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Mode panique

Les marchés financiers de l’Eurozone sont cette semaine passés d’une situation horrible à un état désastreux tandis que le coronavirus se diffusait rapidement dans la région.

Jeudi, les bourses européennes ont connu leur pire séance depuis plus de 30 ans, l’Italie étant le pays le plus affecté tant par l’épidémie que par la chute de la Borsa Italianna.

New-York a vendredi enregistré ce qui semble être la reconnaissance par Donald Trump de la gravité de la situation et Wall Street a fortement rebondi.  

Pour le moment, les marchés sont en mode panique. Les paniques sont redoutables mais temporaires. A un moment beaucoup d’investisseurs réaliseront qu’en dépit de l’importance du problème à affronter, la chute des marchés a été trop loin et qu’il faut profiter de l’aubaine. Mais les économistes ne peuvent pas prévoir quand et comment ce point sera atteint. Contre la réaction panique face à une urgence médicale sévère et qui empire, il n’est pas certain qu’un énorme stimulus monétaire et fiscal suffira à couper les circuits des vendeurs, c’est ce qui rend difficile de prévoir le plancher de la panique. Par contre, ce que l’on peut mesurer en utilisant pour la période à venir un scénario prudent, c’est si la dépréciation en cours correspond à une juste valorisation des actifs d’un point de vue fondamental. 

Ce n’est pas le cas.

Malheureusement il est possible qu’il s’écoule quelque temps pour que les incertitudes autour de l’épidémie du coronavirus se dissipent et que les excès qui en découlent se corrigent. 

En effet, quantifier aujourd’hui les pertes économiques qui seront provoquées par un confinement dont on ne connaît pas la durée est presque impossible. Quelques activités vont s’interrompre pour quelque temps, d’autres se poursuivront à un rythme réduit, certaines, comme tout ce qui touche à la santé connaîtront au contraire une accélération. Enfin nous sortirons vraisemblablement de cette séquence avec une part accrue des services modernes qui aura migré vers le monde virtuel. Beaucoup de pertes, notamment dans les services aux consommateurs, seront irrattrapables mais non récurrentes. Dans d’autres secteurs une part plus ou moins importante des pertes de production pourra être récupérée une fois que les chaînes de production et logistique seront rétablies. Et dans le passé, quant le pire est dernière nous, on a souvent observé un rebond de la demande pour les biens industriels, la construction et même le luxe.

Les coûts correspondant à la phase de contraction seront en partie à la charge des budgets gouvernementaux ou communautaires. Aidés par des politiques monétaires extrêmement expansionnistes, les gouvernements s’apprêtent à apporter une aide sans précédent aux entreprises pour leur permettre de traverser ce moment en limitant la casse sociale et en soutenant la consommation pour contenir faillites, dépôts de bilan et la montée d’une vague de créances douteuses pour les banques. 

Tout ceci est vrai, sûr, et il reste probable que la pandémie est un risque temporaire. Une fois que le pire sera passé, les entreprises, les salariés et tous les agents économiques retourneront progressivement à un comportement normal.

Et alors il semblera invraisemblable que les entreprises privées dont la valeur est mesurée par la capitalisation aient perdu plus du quart de celle-ci depuis le début 2020.

Quand le rebond commencera, cela se produira certainement dans un environnement où les taux resteront à des niveaux très bas et pour une période plus longue qu’attendu il y a 3 mois. Ceci rendra les dividendes des marchés actions encore plus attractifs à un moment où une grande partie des stimuli monétaires et fiscaux seront encore disponibles. La faiblesse des taux longs rendra plus aisé aux gouvernements de supporter la charge budgétaire des frais financiers provenant de l’accroissement de leurs déficits budgétaires et devrait permettre d’éviter une remontée trop rapide des taxes dans les premières années suivant la crise.

Cerise sur le gâteau, l’effondrement du prix du baril et de l’essence à la pompe va doper le pouvoir d’achat des ménages.

Mme Christine Lagarde a été malheureuse dans son expression jeudi lors de la conférence de presse de la BCE. Il n’en demeure pas moins :

  • Que les décisions prises sont excellentes : injections supplémentaires de liquidités à long terme à des conditions encore plus favorables (TLTRO III), relèvement des achats de l’assouplissement quantitatif de 120 milliards€ d’ici la fin de l’année, moindre exigences en matière de collatéraux.
  • Il est faux de dire que la BCE n’a plus de munitions : achats d’actions (ETF) comme la Banque du Japon (BoJ), relèvement des limites d’achat des émissions obligataires ou encore prêts à durée indéterminée.

Le coronavirus conduit l’Eurozone en récession. Mais comme dans le cas des récessions précédentes, au-delà des risques réels à court terme, à un moment la valorisation des actifs devient une étonnante opportunité. Mais il nous faut dans un premier temps avoir une meilleure idée du déroulement de la pandémie pour que les marchés sortent de la phase de reflux. 

