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Bonnes surprises

Si nul ne se hasarde à dater avec précision la fin de la crise sanitaire, tout le monde sait qu’une issue prochaine existe grâce aux vaccins. On ne pouvait pas en dire autant il y a seulement six mois. Restriction sanitaire d’une part, espoir de normalisation d’autre part, quelle part jouent ces deux paramètres dans les perspectives (Bruno Cavalier, Oddo BHF).

Cette semaine nous a apporté son lot de bonnes surprises : indices PMI flash meilleurs qu’attendu, rebond fort de la confiance des ménages, de l’indicateur avancé allemand IFO et le climat des affaires et celui de l’emploi en France se sont nettement améliorés selon l’INSEE.

S’il est vrai que la campagne vaccinale enchaîne les ratés depuis 3 mois, notre analyse est qu’aujourd’hui le pessimisme sur l’économie européenne au T1 est une erreur : les enquêtes auprès des entreprises signalent leur forte capacité de rebond.

L’élément le plus important sur lequel s’appuie notre raisonnement est l’enquête PMI IHS Markit dont la solidité est bien établie.

Les données PMI flash de mars signalent un retour de la croissance en Eurozone, la reprise de la demande mondiale favorisée par la sortie progressive de la crise sanitaire ayant contribué à une hausse sans précédent des volumes de production dans l’industrie manufacturière. Par ailleurs, si les restrictions liées à la lutte contre la pandémie ont continué de peser sur l’activité des prestataires de services, la contraction des services a ralenti pour afficher son rythme le plus faible depuis août 2020.Parallèlement la croissance de l’emploi s’est accélérée en mars, le remplissage des carnets de commandes ainsi que l’amélioration des perspectives d’activité à 12 mois ayant conduit les entreprises à renforcer leur capacité opérationnelle.

Selon son estimation flash, l’indice composite IHS Markit s’est redressé de 48,8 en février à 52,5. Il signale la 1ère hausse de l’activité de l’Eurozone depuis septembre. L’indice met également en évidence la plus forte hausse de l’activité depuis juillet 2020 et la 2ème plus forte expansion depuis 28 mois.

Les tendances divergent toutefois entre les 2 secteurs couverts. Dans l’industrie, la croissance de la production s’est fortement accélérée en mars, affichant un rythme sans précédent (soit son plus haut niveau depuis 1997). Dans le secteur des services en revanche, la pandémie de Covid-19 a continué de peser sur les performances des entreprises, les mesures de distanciation sociale ayant entraîné une 7ème baisse consécutive des niveaux d’activité.

Le rebond de la croissance industrielle s’est appuyé sur une hausse record de la production en Allemagne ainsi que sur la plus forte expansion de l’activité manufacturière depuis janvier 2018 en France et dans le reste de la zone.

L’Allemagne a également dépassé ses voisins par les performances de son secteur des services. Les prestataires allemands ont signalé une légère croissance de leur activité pour la 1ère fois depuis 6 mois, tandis qu’en France et dans le reste de la zone la contraction de l’activité s’est maintenue, ne faisant que ralentir par rapport au mois précédent.

En termes de croissance globale, l’Allemagne a enregistré sa plus forte expansion depuis plus de 3 ans en mars, son PMI composite passant de 51,6 à 56,8 tandis que dans le reste de l’Eurozone les données signalent un retour à la croissance pour la 1ère fois depuis juillet 2020 (50,6 vs 48,2)

Le volume des nouvelles affaires reçues par les entreprises est également reparti à la hausse et a affiché son plus haut niveau depuis juillet 2020. Les exportations ont enregistré une croissance particulièrement soutenue, la hausse quasi record observée au cours du mois résultant d’une augmentation sans précédent des ventes à l’export dans l’industrie, elle même portée par une croissance record en Allemagne.

La reprise de la croissance des nouvelles affaires a entrainé une accumulation du travail en cours, la 1ère depuis 28 mois. La hausse du travail en attente a été particulièrement marquée en Allemagne.

Afin de faire face à l’augmentation du travail en attente, les entreprises ont recruté du personnel supplémentaire pour un 2ème mois consécutif. Le taux de croissance de l’emploi a atteint son plus haut niveau depuis novembre 2019.

Dans l’industrie, l’emploi a enregistré sa plus forte progression depuis août 2018. Bien que nettement plus modeste, la hausse des effectifs signalée par les services a été la plus marquée depuis le début de la pandémie.

C’est en France que les créations de postes ont été les plus importantes avec la plus forte expansion des effectifs depuis octobre 2018. En Allemagne, l’emploi a enregistré sa plus forte croissance depuis juin 2019.

Les créations de postes ont également été soutenues par des perspectives d’activité favorables pour les 12 prochains mois. La confiance des entreprises s’est en effet maintenue.

L’accélération attendue des vaccinations et son impact positif sur les taux d’hospitalisation en Grande-Bretagne et en Israël permettent d’être optimiste. Nous pensons que les restrictions dans la plupart des pays européens seront graduellement levées à partir de la 2ème moitié du mois d’avril.

Trois autres publications cette semaine confirment l’embellie des PMI, à chaque fois il s’agit de surprise étonnante.

