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Point Bourse Hebdomadaire du 25 juin 2018 : Entre les PMI et Trump

Les marchés sont inquiets sur la croissance de l’Eurozone et inquiets des déclarations intempestives de Mr Trump. Cette semaine les PMI ont rassuré vendredi, ce qui a entrainé un rebond des marchés, mais de nouvelles déclarations belliqueuses sur le front commercial ont causé un recul sur les quatre premières journées.

En fin de semaine aussi l’OPEP est parvenue à un accord qui vise à limiter la hausse du prix du baril tout en le maintenant autour de son niveau actuel.

Les données PMI Flash de juin signalent une légère reprise de la croissance en Eurozone, le rythme d’expansion n’ayant toutefois pas retrouvé son niveau élevé du début de l’année. Ce rebond de la croissance repose sur une amélioration de la conjoncture du secteur des services, celle-ci contrastant avec un nouveau ralentissement de l’industrie manufacturière. Si le secteur des services est également à l’origine du renforcement des tensions inflationnistes, il a aussi dynamisé la croissance de l’emploi.

L’indice PMI IHS Markit flash de l’Eurozone se redresse de 54,1 à 54,8 en juin, mais il affiche son 2ème plus faible niveau depuis 17 mois. A 54,7, le taux de croissance moyen pour le T2 est le plus faible enregistré depuis la fin de l’année 2016.

Après s’être repliée à un creux de 18 mois en mai, la croissance du volume des nouvelles affaires rebondit également en juin. L’enquête signale  une amélioration du marché de l’emploi, les effectifs enregistrant leur plus forte hausse depuis janvier et également l’une de leurs plus fortes croissances depuis 18 ans.

Le regain de croissance enregistré en juin représente en partie un effet de rattrapage par rapport au mois de mai au cours duquel le nombre très élevé des jours fériés avait entravé les hausses de l’activité et des nouvelles affaires. Les entreprises interrogées font toutefois état, depuis quelques mois, d’une moindre progression de la demande par rapport aux rythmes d’expansion enregistrés en début d’année. Le ralentissement de la croissance de l’activité et des carnets de commandes s’explique en partie par les craintes de guerre commerciale et la montée des inquiétudes politiques, bien que les contraintes de l’offre y aient également contribué, de nombreux répondants continuant à signaler une capacité insuffisante, associée à des pénuries de matières premières et à un manque de main d’œuvre qualifiée.

En conséquence, les perspectives d’activité à 12 mois se sont repliées en juin, le taux de confiance des entreprises reculant à un plus bas de 19 mois.

Si l’activité du secteur des services enregistre sa plus forte expansion depuis février, stimulant la croissance globale de l’Eurozone, la hausse de la production manufacturière ralentit et affiche son plus faible taux depuis novembre 2016. Les fabricants signalent en outre la plus faible augmentation de leurs nouvelles commandes depuis 22 mois tandis que le taux d’expansion des commandes à l’export reste proche d’un creux d’1 an et demi.

Les embauches s’accélèrent dans les deux secteurs, le taux de création de postes dans l’industrie manufacturière restant toutefois nettement inférieur au pic enregistré en début d’année. Dans le secteur des services en revanche, le taux de croissance de l’emploi atteint son plus haut depuis septembre 2007.

Les données nationales signalent un  renforcement de la croissance en France et en Allemagne. Dans ces deux pays toutefois, le ralentissement de l’expansion dans l’industrie manufacturière compense en partie l’accélération de celle-ci dans les services.

Chris Williamson, chef économiste à IHS Markit, commente :

« La croissance du secteur privé de la zone euro se renforce en juin par rapport au plus bas de 18 mois enregistré en mai, portée par un rebond de l’activité dans le secteur des services. Cette amélioration des performances des prestataires de services permet ainsi de compenser une nouvelle décélération de l’expansion dans le secteur manufacturier. Le regain de croissance observé au cours du mois se reflète dans les dernières données PMI Flash dont la moyenne pour l’ensemble du T2 affiche désormais un niveau conforme à une hausse trimestrielle du PIB de 0,5% dans la zone euro …

… Le risque d’un ralentissement de l’expansion est particulièrement élevé dans le secteur manufacturier, les fabricants se disant préoccupés par les perspectives de guerre commerciale et la montée des incertitudes politiques. De fait, le degré de confiance des entreprises manufacturières quant à leur volume d’activité à 12 mois a chuté à son plus bas niveau depuis 2015. »

Deux autres chiffres européens sont à mentionner.

La confiance des consommateurs en Eurozone a baissé en juin moins qu’attendu, de +0,2 à -0,5. Si c’est un plus bas de 7 mois, c’est cependant bien au-dessus de la moyenne de long terme de -11,9 et à peine au-dessous du plus haut de 18 ans atteint en janvier à +1,4. La consommation pourrait donc accélérer.

L’INSEE a publié pour juin 2018 le climat des affaires en France. Il est stable et le climat de l’emploi s’améliore à nouveau.

