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Point Bourse Hebdomadaire du 16 juillet 2018 : Le ralentissement gagne

Jusqu’à présent l’analyse des indicateurs économiques publiés nous conduisait à penser que les États-Unis et la Chine étaient épargnés par le ralentissement économique qui affecte l’Europe. Cette semaine l’enquête mensuelle du bureau de recherche économique allemand Sentix sème le trouble sur cet élément rassurant.

Nous détaillons dans cette lettre l’enquête du Sentix.

En l’absence de nouvelles déclarations agressives sur le conflit commercial déclenché par le président américain, les marchés ont continué leur rebond cette semaine, mais avec toujours autant de discrimination.

Manfred Hübner, managing director de Sentix, commente :

« Les perspectives économiques de la zone euro semblent se stabiliser en juillet après un fort recul en juin. L’indice global se redresse de 9,3 à 12,1 points.

Cependant, cela ressemble plus à une reprise technique qu’à un renversement de tendance. L’indice pour l’Allemagne par exemple recule encore et pour le 6ème mois consécutif à 16,2 points.

L’environnement global montre aussi de plus en plus de signes de ralentissement. Pour le Japon par exemple, nous enregistrons aussi un 6ème mois de déclin et les perspectives pour l’Asie hors Japon reculent de plus de 10 points. Les perspectives pour l’économie américaine tombent également à leur plus bas niveau depuis août 2012. »

L’indice pour l’Eurozone rebondit de 3 points à 12,1 en juillet. La situation actuelle et les perspectives suivent le même mouvement qui n’est sans doute pas un signe de retournement. D’une part les perspectives restent en territoire négatif (-10 points), d’autre part la plupart des régions du monde font désormais preuve de faiblesse.

Le recul de l’Asie hors Japon montre clairement que la continuation du conflit commercial va avoir un impact négatif sur l’ensemble des économies.

Du point de vue de l’investisseur, les banques centrales ne pourront vraisemblablement pas tenir un rôle de recours compte tenu de la reprise enclenchée de l’inflation.

L’Allemagne dont les perspectives, encore à +5,5 en février, sont désormais à -14, au plus bas depuis août 2012, et la situation actuelle, passée depuis février de 71,5 à 51,3, si elle reste à un niveau élevé, est au plus bas depuis décembre 2016.

Si les États-Unis continuent de bénéficier des effets de la réforme fiscale adoptée fin 2017, ils ne sont pas pour autant immunisés. Les perspectives y ont reculé depuis février de 10,8 à -11,8 points au plus bas aussi depuis août 2012, même si la situation actuelle résiste mieux (53,8 vs 58,5). Le sommet du cycle semble là aussi être derrière nous.

Et l’Asie hors Japon, dont la Chine, ne prendra pas le relai. L’indice global recule de plus de 8 points en un mois (12,4 vs 20,6) et de plus de 20 points en 6 mois (12,4 vs 32,8). Les perspectives en particulier sont affectées avec un recul de plus de 25 points en 6 mois (-6,5 vs 19). C’est sans doute l’une des explications du recul de la devise chinoise.

Un autre indicateur anticipé allemand, le ZEW, nous envoie le même message avec un recul de -16,1 à -24,7 points, alors que les attentes du consensus étaient à -18. Cet indicateur est également au plus bas depuis août 2012. Le professeur Achim Wambach, président du ZEW, commente :

« La période de l’enquête a été marquée par une grande incertitude politique. En particulier, les craintes d’une escalade dans la guerre commerciale avec les États-Unis noircissent les perspectives. Les nouvelles positives concernant la production industrielle, les prises de commandes et le marché du travail ont été largement effacées par les effets négatifs anticipés d’un conflit commercial ».

Là encore, à 72,4 le ZEW reste bien au-dessus de sa moyenne de long terme de -6,8 points mais les attentes pour les 6 mois à venir se sont beaucoup détériorées. Seule lumière, dans le cadre de ce ralentissement à venir de l’activité, les attentes en matière d’inflation chutent par rapport aux mois précédents ce qui pourrait amener la BCE à relever encore plus tardivement que prévu le relèvement de ses taux directeurs.

