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Quelle relance ?

Cette année, l’ampleur des relances budgétaires sera le facteur essentiel de la reprise une fois la crise sanitaire  circonvenue.

Dans le contexte politique actuel, les États-Unis semblent prendre une longueur d’avance sur l’Europe, Joe Biden n’ayant pas hésiter à imposer des mesures significatives aux républicains. Il pourrait en découler une progression soutenue des taux américains et celle-ci pourrait entraîner un rebond du $ ou au moins l’arrêt de son glissement. La prudence de la Fed, confirmée par Jerome Powell cette semaine et par le discours de Janet Yellen, limitera à court terme la hausse des taux, mais à moyen terme une amélioration que nous attendons notable de l’emploi et des prix pourrait obliger la Fed à réduire ses achats d’ici la fin de l’année.

A court terme la BCE est davantage bloquée entre perspectives de croissance dégradées et inflation gonflée artificiellement par des facteurs temporaires. La réalité européenne est donc un peu moins favorable même si les achats massifs de la BCE contiennent la remontée des taux, car la trajectoire de reprise est plus écrasée en Europe.

Il y aura donc 2-3 trimestres de décalage entre les rebonds américain et européen.

La Commission Européenne a mis à jour ses prévisions économiques. Elle a coupé ses attentes pour 2021 de 4,2% en novembre à 3,8%. Cette révision à la baisse provient exclusivement d’un T1 plus faible qu’attendu du fait d’un rythme lent de vaccination prolongeant les mesures de confinement pesant sur l’activité. Mais la Commission réaffirme que la lumière au bout du tunnel est en vue pour la fin du printemps lorsque la vaccination de masse permettra la levée progressive des mesures de distanciation sociale. Ceci devrait entraîner une forte croissance au S2 et en 2022.

La mise en place du plan européen, Next Generation EU Recovery Fund, est beaucoup plus lente que celle des plans de relance américains. La recherche permanente et obligatoire d’un consensus au sein des pays membres de l’Union Européenne entraîne une multitude de réunions. Ainsi il n’y a pas encore de décision finale concernant le plan de relance ci-dessus. En conséquence il est raisonnable d’escompter qu’il concernera plus 2022 que 2021 où ses effets seront seulement sensibles en fin d’année.

Si la Commission Européenne a relevé ses prévisions d’inflation à 1,4% pour cette année après le très faible 0,3% de 2020, cette accélération provient selon notre analyse de facteurs spécifiques : effondrement du prix de l’énergie en mars 2020 entraînant un recul de l’ensemble des prix des matières premières et baisse de 1% des taux de TVA en Allemagne au début de la pandémie. Nous pensons que les forces déflationnistes (ex : online) domineront à moyen terme et qu’en 2022 ces facteurs temporaires auront disparu.

Aux États-Unis nous anticipons une relance budgétaire majeure et rapide. La fragilité du marché du travail, illustrée au travers des chiffres de l’emploi de janvier, a renforcé la nécessité d’agir vite pour les démocrates. Le choix d’utiliser la procédure de réconciliation semble donc l’emporter comme les divergences avec les républicains sont importantes, aussi bien sur le montant que sur les volets à adresser (importance rappelée par les démocrates de soutenir les collectivités et les écoles). Deux volets devraient être adoptés cette année : le premier portant sur environ 1 500 MM$ à voter d’ici mi-mars et le second sur 2 000MM$ d’infrastructures qui selon le calendrier de Nancy Pelosi devrait être validé d’ici, la fin de l’été.

Pour la Fed, ces éléments vont dans le bon sens.

Selon son approche « behind the curve », elle restera dans l’attente de constater plusieurs éléments d’amélioration avant d’annoncer la réduction de ses achats. Alors cela alimentera la hausse des taux souverains et du $ mais jusque là elle essaiera de les freiner.

Aux États-Unis, contrairement à l’Europe, les prix en janvier ont monté de 1,4% vs 1,6% en décembre. C’est la hausse la plus faible depuis un an et les 2,4% de février 2020. C’est seulement la seconde fois depuis novembre 2011 que l’inflation des biens sur un an (1,6%) est supérieure à celle des services (1,3%) reflétant le niveau d’activité déprimé de certains services (hospitalité, restauration ou voyages).

