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Coronavirus et croissance

La propagation de l’épidémie s’est accélérée, ces derniers jours elle est devenue le principal risque économique faisant craindre un impact marqué sur la croissance.

A ce stade, certaines caractéristiques de la crise actuelle sont plus préoccupantes que dans les cas passés comme la vitesse de diffusion ou le nombre de cas, d’autres le sont moins comme le taux de mortalité et la réaction des autorités.

L’expérience montre que ce type de choc peut être extrêmement négatif pendant une courte période, mais que le rebond de l’activité est d’autant plus fort dans les mois qui suivent.

Cette épidémie survient alors que les données des PIB dans l’Eurozone et aux États-Unis ont montré une poursuite de l’affaiblissement de la dynamique de croissance, en particulier de l’investissement.

Si on utilise comme référence l’impact du SARS en 2003, l’impact macroéconomique du coronavirus devrait être limité. En 2003, après une hausse des exportations européennes de 4% au T1, elles avaient reculé de 0,3% au T2, affaiblissant la croissance européenne de 0,02%. Autrement dit l’impact devrait être faible même si la Chine pèse davantage pour nos exportations qu’alors. Et sur la fin 2003, l’économie chinoise avait vivement rebondi.

L’impact sur le tourisme devrait être également réduit. Les touristes chinois sont trois fois plus nombreux qu’en 2003 et progressent de 10% par an. Ils ne représentent cependant pas 1% des nuitées hôtelières en Eurozone.

Il va s’écouler quelque temps avant la publication des chiffres économiques de janvier et février. Dans l’attente, les marchés européens ont souffert comme l’ensemble des marchés développés et les taux longs ont suivi un mouvement baissier. C’est la réaction logique face à la montée des incertitudes.

Selon Bruno Cavalier (Oddo) la croissance du PIB en Chine et dans d’autres pays asiatiques va probablement s’affaiblir, peut-être de manière significative au T1 en raison du coronavirus chinois et des perturbations qui en découlent pour les voyages, le commerce des marchandises et les dépenses. La croissance du PIB mondial a oscillé autour de 3% par an en 2019 et pourrait facilement descendre en dessous de ce niveau, avec le risque de raviver les craintes de récession mondiale comme nous l’avons observé l’été dernier. Une fois la crise sanitaire maîtrisée-ce qui n’est pas encore le cas-, les pays asiatiques devraient rattraper leur retard de manière significative. Notre hypothèse de travail est que cette crise sanitaire ne fera pas dérailler l’économie mondiale.

Même si les autorités chinoises ont été réticentes à lancer un vaste plan de relance en 2019 pour atténuer l’impact négatif des tensions commerciales avec les États-Unis, il est probable qu’elles n’hésiteraient pas à intervenir massivement pour soutenir l’économie si la crise sanitaire s’avérait grave et durable.

Les nombreuses publications économiques de la semaine dernière pour l’Eurozone n’ont pas apporter d’éléments suffisamment positifs pour contrecarrer les développements de la crise sanitaire.

L’IFO allemand a ainsi déçu en reculant de 96,3 en décembre à 95,9 en janvier. Par contre en son sein l’horizon se dégage pour le secteur manufacturier qui rebondit au plus haut depuis juin 2019 tant pour la situation actuelle que pour les perspectives. Les trois autres secteurs, services, commerce et construction ralentissent modérément. Cela maintient la validité d’un S2 meilleur que le S1. En effet l’analyse détaillée du PMI allemand publié la semaine précédente permettait déjà de relever que l’indicateur anticipé, constitué des nouvelles commandes moins les stocks, s’était redressé à son niveau le plus haut depuis février 2018. 

L’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE auprès des ménages enregistre un rebond de la confiance à 104 (+2pts) bien au-dessus de sa moyenne de 100. Le solde d’opinion des ménages quant à leur situation financière future gagne 4 pts après en avoir perdu 5 en décembre ; La proportion des ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants augmente légèrement par rapport au mois précédent. En janvier, le solde d’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future augmente de 2 pts et se maintient au-dessus de sa moyenne.

