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Banques centrales + États

Les restrictions fortes qui ont été mises en œuvre en Europe ont permis de dépasser le pic de contamination dans la majorité des pays et d’envisager l’après en attendant les effets positifs des vaccins. Les dirigeants ouvrent la voie à un déconfinement pour les fêtes de fin d’année tout en maintenant une très grande prudence qui pèsera sur la croissance. Aux États-Unis, l’économie continue de surprendre par sa résilience malgré une situation sanitaire de plus en plus inquiétante.

C’est maintenant aux banquiers centraux d’agir lors de leurs rendez-vous de décembre pour assurer des conditions de financement favorables, ce qui maintiendra durablement un environnement de taux bas. Mentionnons enfin qu’en ce qui concerne la monnaie unique, le renforcement du soutien monétaire de la BCE constituera aussi l’un des principaux facteurs limitant le rythme d’appréciation de l’€ ces prochains mois.

Même si les économistes ont une grande dispersion de leurs prévisions de croissance pour 2021 et 2022, la tendance est cependant à une nette révision à la hausse sous les effets bénéfiques attendus des vaccins qui viennent d’être annoncés et soumis à la FDA.

Ainsi Capital Economics vient de procéder à une revue générale vers le haut de ses attentes pour 2021 et 2022. Même si quelques mois difficiles sont encore devant beaucoup d’économies, le bureau d’études revoit ses prévisions pour l’économie mondiale de +0,8% pour 2021 et +0,5% pour 2022 à respectivement +6,8% et +4,6%.

Cette révision touche la plupart des pays sauf la Chine, celle-ci ayant pris une sérieuse avance en 2020.

Ainsi les États-Unis passeraient pour 2021 à un PIB à +5,0% vs +4,5% et en 2022 à +4,5% vs +3,8%, l’Eurozone 2021 à +5% vs +3% et 2022 à +4% vs +3,5%, la Grande-Bretagne 2021 à +7,5% vs +4% et 2022 à +7,5% vs +5%, le Japon 2021 à +3,7% vs +3,5% et 2022 à +2,3% vs +2%, l’Inde 2021 de +10,5% à +12% et 2022 de +7% à +9,5%, l’Amérique Latine 2021 de +4,8% à +5,6% et 2022 de +2,6% à +3,7% et l’Europe émergente 2021 de +4,1% à +4,8% et 2022 de +3,4% à +4,4%. Seule la Chine resterait à +10% en 2021 et 2022 baisserait même de +4% à +3,5%.

Rappelons que pour Bank of America la croissance globale 2021 serait à 5,4%, celle des États-Unis à 4,5% et celle de la Chine à 8,5%.

Ces révisions reposent sur la levée des restrictions au cours du T2 2021 lorsque les groupes les plus vulnérable des populations auront été vaccinés, soit malgré les incertitudes vers les mois d’avril/mai.

Au delà, la situation devrait s ‘(améliorer car la consommation des ménages devrait repartit vigoureusement. Cela a été le cas après le déconfinement suivant la première vague, cela devrait l’être avec davantage d’ampleur en 2021 compte tenu de l’absence de risque de rechute apporté par le vaccin.

Ce qui est vrai pour la consommation des ménages l’est aussi pour la confiance des entreprises et leurs investissements, freinés en 2020 par les confinements et leurs impacts sur la consommation, devraient également repartir graduellement comme l’investissement des ménages alors que les dépenses publiques constitueraient encore un soutien.

Si les nouveaux vaccins réduisent les incertitudes, celles-ci n’ont cependant pas entièrement disparu : il pourrait y avoir une 3ème vague, la distribution des vaccins pourrait rencontrer des difficultés politiques ou logistiques et les gouvernements pourraient lever les restrictions plus lentement. Mais d’un autre côté les vaccins pourraient peut-être se montrer efficaces plus rapidement.

Ce rebond attendu ne modifie pas beaucoup les perspectives d’inflation qui resterait pour l’Eurozone à 0,8ù en 2021 et 1ù en 2022. Le chômage monterait en 2021 à 9%pour redescendre à 8% en 2022.

