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Point Bourse Hebdomadaire du 4 mars 2019 : Des éléments plus rassurants

Des éléments contradictoires, mais dont la somme est plus rassurante, apparaissent.

Du côté européen, si l’économie ralentit encore, elle ne s’enfonce pas, et l’optimisme semble revenir lentement, tant chez les chefs d’entreprise que chez les ménages. Le second semestre pourrait être meilleur que le premier.

Du côté américain au contraire, c’est la dégradation, lente mais qui s’élargit, de l’économie qui retient l’attention. Rien de grave encore mais de quoi justifier une attitude plus prudente de la Federal Reserve pour les trimestres à venir. La proximité maintenant de l’échéance électorale devrait pousser Mr Trump dans le même sens du soutien à la croissance.

L’Asie n’est pas épargnée par ce ralentissement et son meilleur baromètre, le commerce mondial en donne la mesure.

En février, la conjoncture s’est détérioré dans l’industrie en Eurozone, l’indice PMI final IHS Markit glisse sous la barre des 50 du sans changement pour la 1ère fois depuis juin 2013, il se replie de 50,5 en janvier à 49,3, signalant une légère contraction après plus de 5 ans et demi de croissance ininterrompue.

Le classement par pays est le suivant : Grèce 54,2 au plus haut de 9 mois, Irlande 54, Pays-Bas 52,7 au plus bas de 32 mois, Autriche 51,8 au plus bas de 37 mois, France 51,5 au plus haut de 5 mois, Espagne 49,9 plus bas de 63 mois, Italie 47,7 au plus bas de 69 mois et Allemagne 47,6 au plus bas de 74 mois.

Les secteurs des biens intermédiaires et des biens d’équipement se sont à nouveau contractés. En revanche la croissance s’est poursuivie dans le secteur des biens de consommation, cependant au rythme le plus faible depuis juillet 2016.

Ce sont l’Allemagne et l’Italie qui ont enregistré les plus faibles performances en février mais la conjoncture s’est également détériorée en Espagne, ce pour la 1ère fois depuis novembre 2013.

Parallèlement, la croissance s’est légèrement renforcée en France, son taux restant faible toutefois par rapport à l’historique de l’enquête. Les fabricants français se disent optimistes au regard de leurs perspectives d’activité à 12 mois. Bien que le degré de confiance se replie légèrement par rapport à janvier, il affiche un degré élevé, les répondants fondant leur optimisme sur une forte demande sous jacente ainsi que sur des projets de développement de nouveaux produits.

A contre courant de la tendance dominante, l’indice PMI se redresse en Grèce et en Irlande par rapport à janvier.

Dans l’Eurozone la production a reculé pour la 1ère fois depuis plus de 5 ans et demi. Cette  tendance résulte de la plus forte baisse du volume des nouvelles commandes depuis avril 2013. Affaiblie par une conjoncture internationale difficile, caractérisée par des incertitudes politiques et des tensions commerciales, la demande en provenance de l’étranger a reculé pour le 5ème mois consécutif, les nouvelles commandes à l’export enregistrent leur plus forte contraction depuis plus de 6 ans.

Malgré le léger recul de la production, la capacité excédentaire a continué d’augmenter en février. En effet les arriérés de production ont diminué pour le 6ème mois consécutif. Parallèlement, les stocks de produits finis se sont accumulés pour le 5ème mois, la hausse des stocks ralentissant toutefois fortement par rapport au record historique enregistré en janvier.

Malgré les baisses renouvelées de la production, des nouvelles commandes et des arriérés de production, les fabricants ont continué de renforcer leurs effectifs, le taux de création de postes restant élevé. L’emploi a ainsi progressé de façon continue depuis septembre 2014, l’Allemagne affichant le plus fort taux d’expansion, suivie de la Grèce et de l’Irlande. L’Italie et l’Espagne n’enregistrent quant à elles que de très légères hausses d’effectifs.

L’ESI (Economic Sentiment Indicator, Commission Européenne) confirme le message d’autres enquêtes : en dépit du ralentissement industriel, l’économie européenne est toujours en croissance. Si le sentiment dans l’industrie recule à un plus bas de 27 mois, il s’améliore dans la distribution et les services ainsi que la confiance des consommateurs.

Ce dernier point est confirmé par des indicateurs nationaux. Le moral des ménages allemands mesuré par l’institut GfK de Nuremberg ne varie pas à l’approche de mars,il reste à un bon niveau et la consommation résiste bien jusqu’à présent à un ralentissement économique palpable selon Rolf Bürkl, chercheur du GfK.

Idem en France où l’INSEE indique dans son enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages de février que leur confiance augmente de nouveau, gagne 3 points et atteint 95. L’opinion des ménages quant à leur situation financière passée augmente de nouveau et gagne 4 points et l’opinion des ménages quant à leur capacité d’épargne s’améliore aussi à nouveau ; leur opinion sur leur capacité d’épargne future gagne 4 points et celle sur leur capacité d’épargne actuelle gagne 2 points. Ces deux soldes passent légèrement au-dessus de leur moyenne de longue période.

Aux États-Unis, convergence des indicateurs anticipés manufacturiers qui donnent plus de fiabilité à la poursuite de la croissance, mais ralentie, sur les 6 prochains mois.

