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L’inflation : une menace ?

La soudaine hausse des prix en janvier aux États-Unis comme en Europe a relancé la crainte chez certains investisseurs d’un retour de l’inflation.

Cette reprise de l’inflation, qui demeure faible, est en effet arrivée un peu plus tôt qu’attendu mais nous pensons que ses perspectives restent limitées une fois que les facteurs techniques qui produisent la distorsion actuelle s’estomperont.

Pour le reste les données macro économiques de la semaine sont encourageantes et les publications des entreprises continuent à surprendre dans le bon sens.

Nous attendions depuis longtemps une inflation plus élevée en 2021 en Eurozone mais en janvier aussi bien l’inflation faciale que l’inflation sous jacente ont été plus élevées qu’attendu. En particulier la montée de l’inflation sous jacente l’amène à son niveau le plus élevé depuis 5 ans même si elle reste largement sous l’objectif de 2ù de la BCE. Nous pensons cependant qu’elle devrait s’approcher des 2% plus tard dans l’année mais 2022 devrait voir les pressions sur les prix s’atténuer à nouveau alors que l’impact de l’effet de base du prix de l’énergie et des matières premières sera passé et que les flux du commerce international se normalisant nous reviendrons à une inflation bien moindre des coûts logistiques.

D’ailleurs la montée des taux allemands et des autres taux européens est aujourd’hui bien moins prononcée qu’aux États-Unis où les perspectives de croissance et d’inflation sont plus élevées, entraînées notamment par un stimulus fiscal massif.

En dépit du léger redressement des taux européens, le Bund (taux allemand 10 ans) est encore à -0,31% et nous pensons que son taux sera toujours négatif en fin d’année alors que les Treasuries (10 ans américain), aujourd’hui à 1,34%, pourraient s’approcher des 2%.

Affaiblie par une nouvelle chute de l’activité dans les Services, l’économie de l’Eurozone s’est contractée pour un 4ème mois consécutif en février. La faiblesse des Services liée aux restrictions imposées par la lutte contre le Covid-19 a été toutefois contrebalancée par une accélération de la croissance, menée par l’Allemagne dans le manufacturier.

Parallèlement, la confiance des entreprises atteint un sommet de près de 3 ans, les répondants anticipant un assouplissement des mesures de restriction au fur et à mesure de la progression des campagnes de vaccination.

L’essor de la demande des matières premières entraîne de fortes difficultés d’approvisionnement et les prix des intrants ont augmenté en février. Nous observons une hausse quasi record des délais de livraison et la plus forte inflation des coûts depuis près de 10 ans.

L’indice PMI Flash Composite IHS Markit se redresse de 47,8 en janvier à 48,1, signalant un léger ralentissement de la contraction. Il se maintient depuis novembre à des niveaux nettement supérieurs à ceux enregistrés lors de la 1ère vague épidémique.

La baisse de l’activité résulte d’une forte contraction des Services (44,7) du fait des mesures visant à enrayer la Covid-19.

A l’inverse, la production a continué d’augmenter (57,7 vs 54,8 en janvier). Portée par une forte expansion des nouvelles commandes, la croissance a atteint son plus haut niveau depuis octobre et son 2ème plus haut niveau depuis 3 ans. L’augmentation de la production a été particulièrement prononcée dans le manufacturier allemand mais l’activité industrielle est aussi légèrement repartie à la hausse en France.

La croissance manufacturière s’est renforcée malgré une hausse des pénuries de marchandises, liée à une demande supérieure à l’offre pour de nombreux produits. Les fabricants ont signalé la plus forte hausse des prix d’achat d’intrants depuis plus de 3 ans. Les délais de livraison d’intrants ont ainsi enregistré leur plus fort allongement depuis le début de l’enquête (1997).

La hausse des prix a été soutenue en février, dans le manufacturier, les prix moyens des intrants ont enregistré leur plus forte inflation depuis janvier 2011.

Une nouvelle contraction du travail en attente s’est accompagnée d’un 12ème repli mensuel de l’emploi en février. Le modeste retour à la croissance des effectifs dans le manufacturier n’a pas suffi à compenser les suppressions de postes dans les services.

Les effectifs ont légèrement augmenté en Allemagne et en France, le taux de création de postes ayant atteint dans l’hexagone son plus haut niveau depuis un an.

Enfin, les perspectives d’activité à 12 mois se sont améliorées. Le degré de confiance s’est renforcé chez les fabricants comme chez les prestataires de services pour atteindre son plus haut niveau depuis mars 2018.

En confirmation de ce qui précède, la confiance des consommateurs mesurée par la Commission Européenne et Refinitiv, si elle reste faible, continue son redressement à -14,8 en février vs -15,5 en janvier, un peu meilleure que le consensus (-15). Au niveau national peu de variations : léger recul en Allemagne, stabilité aux Pays-Bas et hausse en Belgique.