Par pays, les prévisions de Capital Economics sont pour l’Allemagne à 4% en 2021 et 3,5ù en 2022, pour l’Espagne 2021 à 7,5% et 2022 à 6%, pour la France 2021 à 6% et 2022 à 4% et pour l’Italie 2021 à, 5,5% et 2022 à 3,5%.

Rappelons que pour Oxford Economics la croissance de la France serait de 5,7% en 2021, 5,3% en 2022 et 2,9% en 2023 dans une Eurozone  à4,4% en 2021, 4,8%en 2022 et 2,2% en 2023.

Cela donne une idée des possibles.

Si nous insistons tellement et vous bombardons de chiffres plus encore qu’à l’ordinaire, c’est parce qu’ils sont très forts et que nous craignons que pris par la morosité ambiante causée par la 2ème vague et le reconfinement ils soient oubliés même s’ils ne le sont pas par les marchés.

C’est ce que nous disent certains indicateurs de confiance publiés la semaine dernière, comme la confiance des consommateurs allemands publiée par GfK qui est descendue à -6,7 en décembre après -3,2 en novembre, sortie donc sous les attentes, ou l’indice de confiance des consommateurs publié par l’INSEE pour la France à 90 (consensus 92) venant de 94 en octobre, ou encore l’ESI (Economic Sentiment Indicator) de la Commission Européenne à 87,6 en novembre après 91,1 en octobre. Dans les 3 cas cependant ces indicateurs sont bien au-dessus de leurs niveaux d’avril (64,9 pour l’ESI par exemple).

La BCE est par ailleurs toujours à la manœuvre avec une masse monétaire étroite M1 en progression de 13,8% sur un an et une masse monétaire large M3 en progression de 10,5% sur un an en octobre. Les prêts aux particuliers continuent à croître au même rythme de 3,1% y/y et ceux aux entreprises non financières de 6,8%. Cette expansion du crédit est remarquable dans la conjoncture actuelle après l’effondrement de l’activité au T2 et montre que la transmission de la BCE aux banques fonctionne parfaitement. Les décisions qui seront prises par le Conseil des Gouverneurs de la BCE le 10 décembre en matière de programme d’achats et de TLTRO viseront vraisemblablement à permettre la poursuite de cette expansion du crédit.

Plus que l’Europe, les États-Unis ont à gérer une séquence économique délicate.

Le PIB devrait certes croître de +1% au T4, soit bien mieux que chez nous, après 7,4% au T3, par contre la crise sanitaire implique un faible momentum au début de 2021, voire un recul. En effet avec 180 000 nouveaux cas par jour et 90 000 hospitalisations les hôpitaux sont à saturation et cette situation entraîne une forte hausse des décès. Le dynamisme actuel de l’économie devrait être de courte durée. Dans ce contexte, l’absence d’accord sur un plan de relance complémentaire alors que 14 millions de particuliers sont à la veille de perdre leurs indemnités va constituer à court terme un handicap majeur.

La Fed essaiera d’en diminuer l’impact par ses décisions de soutien le 16 décembre et si nous ne doutons pas que la nouvelle administration de Joe Biden et en particulier sa ministre des finances désignée Janet Yellen, travaillent main dans la main avec Jay Powell et la Fed, l’avenir immédiat est obstrué par les 2 élections sénatoriales partielles en Géorgie le 5 janvier 2021.

Pour la semaine passée, excellent IHS Markit flash US PMI avec le composite à 57,9, plus haut de 68 mois, les services à 57,7, également plus haut de 68 mois et le manufacturier à 56,7, plus haut de 74 mois.

La consommation des ménages a progressé de 6,5% en octobre. Elle est maintenant seulement en retrait de 1,6% par rapport à son niveau de février. Par contre la confiance des ménages mesurée par le Conference Board a reculé de 5,3pts en novembre à 96,1, un plus bas de 3 mois ; depuis avril elle fluctue entre 85 et 102, bien au-dessous de son niveau pré pandémie de 129, à cause de la résurgence de l’(épidémie. Ce sont les perspectives qui se dégradent le plus (-8,7pts) alors que la situation actuelle est presque stable ((-0,3pt).

