne, en Irlande et en Italie.

La forte progression de l’emploi se poursuit en juillet, tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services, le taux de croissance global fléchissant toutefois par rapport à juin. Les effectifs augmentent à un rythme soutenu en Allemagne, en France, en Espagne et en Irlande, et à un taux nettement plus faible en Italie malgré une accélération des créations de postes dans ce pays.

 

La confiance des consommateurs aux États-Unis s’est améliorée de manière inattendue en juillet a montré mardi l’enquête mensuelle du Conference Board. L’indice de confiance calculé par l’organisation patronale est ressorti à 127,4 contre 127,1 en juin (consensus 126,0). La composante du jugement des consommateurs sur la situation actuelle s’est établie à 165,9 en juillet vs 161,7 en juin et celle des anticipations s’est inscrite à 101,7 vs 104.

Les anticipations du consommateur sur l’inflation à l’horizon d’un an donnent un taux de 5,1% en juillet vs 4,9% en juin : les consommateurs sont convaincus du redémarrage d’une inflation forte.

L’ISM US Manufacturing Index a reculé plus qu’attendu en juillet, comme le US Markit PMI, à 58,1 vs 60,2 et un consensus à 59,4 et une moyenne du S1 à 59,2. Ceci indique une modération de la croissance après un S1 particulièrement fort, notamment avec l’investissement à +9,4% ! Le poids des éléments positifs : les réformes fiscales et de l’emploi, les prix de l’énergie, les taux bas et les très bons résultats devraient au S2 permettre de surmonter les incertitudes commerciales. Les commentaires les plus, fréquents des correspondants reflètent trois préoccupations générales : les guerres commerciales, la forte demande de produits et un marché du travail particulièrement tendu.

Le Bureau of Labor Statistics a publié un rapport sur l’emploi très solide pour juillet. Si le nombre des créations de postes  (157 000) est inférieur aux attentes de 193 000, les révisions à la hausse de juin (+35 000) et mai (+24 000) amènent le total au-dessus des attentes. La moyenne des créations de postes pour cette année est à 215 000, au-dessus des chiffres excellents de 2017 (182 000) et 2016 (195 000). A ce rythme, le chômage , qui a reculé le mois dernier à un taux de 3,9% devrait encore –se réduire alors que la Fed estime le taux de chômage de plein emploi à 4,5%. Autrement dit, le momentum avec lequel l’économie américaine s’engage dans le S2 reste très fort, la main d’œuvre employée ayant cru de 1,8 million sur un an. Si le taux de participation est stable à 62,9%, il augmente pour la tranche 25-54 ans à 79,5%, son niveau le plus élevé depuis mai 2008, ce qui augure de hausses de salaires à venir. Les démissions restent à des niveaux très élevés, reflétant la confiance des ménages dans le marché du travail et l’augmentation des pressions salariales ; pour le moment les hausses de salaires restent modérées, mais bien au-dessus des objectifs de la Fed, à 0,3% m/m et 2,7% sur un an.

La mesure préférée de la Fed pour étudier l’inflation salariale a également été publiée la semaine dernière. L’US Employment Cost Index (ECI) a progressé de 0,6% t/t au T2 et de 2,8% sur un an après 2,7% au T1. C’est l’augmentation la plus forte depuis 10 ans, confirmant le rapport sur l’emploi. Les écarts sectoriels sont très forts : sur un trimestre technologies de l’information +3ù, construction +1%, transport et stockage +0,4%.

 

A ce jour 50% des entreprises européennes ont publié leurs résultats du T2 : 44% au-dessus des attentes, 31% en-dessous et 26% en ligne. En termes de perspectives, 69ù ont confirmé leur guidance 2018, 17% des sociétés ont publié des perspectives plus solides et 14% des perspectives plus faibles. Les secteurs qui ont été les plus rassurants sont le Software (50%), IT Hardware (46%), Real Estate (38%), Pharma (36%) et Assurance (33%).

Semaine de recul pour les marchés et pour nos fonds avec une très bonne résistance d’Erasmus Micro Cap Euro, FCP Mon PEA en ligne et nos fonds Mid et Small en léger retard. Immobilier, Assurance et Home & Personnal Care sont restés positifs alors que les secteurs les plus touchés ont été Automotives (-2,7%), Technologies (-1,8%), Utilities (-1,7%), Retail (-1,6%) et Biens et services Industriels (-1,4%).

Dans FCP Mon PEA, ventes d’Atos et STMicroelectronics pour prendre en compte les violents mouvements négatifs du NASDAQ, et achat d’Axa avant sa publication pour réduire notre risque. Frédéric a acheté l’entreprise allemande GEA Group AG et vendu RIB Software pour Erasmus Mid Cap Euro tandis que pour Erasmus Small Cap Euro Nelly a cédé Ingenico et 2CRSI, une introduction récente à la liquidité insuffisante pour le fonds. Enfin Aymeric pour Erasmus Micro Cap Euro a acheté Bilendi et Pharma Nutra Spa.

Le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen attend une croissance pour 2018 de +73,8% et de +9,4ù pour 2019. Pour le S&P500 américain, les attentes sont à +18,6% pour 2018 et +8,4% pour 2019. Comme indiqué ci-dessus, les révisions sont à la baisse en Europe pour 2018 (-1% sur un mois) et à la hausse aux États-Unis (+0,6% sur un mois).

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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