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Point Bourse Hebdomadaire du 1er octobre 2018 : Semaine compliquée !

La semaine écoulée a été marquée par Patrimonia et nous nous réjouissons d’y avoir à nouveau rencontré tant de partenaires et amis, d’avoir échangé avec eux sur les ressentis des clients et pu exposer notre analyse de la situation des marchés pour les semaines à venir.

Analyse qui s’est complexifiée cette semaine à la suite de deux rendez-vous importants : la réunion de la Federal Reserve d’abord, qui, tout en rassurant sur la croissance américaine, a annoncé prévoir plus de hausses des taux que les marchés ne l’escomptaient, la présentation du budget italien ensuite qui montre un creusement du déficit à 2,4% en 2019 et au cours des deux années suivantes.

 Comme l’écrit François Duhen (CM-CIC) « la réaction des marchés financiers est à la hauteur de la surprise et de la déception que constitue cette décision et c’est l’ensemble des actifs européens qui subit ce regain d’aversion au risque et qui entraîne une sortie des flux financiers positionnés sur l’Europe ».

Aujourd’hui, et nous ne savons pas pour combien de temps, la situation des marchés européens apparaît plus précaire : l’euro a reculé (et c’est tant mieux !) de près de 1% sur la semaine ; les marchés obligataires ont fortement décalé, les taux souverains italiens à 10 ans bondissant de 25pb à 3,15% tandis que le Bund (-6pb à 0,47%) et l’OAT français (-4pb à 0,80%) bénéficient d’arbitrages car ils apparaissent comme des valeurs refuges ; les marchés risqués ont été fortement pénalisés, l’indice italien en tête (-3,6%) mais aussi l’ensemble des autres indices européens (Stoxx600 -0,8% et CAC40 -0,9% vendredi). Le secteur financier est particulièrement affecté en Europe mais les marchés américains et asiatiques ont progressé vendredi.

Jack Allen (Capital Economics) craint que cette dérive budgétaire, qui selon lui n’aura pas d’impact positif sur la croissance, s’amplifie ces prochaines années et que ceci entraîne une hausse progressive des taux italiens car la confiance que les investisseurs avaient placé dans l’orthodoxie budgétaire de Giovanni Tria est désormais largement entamée.

L’enquête de la Commission Européenne sur le sentiment économique en zone euro a confirmé le ralentissement de la croissance, ceci devrait conforter la BCE dans son approche prudente de la fin de son assouplissement monétaire. L’ESI (Economic Sentiment Indicator) recule de 111,6 en août à 110,9 en septembre, c’est un peu plus faible qu’attendu et le 9ème recul consécutif qui amène l’indicateur au plus bas de 15 mois. Comme les PMI l’ont montré la semaine dernière, c’est le secteur industriel qui est le plus affecté par le ralentissement des exportations, dans le détail cependant quelques sous indicateurs de production et de commandes restent encourageants. Le secteur de services s’en tire mieux et progresse en septembre. L’Espagne et la France faiblissent davantage que l’Allemagne ou l’Italie.

En début de semaine deux indicateurs nationaux avaient été encourageants.

L’IFO allemand mardi, quasi stable en septembre (103,7 vs 103,9 en août, 101,7 en juillet et 103,8 il y a un an). Ce sont toujours les contentieux commerciaux qui affectent l’indicateur, compensés en partie par la force de la demande domestique. Si la situation actuelle n’est pas affectée (106,4 vs 106,5) par contre les perspectives le sont un peu plus (101 vs 101,3). Il est utile de rappeler que tous les indicateurs sont bien au-dessus de leurs moyennes (climat 97,5, perspectives 98,3 et situation actuelle 96,7) et aussi au-dessus de leurs niveaux moyens  de 2017 (103,2, 101,5 et 104,9). Sur le plan sectoriel, c’est le manufacturier qui tire l’indice vers le bas et efface les gains des autres secteurs plus domestiques : services, commerce et construction. Il est intéressant de relever là aussi quelques lueurs pour que le tableau n’apparaisse pas plus sombre que la réalité, si la situation actuelle des industriels est moins positive, par contre leurs perspectives s’améliorent ce qui est de bon augure pour les deux ou trois prochains mois.

En France aussi il y a eu un indicateur encourageant. Après s’être effrité depuis le début 2018, l’indicateur de climat des affaires et de retournement conjoncturel de l’INSEE arrête de baisser en septembre, il passe à 106 vs 105 et demeure à un niveau relativement élevé. A un niveau très élevé fin 2017, il avait décru quasi continûment depuis le début de l’année. Par rapport au mois d’août, l’indicateur de climat des affaires perd trois points dans l’industrie et deux dans le commerce de détail. Il est stable dans le bâtiment. Il gagne un point dans les services et deux dans le commerce de gros. Le climat des affaires demeure au-dessus de sa moyenne de longue période dans chaque secteur.

