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Point Bourse Hebdomadaire du 15 octobre 2018 : Carnage sur les marchés

Ce ne sont pas les publications de la semaine qui expliquent la violente correction des marchés mais plutôt la prise en compte d’une série d’éléments ressentis avec davantage d’acuité : guerre commerciale, inquiétudes sur la croissance chinoise et globale, tensions sur les marchés obligataires, faiblesse boursière des entreprises de la nouvelle économie et risque politique italien.

Ceci a conduit le FMI après tant d’autres à réviser à la baisse ses perspectives de croissance globale pour la 1ère fois en plus de 2 ans à 3,7% pour cette année et 2019 (vs 3,9%).

 L’intégration de ces craintes s’est traduite par un très net rebond de l’aversion au risque et un débouclage massif des positions sur les marchés actions.

La hausse très vive des taux longs américains qui a commencé la semaine précédente après l’intervention d’un ton plus faucon que d’habitude du président de la Fed, Jerome Powell, et la force inattendue de l’indicateur anticipé ISM des Services a eu deux conséquences : la première est que les investisseurs qui étaient auparavant convaincus que la remontée des taux américains ne se ferait que graduellement et serait très étroitement liée à l’évolution de l’inflation, la seconde qu’il faut avoir en tête, même si elle fait l’objet de moins d’attention des analystes, est que les produits de taux américains constituent désormais une alternative d’investissement de plus en plus rentable par rapport aux actions.

Est-ce que sur le plan économique cela signifie que toute enquête marquant une bonne situation aux États-Unis est désormais mauvaise pour l’économie globale et les marchés boursiers par les craintes de hausses des taux qu’elle suscite aux États-Unis en premier, dans les pays émergents aussi ? Rien ne l’indique et pour le moment la Federal Reserve est très claire et s’en tient à ce qu’elle annonce : une hausse des taux de 25pb par trimestre pour les 3 trimestres à venir.

Le Rapport sur l’Emploi américain de septembre a également constitué un facteur d’inquiétude en combinant une croissance ralentie des créations de postes avec une accélération de la hausse des salaires : c’est une situation classique de pénurie de main d’œuvre qualifiée. La difficulté avec cette explication cependant est que la faiblesse des créations d’emplois était probablement due en partie aux disruptions causées par l’ouragan Florence. Pour ajouter à cette difficulté, les chiffres d’octobre ne seront pas davantage lisibles compte tenu de l’arrivée de l’ouragan Michael.

De plus, si la hausse des salaires a été un peu plus vive qu’attendu ces derniers mois, l’inflation, on l’a vu cette semaine, reste contenue. Le taux d’inflation CPI de septembre, publié le 11 octobre, est ressorti stable à 2,2% en rythme annuel. A un rythme trimestriel annualisé (moyenne des 3 derniers mois) l’inflation sous jacente continue de ralentir et s’établit à 1,8%, soit un niveau inférieur à la cible de la Fed. Au delà des effets relatifs à l’appréciation du $ qui baisse le coût des produits importés, la contribution du logement poursuit son tassement graduel en lien avec la remontée des taux hypothécaires.

Au final, la situation américaine à ce stade présente une économie qui croît au-dessus de son potentiel, ceci sans générer une inflation trop marquée. Qui plus est au cours des deux dernières semaines nous avons vu l’aboutissement des négociations entre Canada, États-Unis et Mexique pour un nouvel accord NAFTA et on vient de nous annoncer un nouveau sommet fin novembre entre les présidents Trump et Xi. Les tensions commerciales s’apaisent donc.

C’est le reste du monde qui pour le moment subit un ralentissement.

C’est ce que nous ont dit cette semaine Manfred Hübner et Patrick Hussy du bureau d’analyse allemand de Frankfort Sentix. Leurs indicateurs anticipés enregistrent un nouveau ralentissement pour l’Eurozone . L’indicateur recule légèrement à 11,4 vs 12 en septembre, ce recul est du à celui de la situation actuelle (33 vs 35)au plus bas depuis avril 2017. Par contre, les perspectives, faibles, ne se dégradent pas. L’automobile allemande et la situation budgétaire italienne pèsent sur l’enquête comme le prix du baril de pétrole (10$ de plus par baril réduisent le pouvoir d’achat en zone euro de 0,3% et nous sommes à +9,3$ par rapport à la moyenne avril-août).

La Chine de son côté continue à faire face au ralentissement de son activité. La publication vendredi 19 octobre du PIB du T3 permettra de donner un premier aperçu des conséquences de la guerre commerciale et de l’éventuel début d’impact des mesures prises par les autorités, la baisse de la fiscalité et la relance du crédit.

D’autant que le déficit commercial américain avec la Chine continue de se creuser comme en a attesté le 12 octobre la publication des statistiques du commerce extérieur chinois.

Seuls les États-Unis continuent de présenter une situation économique exceptionnellement favorable encore cette semaine ;

William C Dunkelberg, le chef économiste de la National Federation of Independent Business’ (NFIB) a présenté l’enquête de septembre de son organisation : « Les petites entreprises continuent de délivrer une performance spectaculaire, septembre 2018 étant le 3ème plus haut des 45 années d’histoire de l’enquête. Celle-ci signale une forte expansion pour le reste de l’année, les investissements continuent d’accélérer, les gains en matière d’emploi sont solides et les entreprises augmentent leurs stocks pour faire face à la demande. Le T3 sera fort, sans doute un peu en retrait  cependant par rapport aux 4% du T2 et l’économie aborde le T4 avec un fort momentum ».

Il en est de même pour les ménages et le léger déclin de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan vendredi 12 le maintien à un niveau très proche de son plus haut de 14 ans. La consommation lors de la saison des fêtes de fin d’année devrait être excellente.

Sell-off généralisé cette semaine : pour les États-Unis Dow Jones -4,1%, S&P500 -3,75% et Nasdaq -3,65%, pour l’Europe Eurostoxx50 -4,52%, FTSE -4,41% et CAC40 -4,91% et pour l’Asie Shangaï SE -7,6% et Nikkei225 -5,3%.

Le secteur des Services Financiers affiche la pire performance de la semaine sur le Stoxx600 (-7,2%) à cause de Man Group (-17%) qui subit un sell-off vu les performances de ses fonds et Hargreaves Lansdown (-14,3%) ; la Chimie (-7%), les Biens et Services Industriels (-6,4%), les Matériaux de Construction (-6,3%) et la Technologie (-6,3%) sont également très touchés.

Le secteur Télécoms (-1,6%) surperforme le marché car la rotation sectorielle s’est opérée cette semaine en faveur des valeurs de rendement, Distribution (-2,7%) et Immobilier (-2,8%) ont également été favorisés.

 

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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