L’ESI (Economic Sentiment Indicator) de la Commission Européenne rebondit en janvier de 1,5pt à 102,8, c’est un plus haut de 5 mois, avec une amélioration dans l’industrie (-7,3 vs -9,3) conforme à l’IFO, et dans la construction (6,9 vs 5,7). Au niveau pays, stagnation en Italie (101,5 vs 101,6) et du mieux en Allemagne (101,8 vs 99,8) et en France (104,1 vs 102,6) conformément à l’enquête de l’INSEE.

Les chiffres du chômage pour l’Eurozone sont sortis au plus bas depuis mai 2008 à 7,4% en décembre vs 7,5 en novembre. En France aussi le marché du travail est robuste et le chômage continue son recul (260 000 créations de postes sur les trois derniers trimestres).

Les chiffres du crédit bancaire sont plus balancés. Pour l’Eurozone, si décembre enregistre une augmentation de la croissance des crédits à 3,7% (vs +3,6% en novembre), au plus haut depuis mars 2009, cette progression est due aux prêts aux ménages (consommation et hypothécaires) alors que les prêts aux entreprises non financières ralentissent à +3,2%, niveau le plus faible de deux ans.

Aux États-Unis, le PIB du T4 progresse de 2,1% t/t, proche des attentes, sur un an la croissance est de 2,3%. Pour 2019 dans son ensemble, le PIB réel progresse donc de 2,3%, en retrait sur le niveau exceptionnel de 2018 de 2,8%. Le PIB nominal, prenant en compte l’inflation , ralentit à +4,1% vs +5,4%. Il faut toutefois noter un fort ralentissement de l’investissement (-1,5% t/t) et du niveau des stocks (-1,1%).

Le Conference Board US Consumer Confidence Index progresse de 3,4 pts à 131,6 en janvier, au plus, haut depuis août 2019, indiquant un bon niveau de consommation en ce début 2020. Depuis la mi 2017, cet indicateur reste à des niveaux (120-138) qui reflètent une confiance des ménages élevée et plus durable que lors des cycles précédents. Les ménages sont optimistes tant sur leur situation actuelle que sur leurs perspectives.

Le Conference Board 28 janvier) a été confirmé le 30 janvier par l’enquête mensuelle de l’Université du Michigan, le moral des ménages atteignant son plus haut niveau depuis 8 mois à 99,8 après 99,3 en décembre. 

Les flux sur la dernière semaine, selon EPFR Global, sont positifs sur les equities de 3,8 milliards$, avec +5milliards$ sur les ETF et -1,2milliard sur les mutual funds. Sur la semaine des rachats sur l’Inde, la Russie, les États-Unis et l’Europe, des souscriptions pour le Brésil, la Chine, le Japon et l’international. Très fortes souscriptions sur les produits obligataires (fly to quality), 7ème plus forte semaine historiquement, aussi bien sur les govies (+2,8 milliards$) que sur le secteur privé IG (+12,0 milliards $ 3ème plus forte semaine historiquement) et les mortgage backed securities (+2,1 milliards$ un record). Seuls le High Yieild (-2,6) est en rachats.

Dans cette semaine de vive correction, nos fonds Erasmus Mid Cap Euro et FCP Mon PEA ont fait preuve de résistance alors qu’Erasmus Small Cap Euro, en forte hausse depuis le début de l’année a été davantage touché. Hugo pour ce fonds a cédé la ligna Bastide qui était en hausse de près de 4% depuis le début de l’année.

Le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen attend une croissance annuelle de +2,3% pour 2019 et +8,0% pour 2020. Sur un mois il est révisé à la hausse pour les deux années. Pour le S&P500 américain, la croissance annuelle 2019 est attendue à +1,7% et à +6,2% pour 2020. Si 2019 a été révisé à la hausse sur le dernier mois (+0,2%), 2020 a été révisé à la baisse (-0,3%). 

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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