En septembre 2018, le climat de l’emploi s’améliore à nouveau (108 vs 107), il reste bien au-dessus de sa moyenne de longue période. Ce rebond résulte d’une hausse du solde d’opinions relatif à l’emploi passé dans les services hors intérim, atténué par la baisse des soldes relatifs à l’emploi passé dans le commerce de détail et les services d’intérim et à l’emploi prévu dans les services hors intérim.

Aux États-Unis, « Une page vient de se tourner. Après un nouveau tour de vis cette semaine, le taux directeur de la Fed exprimé en termes réels revient en territoire positif pour la première fois depuis 2008. La politique monétaire n’est plus accommodante » (Bruno Cavalier Oddo-BHF).

En effet, au cours de sa réunion des 25-26 septembre, le FOMC (Federal Open Market Committee) de la Fed a décidé :

  • Un relèvement de 25pb de ses taux directeurs à 2,25%, ce qui était attendu, et 12 de ses 16 membres jugent qu’une nouvelle hausse des taux en décembre serait appropriée, ce qui l’était moins.
  • De relever ses prévisions de croissance pour 2018(3,1% vs 2,8%) et 2019 (2,5% vs 2,4%), 2020 étant inchangé à 2% et la première prévision pour 2021 étant à 1,8%.
  • De maintenir ses prévisions de hausses des taux à 3 en 2019 (qui porteraient les taux directeurs à 3,25%), puis une en 2020 ( à 3,50%).
  • De relever à 30 milliards$ pour les Treasuries et 20 milliards$ pour les obligations hypothécaires, par mois, la possibilité de réduction de la taille de son bilan par la

Jerome Powell, le président de la Fed, a bien rappelé les incertitudes qui pèsent sur les prévisions de long terme lors de sa récente intervention à Jackson Hole, il n’en demeure pas moins que l’ensemble de ces décisions reflète l’optimisme accru de la banque centrale sur l’économie américaine.

Si le secteur immobilier résidentiel, indicateur avancé de fin de cycle, continue à être scruter avec attention, et il le sera davantage encore avec les hausses de taux annoncées, les chiffres de la semaine sont plutôt rassurants.

Les ventes de maisons neuves ont monté de 3,5% en août et sur la période janvier-août elles sont en hausse de 7% en 2018 vs 2017. Par contre, les ventes de maisons anciennes sont stables en août vs juillet et en recul de 2% sur les 8 premiers mois de l’année.

Le Conference Board US Consumer Confidence Index progresse en septembre à138,4 vs 134,7 en août, un  plus haut de 18 ans et bien au-dessus du consensus (132,1). Il se situe quelques points sous le plus haut historique de 144,7 atteint en janvier 2000 et indique un fort soutien à la consommation (70% du PIB aux États-Unis) à l’orée du si important T4. Les perspectives augmentent de 6 points à 115,3, plus haut depuis septembre 2000, et permettent d’envisager une consommation à +3% au T4. Les ménages sont optimistes sur le marché du travail, l’activité, leurs revenus, leurs intentions d’achat et ils attendent plus de hausses des prix l’an prochain. Il est intéressant de noter que l’augmentation de la confiance des ménages au cours de la dernière année a été plus forte chez les ménages à revenus modestes qui ont une plus forte propension à consommer.

Semaine de retrait sur les marchés, plus pour les indices zone euro que pour le CAC40. Dans cette tourmente seul Erasmus Micro Cap Euro résiste bien et nous espérons que la semaine à venir permettra un rétablissement.

Sur le Stoxx600, le secteur Média (+3%) affiche la meilleure performance grâce à SES (+15,9%) après les enchères pour la vente de fréquences 5G en Italie ; à la hausse aussi Pétrole & Gaz (+2,9%) et Santé (+1,8%). Le secteur Automobiles & Equipementiers (-4%) affiche la pire performance à cause de l’application de la sur taxation de 10% des importations chinoises aux États-Unis et de l’impact du cycle de tests WLTP imposé par Bruxelles sur les constructeurs automobiles. Le secteur est tiré vers le bas par BMW (-9,4%) qui a publié mardi un profit warning. En forte baisse aussi les Banques (cf Italie voir ci-dessus,-3%) et la Chimie (-2,4%).

Léger retrait pour le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/Factset sur le Stoxx600 européen des attentes pour 2018 (+6,3% vs +6,4%), elles sont inchangées pour 2019 (+9,6%) et inchangées également pour le S&P500 américain,+18,4% pour 2018 et +8,5% pour 2019.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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