Selon l’indicateur synthétique mensuel d’activité (ISMA) de la Banque de France, le produit intérieur brut (PIB) progresserait en France de +0,1% au T1 2020.

Après sa baisse de janvier, la production industrielle progresse en février, particulièrement dans l’aéronautique et l’automobile. L’activité ralentit dans l’informatique-électronique. Les nouvelles commandes étrangères se contractent.

Dans un contexte marqué par les craintes liées au coronavirus, les chefs d’entreprise anticipent un repli de la production en mars.

L’activité continue de progresser en février dans la plupart des services, mais de façon plus modérée. La croissance des effectifs se maintient.

Selon les chefs d’entreprise, dans un contexte marqué par les craintes liées au coronavirus, l’activité diminuerait en mars.

L’activité du bâtiment reste dynamique en février, dans le gris œuvre comme dans le second œuvre. Les carnets de commandes s’effritent quelque peu. En mars l’activité ralentirait.

 Durant cette période de grade incertitude, les mesures de sentiment prennent encore plus d’importance par rapport aux données de l’activité actuelle. A cet égard, et pour les États-Unis, le recul modeste en mars de l’enquête de l’Université du Michigan sur le sentiment des consommateurs (95,9 vs 101,0 en février), au plus bas depuis octobre, avec les perspectives (85,3 vs 92,1) qui déclinent davantage que la situation actuelle (112,5 vs 114,8) est peut-être un premier signe. Cependant dans ses commentaires l’enquête précise : « Les réponses initiales à l’épidémie n’ont pas généré le type de panique économique parmi les consommateurs qui s’était installée à l’arrivée de la Grande Récession (2008/2011). »

Une semaine avant sa réunion de politique monétaire le 18 mars, la Fed a renforcé son arsenal pour tenter de réduire les tensions financières. Elle a annoncé qu’elle procéderait à 3 opérations de repo de 500 milliards$ en plus de celles qu’elle a conduit déjà depuis l’an dernier pour éviter la hausse des taux sur le marché monétaire. Elle modifie aussi le ciblage de ses achats mensuels d’obligations du Trésor qui concerneront toutes les maturités désormais : c’est un véritable Quantitative Easing

Quelques données chinoises enfin.

Durant janvier et février les exportations chinoises ont reculé de 17,2% alors que les importations se sont contractées de 4%. Cependant, compte tenu du ralentissement industriel actuel il est vraisemblable que les importations reculeront dans les mois à venir les stocks sont en hausse et la demande reste faible.

L’inflation en Chine diminue (5,2% vs 5,4% en janvier) ainsi que celle des prix à la production(-0,4% vs +0,1%) du fait de la chute des prix des matières premières. L’inflation devrait baisser davantage dans les mois à venir.

La Banque Populaire de Chine continue d’agir pour soutenir l’activité. 

Tout d’abord en maintenant en février le taux de croissance des prêts à 12,1% y/y malgré une baisse des crédits aux consommateurs (chute des ventes immobilières et automobiles) plus que compensée par les prêts aux entreprises. Puis vendredi en abaissant à nouveau le taux des réserves obligatoires des banques de 50 à 100 bp, ce qui pour la PBoC devrait permettre un accroissement de 550 milliards de RMB des liquidités interbancaires à long terme. D’autres baisses semblent probables. 

Dure semaine sur les marchés et pour nos fonds. Ceux-ci à nouveau baissent un peu moins que les indices, c’est une bien piètre consolation.

Pour FCP Mon PEA, investi à 91%, achat cette semaine d’EDF.

Aymeric pour Erasmus Mid Cap Euro, investi à 94%, achète trois entreprises à caractère défensif, Albioma dans les énergies renouvelables, Carl Zeiss Meditec dans l’équipement médical et Technogym, fabricant italien d’équipements de salles de sport.

Hugo pour Erasmus Small Cap Euro, investi à 92%, cède Voyageurs du Monde et l’italien Eurotech Spa.

Erasmus Gestion a activé son plan de continuité d’activité dans l’intérêt de ses salariés et des investisseurs qui nous font confiance.

Le dispositif mis en place permet aux équipes d’Erasmus de poursuivre dans les meilleures conditions la gestion et le suivi des fonds Erasmus. Des tests informatiques ont été effectués la semaine dernière pour s’assurer du bon fonctionnement de l’outil de travail et permettre la meilleure collaboration entre les équipes.

L’équipe Relations Investisseurs d’Erasmus reste à votre disposition pour vous informer du comportement des fonds Erasmus par email ou conférence téléphonique.

Ce dispositif complet nous permet de rester confiant sur la bonne poursuite de notre activité dont la gestion des fonds Erasmus qui constitue la priorité.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

Lire le point bourse de la semaine dernière :  https://www.tanguyfinances.fr/modestes-et-defensifs/

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