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Point Bourse Hebdomadaire du 10 décembre 2018 : L’essoufflement est global

C’est presque une bonne nouvelle : l’essoufflement économique est maintenant global. Ceci permet d’espérer pour les trimestres à venir l’arrêt des provocations portant atteinte à la croissance économique globale.

Les publications de la semaine passée montrent clairement que les États-Unis sont à leur tour affectés par le ralentissement bien qu’il soit encore trop tôt pour conclure à une fin de cycle.

Dans ce contexte le rebond des marchés a fait long feu.

L’indice PMI Composite final IHS Markit de l’activité en Eurozone se replie de 53,1 en octobre à 52,7, son plus bas niveau depuis septembre 2016. Cet essoufflement reflète principalement un ralentissement en Allemagne où l’activité enregistre en novembre sa plus faible hausse depuis près de 4 ans.

C’est toutefois l’Italie qui affiche les plus faibles performances avec une nouvelle contraction de l’activité. En Irlande, en France et en Espagne en revanche, la croissance se renforce mais les taux d’expansion restent inférieurs à ceux observés plus tôt dans l’année.

Bien que l’expansion ait ralenti en novembre, l’activité n’a cessé de progresser depuis 5 ans et demi, la croissance perdurant tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services au cours du mois. Les fabricants n’ont toutefois signalé qu’une augmentation marginale de leur production, la plus faible de l’actuelle phase d’expansion amorcée en juillet 2013. Dans le secteur des services, la croissance se poursuit à un rythme soutenu même s’il fléchit à un creux de plus de deux ans.

La décélération de la croissance de l’activité fait écho à celle des nouvelles affaires. Celles-ci enregistrent en effet une modération similaire de leur expansion dont le rythme affiche un creux de 27 mois.

La croissance de l’emploi a perduré en novembre, ayant toutefois ralenti par rapport aux derniers mois. S’il demeure élevé, le taux de création de postes fléchit à son plus bas niveau depuis le début de l’année 2017, l’Allemagne, la France et l’Irlande signalant des hausses d’effectifs moins soutenues qu’en octobre.

Cette dernière progression de l’emploi résulte notamment du maintien de contraintes de capacité, le volume du travail en attente augmentant de nouveau en novembre. La hausse enregistrée n’ait toutefois que marginale, les affaires en cours diminuant en Allemagne et en Italie tandis que la croissance ralentit en France.

Enfin, l’incertitude politique et économique actuelle, et notamment les inquiétudes entourant le commerce mondial, ont pesé sur les perspectives de croissance. La confiance des entreprises se replie à son plus bas niveau depuis près de 4 ans.

Pour les États-Unis, les signaux deviennent plus contradictoires.

Les indicateurs anticipés restent favorables. Cette semaine l’ISM Manufacturing (Institute for Supply Management) est sorti pour novembre à 59,3 (vs 57,7) avec une progression des nouvelles commandes (62,1 vs 57,4), de la production (60,6 vs 59,9) et de l’emploi (58,4 vs 56,8). Les commentaires des répondants confirment la force persistante de l’économie et de la demande. 13 des 18 secteurs industriels affichent une croissance et 3 une contraction.

Timothy R Fiore, chairman de l’ISM, indique que «  le monde de l’industrie continue son expansion, novembre contribuant positivement au taux de croissance sur 3 mois glissants ».

L’IHS Markit US Manufacturing PMI indique la même direction bien qu’il soit en léger recul (55,3 vs 55,7 en octobre), il reste au-dessus de ses moyennes. L’accroissement de la production continue mais à moindre vitesse, par contre les répondants font état de conditions plus favorables de la demande avec une accélération des nouvelles commandes, domestiques comme à l’exportation.

Par contre, signal que le pic de la croissance est derrière nous, les perspectives à 12 mois sont à leur niveau le plus faible depuis plus d’un an même si les prévisions d’investissement restent élevées.

La confiance du consommateur américain reste stable à un haut niveau selon l’enquête mensuelle de l’Université du Michigan. L’indice ressort à 97,5 en décembre comme en novembre alors qu’il était attendu en baisse à 97. Le sous-indice mesurant le jugement des consommateurs sur leur situation actuelle ressort à 115,2 (vs 112,3 en novembre) et celui des anticipations est revenu à 86,1 contre 88,1.

C’est le rapport sur l’emploi de novembre du Bureau of Labor Statistics/Haver Analytics qui a déçu par rapport aux attentes bien qu’il reflète un marché du travail encore fort :

  • 155 000 créations de postes contre une attente de 198 000 et septembre et octobre révisés de -12 000. Ceci porte la moyenne mensuelle 2018 à 206 000, vs 182 000 en 2017 et 195 000 en 2016. Pour rappel, 100 000 postes mensuels sont nécessaires pour un taux de chômage stable.
  • Le taux de chômage reste bien en-dessous de ceux considérés comme l’équilibre naturel (4,6% pour le BDO et 4,5% pour la Fed) à 3,7%, un plus bas de 49 ans.
  • Le salaire moyen horaire progresse de 0,2% m/m et 3,1% y/y.
  • Le taux de participation est stable à 62,9% sur une force de travail en augmentation en novembre de 2,24 millions sur un an. La participation des « prime working age cohort » (25-60 ans), 80,9% en 2015, 81,3% en 2016, 81,7% en 2017 et 82% en 2018 compense la pression exercée par le vieillissement de la population.

Le Caixin China Composite PMI montre une progression de l’activité en Chine en novembre, l’indice passant à 51,9 vs 50,5 en octobre. Ce rebond concerne les services alors que le manufacturier est stable. Pour le 8ème mois consécutif les commandes à l’exportation ralentissent, plus dans le manufacturier que dans les services.

L’Asie du Sud-Est (ASEAN) est le principal partenaire économique de la Chine, fournisseur et client. Aussi les changements dans l’économie chinoise peuvent avoir de fortes répercussions dans les économies de ses voisins. Nous avons jugé intéressant de vous donner les niveaux par pays des Nikkei ASEAN Manufacturing PMI pour novembre.

Au niveau global de la zone ASEAN, le PMI passe de 49,8 en octobre à 50,4 en novembre, au niveau pays : Vietnam 56,5, Philippines 54,2, Myanmar (Birmanie) 51,3, Indonésie 50,4, Thaïlande 49,8, Malaisie 48,2 et Singapour 47,4.

Nouvelle semaine difficile sur les places boursières. Sur la zone Euro, le recul des indices va de -3,2% à -4,4% !

Dans ce contexte, même si trois de nos fonds font largement moins mal (FCP Mon PEA, Erasmus Mid Cap Euro et Erasmus Small Cap Euro) il n’y a pas lieu de se réjouir.

Les révisions des consensus JCF/FactSet des prévisions de bénéfices continuent d’être solidement orientées à la baisse : pour le Stoxx600 européen et sur un mois -0,6% pour 2018 et -1% pour 2019; pour le Sa&P500 américain et sur un mois également -0,4% pour 2018 et -1,2% pour 2019. Ceci porte les attentes annuelles en Europe à +5,2% pour 2018 et +9,4% pour 2019 et aux États-Unis à +18,5% pour 2018 et +6,7% pour 2019.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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