Compte tenu du recul de l’inflation en mars, avril et mai 2020, il est probable que l’indice des prix CPI dépassera temporairement le niveau de 3% au T2. Ce niveau devrait être refranchi à la baisse ensuite mais l’inflation pourrait rester au-dessus de 2% au S2. Alors, le retour progressif à une activité normale des services contribuera à des pressions inflationnistes alors que la faiblesse actuelle du $ tirera vers le haut les prix des importations. Si ceci est confirmé par les faits, il sera difficile à la Fed de tenir longtemps sa position actuelle.

En Chine, alors que l’activité est bien repartie, la banque centrale, la PBOC (People’s Bank Of China) organise le ralentissement de la, hausse du crédit.

L’inflation, publiée mercredi, est devenue négative en janvier, toutefois le décalage de l’année lunaire oblige à prendre cette mesure avec précaution d’autant que certains sous indicateurs comme les prix des biens sortie d’usine reviennent en territoire positif pour la première fois depuis janvier 2020. Il est probable qu’un taux d’inflation modeste (2% ?) réapparaîtra au cours du T2 mais maintenant on voit de plus en plus clairement que le principal objectif de la PBOC qui a réussi la relance de l’activité devient le contrôle du crédit. Il est probable que sa politique deviendra de plus en plus restrictive au fil des trimestres, pesant aussi par là même sur l’inflation qui devrait rester très faible.

Les flux, mesurés par EPFR Global, continuent d’être impressionnants. Sur la semaine dernière et pour les Equities, 46,7MM$ de souscriptions sur les ETF et 11,4MM$ sur les mutual funds.

Les actions américaines et internationales attirent les plus fortes collectes, mais la collecte est positive sur l’ensemble des Equities, Japon, Europe ou marchés émergents. Pour l’Europe, la collecte est positive sur 4 des 5 dernières semaines.

Sont en rachats les métaux précieux, le HY et les Govs ainsi que le Money-market dont la décrue s’accélère.

Notre réunion de gestion s’est conclue sans modification de la stratégie en place avec toujours les 4 mêmes thèmes d’investissement : digital, mieux vivre, reprise économique et opérations financières. Nous avons aujourd’hui une exposition que nous considérons comme neutre avec une poche de liquidités (5%) beaucoup plus élevée qu’en novembre. Si les marchés peuvent être plus agités d’ici l’été, avec la reprise que nous attendons au S2 nous pensons toujours qu’ils termineront l’année au-dessus des niveaux actuels.

A nouveau nos fonds ont connu une bonne semaine. Ils ont tous depuis le début de l’année environ 1,5% de surperformance vis à vis de leurs indices de référence. Pourvu que ça dure !

Aucun mouvement sur FCP Mon PEA et Erasmus Mid Cap Euro, par contre Aymeric fait deux achats et une vente pour Erasmus Small Cap Euro.

Il cède le pharmacien belge Fagron après un beau parcours et achète AT&S, Austria Technologie Systemtechnik, fabricant de pointe de circuits imprimés et interfaces pour les semi-conducteurs, dont les produits sont utilisés dans les Smartphones, les montres digitales, les tablettes, les sensors et dans les automobiles (caméras et systèmes de sécurité). Il achète également Medios AG qui vend en gros, commercialise, distribue et produit divers types de produits pour les pharmacies et le secteur pharmaceutique.

Selon FactSet, la tendance à la révision à la hausse des BPA 2020 et 2021 par les analystes continue. Pour le Stoxx600 européen, +0,8% sur un mois et +2,4% sur 3 mois pour 2020, +1,3% et +3,0% pour 2021, ce qui porte les attentes à -40,8% pour 2020 et +59,6% pour 2021. Tendance identique et même plus forte aux États-Unis pour le S&P500 où la croissance annuelle 2020 des BPA est attendue à -18,5% et à +28,1% pour 2021.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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