Le commerce international est important à observer dans ces phases d’incertitude. Il envoie un message rassurant.

Les exportateurs asiatiques font feu de tout bois.

Le Bloomberg Trade Tracker est au mieux depuis sa création il y a plus de 2 ans. 5 des 10 constituant sont en position neutre et 4 au-dessus de la moyenne.

La Chine, la Corée du Sud et Taïwan (électronique) tirent l’indicateur. Les entrées de containers au port de Los Angeles par lequel transitent 40% du trafic mondial, sont à des niveaux records depuis septembre et le prix du transport d’un container de 40 pieds entre Shanghai et Los Angeles est passé depuis juin de 1500 à 4000$, c’est un record. Le prix du transit de containers toutes routes est lui passé de 1500 à 2800$ sur la même période. Les bateaux retournent en Asie avec les containers vides pour capitaliser sur les tarifs plus élevés.

L’Earnings Revision Ratio continue de s’améliorer, et même fortement puisqu’il passe en novembre à 1,3 vs 1,05 et ce dans toutes les régions et dans la majorité des secteurs. C’est d’ordinaire un indicateur anticipé positif pour les marchés. Le ratio US bondit à son 3ème plus haut niveau historique, passant de 1,74 à 2,44, pour l’Europe il passe au-dessus de 1 (0,83 à 1,02) pour la 1ère fois depuis 2 ans, il s’améliore au Japon (0,8 à 1,3), en Asie Pacifique ex-Japon (0,99 à 1,08) et pour les marchés émergents (0,99 à 1,1).

C’est pour les Semi Conducteurs que le ratio sectoriel est le plus élevé (1,51 à 2,47) mais les Services Financiers (2,05 à 2,49) et les Matériaux (1,58 à 2,14),suivent. Le secteur Bancaire (0,7 à 1,22), l’Assurance (1,03 à 1,46) et l’Energie (0,82 à 1,03) sont positifs. Seuls l’Immobilier (0,64), les Télécoms (0,85) et les Software (0,97) restent négatifs.

EPFR Global montre que les flux continuent d’être positifs sur les fonds et ETF actions, surtout sur les zones émergents et Japon, mais aussi États-Unis et Europe qui bénéficient en sus de leur forte allocation dans les fonds internationaux.

Bank of America a pour objectif d’ici au T3 2021 440 sur le Stoxx600, soit un potentiel  de hausse de 12% , mais qui pourrait être suivi d’une correction jusqu’à 410 au second semestre. La recommandation de Sebastian Raedler, surpondération des entreprises value vs croissance, neutre sur les cycliques.

Sur la semaine, les marchés clôturent en légère hausse : S&P +2,4%, Nasdaq +3,9%, Stoxx +0,9%, EuroStoxx +1,7%, CAC +1,9%, DAX +1,5%, Nikkei +3,9% et Shanghai SE +0,9% avec le Bund en baisse de 0,5bp à -0,59% et le 10 ans US +1,2bp à 0,84% . €= 1,196$.

Pour la 2ème semaine consécutive la meilleure performance sectorielle du Stoxx600 est Pétrole & Gaz +6,2% tiré par Total+9,3%, ce secteur est suivi des Banques +5% et de Voyages & Loisirs +4,8%. A l’inverse les Médias -1,0% sous performent comme HPC -0,8% et Santé -0,7%.

Encore une bonne semaine de hausse pour nos fonds qui collent à leurs indices de référence.

Sur FCP Mon PEA qui garde cependant un caractère ESG marqué, vente de nos 3 entreprises d’énergies renouvelables : Albioma, Neoen et Voltalia. Léa pour Erasmus Mid Cap Euro achète 2 entreprises value, Sodexo et l’allemand Siltronic, n°4 mondial de la production de plaques à base de silicium hyper pur. Aymeric achète également Siltronic pour Erasmus Small Cap Euro et il vend Jacquet Métal, Newlat Food et Voltalia, il achète aussi l’allemand Jost Werke, fabricant de composants pour camions et utilitaires tels que des sellettes d’attelage, des trains d’atterrissage télescopiques et des accessoires pour semi remorques.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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