La 1ère est l’enquête sur le moral des ménages dans l’Eurozone mesuré par la Commission Européenne et Refinitiv. La confiance des ménages bondit à -10,8 en mars vs -14,8 en février et des attentes à -14,5. La moyenne du T1 2021 est donc à -13,7 en hausse significative par rapport au -15,6 du T4 2020.

La 2nde est l’IFO Business Climate Index allemand qui bondit à 96,6 en mars vs 92,7 en février. Les perspectives passent de 95,0 à100,4 reflétant sans doute la hausse des carnets de commandes, mais la situation actuelle s’améliore également, passant de 90,6 à 93,0. Tous les secteurs se redressent, le manufacturier passe de 16,4 à 24,1, les services de -2,2 à 6,5, le commerce de gros et de détail de -14,6 à -1,4 et la construction de -2,8 à 2,3.

La 3ème est l’enquête de l’INSEE sur le climat des affaires en France et celui de l’emploi.

En mars 2021, le climat des affaires s’améliore nettement. L’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprises des principaux secteurs d’activité marchands, gagne 7 pts. A 97, il se situe au plus haut niveau depuis le début de la crise sanitaire, se rapprochant de sa moyenne de longue période.

Cette nette hausse reflète surtout un regain de confiance dans le tertiaire : les climats des affaires dans les services et dans le commerce de détail progressent, respectivement de 6 et 5 pts par rapport à février et, dans le commerce de gros de 3 pts par rapport à janvier. Dans l’industrie, après 3 mois d’amélioration, le climat des affaires est stable en mars. Dans le bâtiment, l’opinion des entrepreneurs sur leur activité, tant récente que prochaine, s’améliore assez nettement en mars.

Dans le même temps, le climat de l’emploi rebondit nettement. A 92, il gagne 6 pts et retrouve un niveau équivalent à celui de septembre 2020. Cette amélioration est principalement due à la hausse des soldes d’opinion sur l’évolution, passée comme prévue, des effectifs.

Aux États-Unis, les chiffres publiés cette semaine ont été très perturbés par la situation climatique des semaines précédentes.

Pour autant, l’IHS Markit Flash US Composite PMI conforte les chiffres européens. L’US composite reste à un niveau très élevé, 59,1, les services à 60,0 sont au plus haut depuis 80 mois, signalant l’impact massif de la levée des restrictions, et l’US manufacturing PMI est à 59,0 vs 58,6 en février.

En Chine aussi la croissance reste forte au début de 2021 même s’il est probable qu’elle s’effrite trimestre après trimestre après un record de 10,4ù de croissance annualisée au T4 2020. C’est cette vigueur de la croissance chinoise qui a provoqué une hausse de 9% du Renminbi versus US$ depuis mai dernier.

La synthèse des PMI nationaux permet de s’attendre à un global PMI de 55,1 vs 53,9 en février, une forte accélération de la croissance mondiale au plus haut depuis 3 ans. Celle-ci est assortie d’une forte pression sur les prix, notamment logistiques. Si les perspectives du commerce international sont également très favorables avec une hausse spectaculaire des volumes (2,5% m/m sur janvier selon le CPB Netherlands Bureau), la fermeture pour une durée indéterminée du canal de Suez ajoutera une pression supplémentaire sur les coûts du shipping.

Selon EPFR Global, ralentissement des flux sur les fonds et ETF actions cette semaine, mais ils restent à l’équilibre. Les arbitrages se font, c’est nouveau, au profit des fonds monétaires qui recouvrent les rachats qu’ils avaient subi depuis le début de l’année, et dans une bien moindre mesure des fonds obligataires, et même des govies sans doute grâce à la remontée des taux, du high yield et des TIPS.

Sur les actions, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas continuent de recevoir des suscriptions significatives.

Pas de changements stratégiques lors de notre réunion de gestion cette semaine, nous continuons à favoriser les entreprises cycliques, les défensives seront en effet pénalisées en valorisation par la remontée des taux qui va continuer de façon quasi certaine sur les 6 prochains mois ; La différence de performance entre cycliques et défensives à 6 mois reste substantielle selon nous.

Bonne semaine pour nos fonds, tous en hausse et qui, après le choc du début du mois, reviennent sur les niveaux de leurs indices de référence.

Sur FCP Mon PEA, un arbitrage avec l’achat d’ne entreprise cyclique, Rexel, distributeur de matériaux, et la vente de Worldline. RAS sur Erasmus Mid Cap Euro. Pour Erasmus Small Cap Euro, Aymeric cède Ekinops, Nexus et Stratec dans le même mouvement stratégique et achète Friedrich Vorwerk, une IPO allemande intéressante.

Nous arrivons à fin mars et bientôt l’année 2020 s’effacera des tablettes en terme s de consensus pour être remplacée par 2022 ; Cette semaine le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européen attend pour 2020 un recul des BPA de -38,6% mais un rebond pour 2021 qui est maintenant à +57,0% ; ainsi les résultats 2021 seraient presque revenus au niveau de ceux de 2019. Aux États-Unis et pour le S&P500 ils les ont dépassé avec des attentes à -17,4% pour 2020 et +27,5% pour 2021.

Jean-François GILLES

Président du directoire d’Erasmus Gestion

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