image point bourse

La situation pourrait empirer avant de s’améliorer

Le début de l’année continue d’apporter des mauvaises nouvelles pour l’Europe alors que la situation sanitaire se dégrade à travers le continent. L’élargissement des confinements et couvre-feux va dans un premier temps affecter l’activité avant que la progression de la vaccination soit suffisante pour permettre un redressement de l’activité.

Joe Biden s’installera à Washington dès mercredi avec une forte volonté de soutenir rapidement l’économie américaine, dès le T1 via une impulsion budgétaire centrée autour des ménages et des collectivités locales, puis par un plan de relance pour les infrastructures et la transition climatique.

Le 14 janvier, le futur président a dévoilé sa feuille de route avec 1900MM$ de relance budgétaire qui viennent s’ajouter aux 900MM$ déjà votés en décembre, ce qui constituera une impulsion budgétaire massive dans le courant du S1. L’ampleur de ce nouveau volet est nettement supérieure aux attentes et annonces précédentes mais les taux souverains ne montent que modérément.

Voici les points clés :

  1. Les principaux bénéficiaires sont les ménages (pour 1 000MM$) et Joe Biden cible la consommation comme principal moteur de la reprise une fois le virus sous contrôle. Le plan vise une hausse de 600 à 2 000$ du chèque par américain conditionné à des revenus inférieurs à 75K$, un renforcement des aides pour les demandeurs d’emplois de 300 à 400$ hebdomadaire, ou encore l’introduction dès que possible d’un salaire minimum de 15$ l’heure.
  2. Une prolongation de plusieurs mesures importantes jusqu’à septembre (aides pour les chômeurs et aides pour les loyers) permettront à l’économie d’accompagner une amélioration sanitaire qui prendra nécessairement encore quelques mois.
  3. Un volet sur la lutte contre la pandémie avec des moyens renforcés pour vacciner mais aussi l’élargissement des aides pour congés maladie qui avaient disparu fin 2020.
  4. Des aides aux collectivités locales, écoles et autres institutions publiques pour près de 500MM$ afin de contenir le risque de suppression de postes et assurer un maintien de l’activité des écoles ouvertes.
  5. Enfin, un soutien plus contenu pour les entreprises et plus ciblé sur les PME pour plusieurs dizaines de MM$

La question du vote reste le principal enjeu de court terme. Les arbitrages en faveur des ménages et des collectivités, mais aux dépens des entreprises, doivent permettre de trouver un large consensus mais si Joe Biden a confirmé la ;recherche d’un vote bipartisan, cela s’annonce complexe d’aller chercher un large soutien parmi les républicains : cette proposition pourrait donc être une base de travail avec des concessions à venir.

Au global, ces éléments vont largement renforcer les perspectives de croissance et d’inflation et cela dès 2021. Le mouvement haussier constaté sur les taux souverains, avec une amplitude supérieure sur la partie longue de la courbe, intègre un début de réduction de l’action de la Fed sur un horizon plus proche. Aussi le 14, Jerome Powell s’est de nouveau montré prudent quant aux ajustements à venir de la part de la banque centrale, faisant suite aux propos de R Clarida le 13 expliquant qu’une 1ère hausse des taux ne peut être envisagée tant que l’inflation ne sera pas installée au-dessus de 2% pendant un an. Le président de la Fed a pour sa part rappelé les épisodes précédents d’accidents, 2013 notamment, et qu’une modification de la politique monétaire dans un sens moins accommodant n’était pas à l’ordre du jour pour l’instant.

L’indice des prix américains est monté en décembre à 1,4% vs 1,2% en novembre mais presqu’un pourcent plus bas que son niveau de 2,3% de février 2020. L’inflation sous jacente est elle restée stable à 1,6% ce qui est 0,8% sous son niveau de février 2020.

Si les ventes au détail ont reculé en décembre aux États-Unis de 0,7% sur le mois, elles demeurent 2,6% au-dessus de leur niveau d’avant pandémie et sur l’année 2020 elles auront progressé de 0,4%.