L’ISM (Institute for Supply Management) de février enregistre 54,2, un retrait de 2,4 pts par rapport aux 56,6de janvier et de plus de 6 pts par rapport aux 60,8 d’août. Ce ralentissement est très large puisqu’il provient aussi bien des nouvelles commandes, de la production, de l’emploi et des livraisons. En conséquence les stocks progressent.

L’ISM est confirmé par l’IHS Markit final US Manufacturing qui, à 53 en février recule de 1,9 pt par rapport aux 54,9 du début de l’année. Dans le détail, cet indicateur dit la même chose que l’ISM : une croissance correcte mais ralentie par rapport à 2018.

Par contre, la confiance du consommateur mesurée par le Conference Board rebondit fortement (9,7 pts) à 131,4 en février, effaçant presque le recul de 14,7 pts de décembre et janvier, ce qui confirme le rebond enregistré par l’University of Michigan consumer sentiment index à mi-février. Le recul précédent avait sans doute été causé par le « shutdown ». Les consommateurs sont plus optimistes sur l’activité, l’emploi, les revenus mais réduisent leurs plans d’investissement.

Aux États-Unis, le secteur qui va le moins bien et ce n’est pas nouveau, c’est l’immobilier résidentiel. Les mises en chantier de logements sont tombées en décembre à leur plus bas niveau depuis plus de deux ans avec un recul tant dans l’habitat collectif que pour les maisons individuelles, ce chiffre confirme aussi la perte d’élan de l’économie américaine au T4. Les mises en chantier ont chuté de 11,2% et sont au niveau le plus bas depuis septembre 2016.

La hausse des prix immobiliers a continué de ralentir en décembre à un rythme plus fort qu’attendu selon l’enquête Case-Shiller. Dans les 20 principales métropoles, les prix relevés ont augmenté de 4,2% sur un an, chiffre le plus faible depuis novembre 2014.

Par contre selon la NAR (National Association of Realtors) les promesses de vente de logements anciens ont augmenté de 4,6% en janvier, mais elles sont en contraction de 2,3% sur un an.

Le Caixin China General Manufacturing PMI se reprend un peu en février mais, à 49,9, il reste sous la barre des 50 après un plus bas récent de 48,3 en janvier.

Et ce sont presque toutes les économies du sud-est asiatique qui sont affectées par le ralentissement chinois et global. Le Nikkei ASEAN Manufacturing PMI, qui passe à 4936 en février vs 49,7 en janvier, est à son niveau le plus faible depuis 19 mois. Par pays : Myanmar 53,1, Philippines 51,9, Vietnam 51,2, Indonésie 50,1, Thaïlande 49,9, Malaisie 47,6 et Singapour 45,7.

Le Netherlands Bureau for Economic Policy Analysis, qui mesure l’évolution du commerce mondial, indique que celui-ci a reculé de 1,7% m/9m en décembre après 1,8% en novembre. Ainsi le volume du commerce mondial a reculé de 1,4% sur un an, son premier recul depuis janvier 2016 et le plus élevé depuis novembre 2009. Cette tendance devrait continuer au S1 2019, elle affecte particulièrement la Chine et ses partenaires principaux. Elle est aussi cohérente avec l’évolution de la production industrielle globale en retrait en novembre (-0,2%) et décembre (-0,4%) et en progression sur un an de 0,8%, plus faible croissance depuis décembre 2015, mois qui a du marquer le sommet industriel du cycle dans lequel nous sommes.

En dépit des rachats qui continuent sur les fonds actions européennes (ce n’est plus le cas pour Erasmus Gestion depuis quelques semaines), 4,1 milliards$ sur la semaine au 27 février selon EPFR Global, les marchés ont continué leur progression ; pour l’Europe, Stoxx600 +0,8%, EuroStoxx50 +1,3%, CAC40 +0,9% et DAX +1,3% ; ailleurs S&P500 américain +0,3% et Nasdaq +0,9% sans oublier le Nikkei 225 +0,8% et le Shanghaï SE Composite +6,8%.

Les secteurs qui ont porté le Stoxx600 sont les Banques +3,6%, la Distribution +3,4% et l’Automobile +2,5% alors que les Télécommunications -2,3%, les Matériaux de Base -1% et les Médias -0,9%, étaient en recul.

Il faut relever parmi les entreprises ayant eu les plus fortes hausses Seb +10,2% détenue par Erasmus Mid Cap Euro.

112 entreprises de l’EuroStoxx ont publié leurs chiffres 2018 sur 182 attendues. En matière de BPA 53 entreprises ont fait mieux que prévu, 12 sont en ligne et 47 ont déçu ; en matière de CA et sur 136 entreprises, 38 ont fait mieux qu’attendu, 84 en ligne et 14 en dessous. Ces chiffres sont légèrement moins bons que les moyennes historiques.

Si les analystes semblent toujours réviser les bénéfices 2018 à la baisse, cela semble moins vrai pour 2019. En Europe le consensus des prévisions bénéficiaires JCF/FactSet sur le Stoxx600 attend une croissance annuelle 2018 de +4,9% et +8,7% pour 2019. Pour le S&P500 américain les attentes sont à +16,5% pour 2018 et +3,8% pour 2019.

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

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