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Point Bourse Hebdomadaire du 23 juillet 2018 : Retour sur la France

La semaine du 14 juillet ayant été pauvre en statistiques, nous reprenons largement dans cette lettre le Focus France de Bruno Cavalier (Oddo) qui fait un point sur 15 mois d’action du gouvernement.

Nous y joignons quelques premières publications des chiffres semestriels des entreprises et leurs conséquences, qui s’ajoutent à celles de la guerre commerciale, sur les marchés.

« Comme dans la plupart des autres pays d’Europe, l’activité a ralenti en France au S1 et le climat des affaires s’est tassé depuis un haut niveau. Une fois pris en compte ces résultats décevants, les prévisions de croissance du PIB réel ont été rabotées. En 3 mois, la prévision moyenne a été réduite de 0,3% à 1,8% pour 2018 et se maintiendrait dans ces eaux là en 2019. Il n’y a pas si longtemps de telles perspectives auraient été jugées bonnes. Par ailleurs la croissance française fait jeu égal avec celle des autres pays du G7, ce qui est un changement notable avec le passé récent. Durant le quinquennat de François Hollande, la France avait accumulé un retard de croissance de 0,7% par an vis à vis de ses pairs. En tout état de cause, il n’y a pas de remise en cause du schéma de reprise.

A l’heure actuelle, la balance des risques opère un partage assez net entre la demande domestique et la demande extérieure. Le moteur interne garde à peu près le même régime que l’an passé. Si certaines mesures fiscales ont pesé sur le revenu disponible au T1, d’autres vont compenser cela après l’été. Le rebond de l’inflation est avant tout tiré par les prix de l’énergie, donc simplement ponctuel. Dans ces conditions, la fermeté des créations d’emplois est encourageante. A l’extérieur il y a plus de risques. La France n’est certes pas aussi exposée directement que l’Allemagne aux frictions commerciales croissantes avec les États-Unis, mais les effets induits des droits de douane vont bien au-delà du seul volume des échanges affectés et se répercutent sur les prix, les chaînes d’approvisionnement et le moral des entreprises.

Après un premier train de mesures sur le code du travail et la fiscalité, le gouvernement a débuté 2018 avec un programme chargé. Etaient ainsi concernés des domaines aussi divers que le logement, les transports, l’apprentissage, la formation professionnelle, l’activité des entreprises, sans compter d’autres projets sur les institutions. Bref, il semblait que le gouvernement, encouragé par ses premiers succès et souhaitant profiter de l’embellie du cycle économique, allait accélérer les réformes. Ce n’est pas du tout ce qui s’est produit.

En réalité, la présentation de la loi sur les entreprises a été différée de plusieurs mois, d’autres dossiers ont été retardés du fait des consultations avec les parties concernées ou dans le cadre du débat parlementaire.

La grande affaire du S1 aura finalement été la réforme de la SNCF dans le but de préparer l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire ».

Le 27 juillet sera publiée la première estimation de la croissance du PIB au T2. Après un début médiocre (+0,2% au T1) une légère amélioration est attendue (0,3%).

Seront également publiés le 24 juillet les PMI flash Markit pour l’Eurozone : une stabilisation serait bienvenue autour de 54,9, ce niveau serait cohérent avec une progression du PIB de la zone de 0,5% au T2.

Aux États-Unis la production industrielle a rebondi de 0,6% en juin , aidée par une nette reprise de l’industrie manufacturière et une nouvelle hausse de la production minière selon la Federal Reserve. La baisse du mois de mai était de -0,5%. Le rythme de croissance de la production minière est impressionnant (gaz de schiste) +1,2% en juin après +2,2% le mois précédent ! Le taux d’utilisation des capacités industrielles a progressé à 78% contre 77,7% en mai.

L’Empire State Manufacturing Survey de la Federal Reserve Bank of New York qui mesure l’activité dans les états entourant New York, recule de deux points mais reste, à 22,6 en juillet, à un niveau élevé reflétant une croissance soutenue et robuste. Dans le détail, les nouvelles commandes reculent un peu (18,2 vs 21,3) tout en restant à un bon niveau, mais beaucoup d’indicateurs enregistrent de petits reculs : les livraisons (14,6 vs 23,5), les travaux en attente (0 vs 9,3)ou les stocks (-4,3 vs 5,4). L’emploi continue d’augmenter, mais après son record de juin, là aussi recul de 2 pts ’17,2 vs 19,2). L’optimisme sur les perspectives à 6 mois recule de 8 pts (31,1 vs 39,1), effaçant les gains du mois précédent. Les chefs d’entreprise prévoient toujours des embauches pour les mois à venir ainsi que des augmentations de prix. Le recul est plus vif pour l’investissement (17,1 vs 27,1) et les dépenses en technologie (9,4 vs 17,4), ces deux indicateurs sont revenus à leur plus faible niveau depuis un an.

Sur le plan micro, les États-Unis n’ont jamais connu un début de saison de publications de résultats aussi solide. Sur 62 entreprises du S&P500 qui ont publié leur T2, 95% ont surpris positivement, témoignant de la solidité du marché. Le consensus I/B/E/S anticipe désormais une croissance moyenne de 20,7% y/y des bénéfices au T2. Ces résultats ont soutenu les marchés américains qui ont terminé la semaine en hausse (DJ -0,46%, S&P500 +1,13% et NASDAQ +1,81%).

Par contre, sur le petit nombre d’entreprises du Stoxx600 à avoir publié, seulement 50% ont surpris favorablement (vs 54% en moyenne sur les 4 dernières années). Logiquement les marchés européens ont reculé (Dax -2,55%, CAC40 -1% et EuroStoxx50 -0,56%). La semaine prochaine, 162 entreprises du Stoxx600 publieront et nous aurons alors des indications plus significatives.

Pour le Stoxx600, les secteurs ayant le plus corrigé sont les médias (-2,7%), les matériaux de base (-2,5%) et les télécommunications (-1,8%) alors que la technologie (+1,7%), l’agro-alimentaire (+1,4%) et la consommation (+1,2%) ont été plus favorisés.

Cette semaine à nouveau c’est FCP Mon PEA qui a eu la meilleure performance relative parmi nos fonds grâce à trois bonnes publications : Ubisoft Entertainment (+10,47% sur la semaine), SOITEC (+6,51%) également détenu par Erasmus Mid Cap Euro et Thales (+3,43%) que nous avions acheté avant publication et que Frédéric détient aussi dans Mid. FCP Mon PEA a également cédé les Chantiers Bénéteau sur une mauvaise publication et pour Erasmus Small Cap Euro Nelly a cédé Accell Group et Elmos Semiconductor sur un fort rebond sectoriel.

Le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen attend une croissance annuelle des résultats de +8,3% pour 2018 et +9,1% pour 2019 ; sur un mois les attentes ont été respectivement revues à la baisse de -0,7% et de -0,6%. Pour le S&P500 américain, la croissance annuelle 2018 est attendue à +18,1% et à +8,2% pour 2019, ces attentes sur un mois ont respectivement été revues à la hausse de +0,3% et de +0,1%.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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