Le climat des affaires est stable au-dessus de sa moyenne  (100) à 106. Il est stable dans l’industrie manufacturière et les services et augmente d’un point dans le bâtiment et le commerce de détail, dans chaque secteur il est au-dessus de sa moyenne de long terme.

Le climat de l’emploi s’améliore à nouveau après un fléchissement en avril, son indicateur gagne deux points à 110, bien au-dessus de sa moyenne de long terme (100). Cette hausse, et c’est très sain, résulte surtout du rebond du solde d’opinions sur l’emploi passé dans les services hors intérim.

L’IHS Markit Flash US PMI, à 56, baisse un peu par rapport à son pic de 37 mois enregistré en mai (56,6). Le secteur privé américain connaît un fort T2, là aussi sous l’effet du secteur des services alors que le secteur manufacturier est au plus bas depuis septembre 2017. Ce niveau du PMI indique que les États-Unis, après une croissance du PIB de 2,3% au T1, pourraient en connaître une supérieure à 3% au T2.

Les mises en chantier aux États-Unis, à un rythme annuel de 1,35 million d’unités, atteignent le niveau le plus élevé de ce cycle. Par contre les demandes de permis de construire reculent un peu; toutefois le niveau de ces commandes au cours des derniers mois assure un rythme élevé des mises en chantier jusqu’à la fin de l’année.

L’indicateur anticipé Philly Fed a enregistré un recul sensible de 14,5 points pour s’établir à 19,9 en juin, son niveau le plus faible depuis novembre 2016. Ce niveau reflète cependant le fait que le nombre des entreprises prévoyant une expansion de leur activité est toujours plus important que celui de celles qui anticipent un ralentissement. Ce recul tient d’une part à la forte hausse de l’indicateur en mai mais également aux développements récents en matière de règles commerciales ; la mise en place de nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium, les tensions commerciales avec la Chine, pèsent sur les sentiments. Cependant les détails de l’enquête suggèrent que les entreprises restent optimistes sur leur future activité et leurs plans d’investissement. Une majorité d’entreprises pense que la production accélérera au T3 vs T2 et les perspectives d’investissement à 6 mois, qui sont un indicateur très fiable, ont rebondi en juin.

Ce Philly Fed est néanmoins une alerte, c’est peut-être la première indication que le récent renforcement de l’optimisme dans le secteur manufacturier et le rebond de la demande qui l’a accompagné traversent quelques doutes devant les craintes suscitées par les montagnes russes des marchés financiers et les tensions commerciales. Si la production et les embauches restent solides et que l’optimisme prévaut encore, il faudra observer attentivement de possibles premiers signes de décélération.

Les marchés européens ont connu une semaine de baisse sur fond de tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine et l’Union Européenne.

Dans ce contexte, les entreprises les plus exposées au commerce international ont été massivement vendues et ce mouvement s’est intensifié suite au premier avertissement sur résultats (Daimler) : Autos (-6,19%), Technos (-3,6%), Chimie (-2,85%) et Industrie (-2,81%).

Logiquement les valeurs cycliques ont suivi. Les titres « momentum » et ceux ayant enregistré les plus importantes révisions à la hausse des BPA ont sous-performé, signe qu’il ne s’agit pas seulement de craintes liées à la croissance mais d’un dé-risking plus important.

Sur la semaine, Erasmus Small Cap Euro fait un peu moins mal que son indice de référence, Erasmus Micro Cap Euro un peu moins bien et FCP Mon PEA et Erasmus Mid Cap Euro sont en ligne.

Trigano, après un parcours exceptionnel (X9 en 5 ans), a été cédé par FCP Mon PEA et Erasmus Mid Cap Euro. Frédéric a également cédé Aperam (cf. tensions commerciales) et acheté des entreprises à caractère plus défensif (Eurofins Scientific et Wessanen) ainsi que SOITEC.

Nelly et Aymeric ont participé pour Small Cap Euro et Micro Cap Euro à l’introduction en bourse de 2CRSI.

Le consensus des prévisions bénéficiaires FactSet sur le Stoxx600 européen continue à être révisé à la hausse, sur le dernier mois de +1,1% sur 2018 et +1,3% sur 2019, depuis le début de l’année de+1,6% pour 2018 et +2,1% pour 2019. Ces révisions portent les attentes à +9,3% pour 2018 et +9% pour 2019. Ce n’est plus le cas pour le S&P500 américain avec des révisions négatives de -0,4% pour 2018 et -0,2% pour 2019 sur le dernier mois, mais +8,8% pour 2018 et +9,2% pour 2019 depuis le début de l’année. Les attentes du consensus pour les États-Unis sont à +17,3% pour la progression 2018 et à +8,4% pour 2019.

Pour le Stoxx600, les plus fortes révisions à la hausse sur un mois sont le Luxe (+15,6%), l’Energie (+8,3%), l’Immobilier (+3,7%) et Acier et Matières Premières ; les plus fortes révisions à la baisse sont les Services aux Entreprises (-4,3%), les Telecoms (-1,9%), l’Aéronautique (-1,3%) et les Medias (-1,2%).

 Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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