En novembre, les exportations de l’(Eurozone ont progressé de 2% m/m alors que les importations augmentaient de 2,4%. Par rapport à octobre, l’excédent commercial (25,8MM€) s’est à peine réduit (-0,14MM€), en dépit des mesures restrictives prises par plusieurs pays, notamment parce que ces mesures affectent peu le secteur industriel. La hausse de l’€ est aussi un facteur à prendre en compte dans la réduction de 5% de l’excédent commercial depuis mars 2020, mais on voit bien qu’à ce stade la hausse de la demande globale l’emporte largement sur celle de l’€.

Pour illustrer ce dernier point, le Drewry World Container Index, qui mesure l’évolution du prix du transport par container, est passé d’un niveau de 1500 de mars 2019 à avril 2020 à 5200 aujourd’hui avec une montée en flèche au cours des 6 derniers mois.

En Eurozone plus encore, l’inflation est loin d’être une menace. En France, l’inflation sous jacente est tombée à 0,2% en décembre vs 0,4% en novembre et en Espagne elle est passée de 0,2% à 0,1%. L’inflation de décembre pour l’Eurozone qui sera publiée la semaine prochaine devrait se maintenir à -0,3% pour le 4ème mois consécutif.

C’est cette situation qui fait que la réunion de la BCE de la semaine prochaine est considérée comme un non événement. Son comité devrait confirmer le maintien pour une durée aussi longue que nécessaire des mesures accommodantes qui ont été décidées. Le risque principal serait pour la BCE une prolongation au T2 des mesures actuelles de confinement et de couvre-feux.

Les chiffres du commerce extérieur chinois publiés jeudi montrent à la fois une bonne tenue des exportations et une hausse des importations qui suggère que la demande domestique est forte. L’excédentcommercial a atteint un nouveau record ce qui montre l’échec de Mr Trump dans ce domaine. Le PIB de la Chine, qui sera publié lundi, devrait montrer la croissance la plus vive depuis 3 ans, dans le sillage de la remontée continue de la consommation, d’un commerce extérieur porteur et d’usines qui semblent tourner à plein régime.

Cependant, à la veille des fêtes du nouvel an (12 février), les autorités s’inquiètent là aussi de la recrudescence des contaminations et frappent très vite et très fort. Ce fonctionnement s’est avéré efficace à chaque début de nouvelle vague épidémique (juin, juillet et octobre).

Les flux de souscriptions, mesurés par EPFR Global, restent à des niveaux élevés sur la plupart des classes d’actifs. Il faut toutefois noter de légers rachats sur les obligations HY et des rachats plus substantiels sur les govies. Belles souscriptions sur les fonds et ETF actions, hors les États-Unis. Il faut noter pour l’Europe les souscriptions les plus élevées depuis près de 3 ans qui favorisent notamment l’Allemagne et la France.

Nous restons pleinement investis dans nos portefeuilles, cependant un peu moins agressifs qu’au lendemain de l’élection américaine. Notre exposition aux entreprises cycliques/value a été écrêtée, elle reste cependant élevée par rapport au S1 2020.

Semaine de correction après l’enthousiasme des 2 derniers mois, correction enregistrée par nos fonds sans qu’elle efface l’avance acquise depuis le début de l’année.

FCP Mon PEA a cédé Aéroport de Paris, le retour à la normale pour le transport aérien s’éloignant, et acheté GTT (Gaz Transport & TechniGaz), à la fois pour sa position dominante sur les cuves pour méthaniers mais aussi pour son entrée dans l’industrie de l’hydrogène.

Léa pour Erasmus Mid Cap Euro a cédé Siltronic qui cote au-dessus du cours de l’OPA dont elle est l’objet et Aymeric a fait de même pour Erasmus Small Cap Euro. Par ailleurs Léa, compte tenu des ventes du nouvel iPhone supérieures aux attentes, a acheté l’allemand Dialog Semiconductor, spécialiste des circuits intégrés à signaux mixtes destinés aux appareils portables (téléphones mobiles, lecteurs MP3, ordinateurs portables, etc..) et aux équipements automobiles.

Le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 européenattend -41,6% pour 2020 et +58,8% pour 2021, les deux années ayant été révisées de +0,5% sur le dernier mois. Aux États-Unis et pour le S&P 500, les attentes sont à -20,4% pour 2020 et +27,1% pour 2021 avec sur un mois des révisions de +0,4% sur 2020 et +0,9% pour 2021.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

Articles similaires

image point bourse
21 septembre 2021

L’inflation : une menace ?

image point bourse
14 septembre 2021

Poursuite de la reprise