La bonne nouvelle est qu’une fois les mesures de distanciation sociale levées, l’expérience de la 1ère vague suggère que la confiance et la consommation devraient rebondir vivement et ce à partir d’une base plus élevée que lors du 1er confinement. Nous pensons dès le T2.

Aux États-Unis, le fort rebond des ventes au détail en janvier montre que les mesures de soutien budgétaire se répercutent vite sur l’économie. Un plan d’aide à peine voté et voilà que la consommation des ménages s’emballe, du moins les dépenses en biens. Les dépenses en services, qui forment les 2/3 de la consommation, restent à la peine. Pour ce cas, l’aide budgétaire s’oriente vers l’épargne en attendant la fin de la pandémie. L’économie US entame bien l’année 2021. Les prévisions de croissance sont revues en hausse mais ce n’est pas une raison pour que l’administration démocrate renonce à son nouveau plan de soutien ;

En effet, les ventes au détail aux États-Unis ont progressé de 5,3%m/m en janvier, l’une des plus fortes progression jamais enregistrée, après 3 mois de recul, elles sont à un plus haut historique et 7,8% au-dessus de leur niveau pré-pandémie. En janvier elles ont été dopées par les chèques de 600$ du gouvernement aux ménages et l’amélioration des indemnités de chômage.

L’IHS Markit Flash US Composite PMI confirme cette situation, à 58,8 vs 57,8 en janvier il est au plus haut de 71 mois. L’activité manufacturière reste soutenue et celle des services enregistre un rebond avec la levée progressive des restrictions domestiques. Il faut noter que ces chiffres excellents ont été obtenus en dépit de conditions météorologiques très défavorables.

Mêmes constats pour les prix des intrants qu’en Eurozone mais avec un $ qui s’est affaibli sur un an en conséquence les prix de vente connaissent leur plus vive hausse depuis octobre 2009.

Si les carnets de commandes se remplissent, la progression de l’emploi est très modeste, notamment dans les services où les répondants s’emploient à couper les coûts compte tenu de la faible visibilité à court terme.

La confiance des entreprises sur leurs perspectives à 12 mois est élevée.

Le PMI Global montre, et c’est la leçon qui nous ramène au titre de cette lettre, qu’il y a aujourd’hui de nombreuses disruptions logistiques ou de disponibilité de produits qui poussent vers le haut les prix des fabricants. Quand ils le peuvent, ceux-ci passent des hausses de prix aux consommateurs, notamment aux États-Unis. Mais cela n’empêche pas le Global PMI de monter de 52,4 en janvier à 53,1 en février.

Les délais de livraison s’allongent, certains biens, semi-conducteurs par exemple, sont en situation de quasi pénurie et le manque de certaines catégories de containeurs entraînent à la fois des ruptures d’approvisionnement et une forte hausse des prix du freight entre l’Asie, l’Europe du Nord et la côte ouest des États-Unis.

Dans les mois à venir, l’inflation devrait donc être plus élevée dans les économies avancées. Aux États-Unis, mais seulement aux États-Unis, la pression sur les prix existe aussi pour les activités de services.

Selon EPRF Global, les flux sur les ETF et sur les mutual funds restent bien orientés sur les Equities et sur les Bonds (TIPS, bancaires, MBS, IG & Muni). Sur les Equities toutefois cette semaine l’Europe passe en modeste décollecte mais plus que compensée par la collecte International.

L’Earnings Revision Ratio reste positif sur toutes les zones géographiques.

A la moitié des publications sur le Stoxx600 européen, 42% des entreprises ont fait mieux qu’attendu en matière de revenus et 32% moins bien, et 66% mieux qu’attendu en matière de BPA et 31% moins bien.

Semaine plus délicate pour Erasmus Mid Cap Euro et FCP Mon PEA avec un léger retard mais toujours une bonne avance depuis le début de l’année. Erasmus Small Cap Euro est lui en ligne et avec une belle avance ytd.

Nous avons vendu Alstom pour Erasmus Mid Cap Euro et FCP Mon PEA. Pour MID, Léa a acheté Alfen NV, spécialiste des solutions énergétiques de demain, stockage d’énergie et bornes de recharge pour véhicules électriques, en position de leader aux Pays-Bas et qui enregistre une forte croissance à l’international, et pour FCP Mon PEA achats d’Amundi et de Worldline.

Les révisions des consensus des prévisions bénéficiaires continuent d’être très bien orientées, tant pour l’Europe (+4,1% sur 3 mois pour 2021) que pour les États-Unis (+4,7%).

En Europe et pour le Stoxx600 le consensus FactSet attend une croissance des BPA de -39,7% pour 2020 et +57,4% pour 2021. Aux États-Unis et pour le S&P500 la croissance attendue 2020 est à -18,5ù et à +28,1% pour 2021, ce qui amènerait les résultats 2021 au-dessus de ceux de 2019.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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