 

Aux États-Unis, la publication du JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey) a un mois de décalage, ce sont donc les chiffres de mai que nous venons d’avoir. Toujours à des niveaux très élevés, on note toutefois une première réduction des offres d’emplois après un record historique le mois précédent :

1. Les propositions de postes reculent modestement à 6,64 millions après le record de 6,84 millions en avril,

2. Les nouvelles embauches –total des embauches sur emploi total – sortent de leur fourchette 3,7/3,8% valide depuis de longs mois pour s’établir à 3,9%,

3. Les démissions – total des démissions volontaires sur emploi total – augmentent à 2,4% en mai, dépassant leur pic de 2000-2007 du fait de la facilité à améliorer sa situation.

Tout ceci reflète un marché du travail plus tendu, une plus grande confiance et une plus grande mobilité qui devraient mettre une pression haussière sur les salaires. Malgré un accroissement de 2 millions du nombre d’emplois sur un an, la situation reste déséquilibrée et pour le 3ème mois consécutif il y a plus de postes à pourvoir que de personnes sans emploi. La NFIB (National Federation of Independent Businesses) montre dans sa dernière enquête que la main d(œuvre est le premier problème de ses adhérents (22%). En dépit de l’augmentation des embauches sur la dernière période, il y a toujours un gap important en termes de qualification entre l’offre et la demande d’emplois. Cela correspond d’ailleurs aux commentaires du dernier Beige Book de la Fed : »Les conditions sur le marché du travail restent tendus dans le pays et nos correspondants continuent à nous signaler la difficulté qu’ils ont à pourvoir des postes à des niveaux de qualification différents. Un manque de main d’œuvre qualifié nous est signalé dans diverses activités, comme les routiers, le personnel commercial, les charpentiers, les électriciens, les peintres et les professionnels du secteur des technologies de l’information ».

 

Les marchés européens ont terminé une nouvelle fois la semaine en hausse (EuroStoxx50 +0,18% CAC40 +0,99%) soutenus par une éventuelle reprise des négociations entre Washington et Pékin et malgré la publication d’une liste de 200 milliards $ de produits chinois, essentiellement de consommation, par l’administration Trump susceptibles d’être taxés à hauteur de 10%. En effet, le vice-ministre du commerce chinois Wang Shou Wen a appelé à des négociations bilatérales et la Chine a indiqué qu’elle poursuivra sur la voie des réformes et de l’ouverture de ses marchés.

Si certains secteurs cycliques ont profité de cette détente : Industrielles +1,62% ou Technos +1,18%, d’autres ont souffert des inquiétudes quant à une baisse de la demande chinoise : Matériaux -2,97% ou Energie -1,23%.

Les minutes de la BCE, ainsi que Mario Draghi, ont prôné la patience en matière de resserrement monétaire laissant entendre que les taux ne seraient pas relevés avant au moins l’été 2019, ce qui a plu aux investisseurs et entrainé une modeste dépréciation de l’€ (1,166).

La saison des publications commence et 65 entreprises du Stoxx600 publieront la semaine prochaine, par exemple pour FCP Mon PEA Ubisoft, SOITEC et Hermès ou encore Thalès pour Erasmus Mid Cap Euro.

La semaine dernière FCP Mon PEA et Erasmus Mid Cap Euro ont accompagné le mouvement de leurs indices de référence, alors qu’Erasmus Small Cap Euro enregistrait un peu de retard et Erasmus Micro Cap Euro beaucoup d’avance.

Frédéric pour Mid Cap a vendu Seb et acheté Elior, Aymeric pour Micro Cap a vendu Delta Plus Group et Fountaine Pajot et acheté Cyan AG.

Après une longue période de révisions à la hausse des prévisions de résultats du consensus JCF/FactSet, celui-ci, et c’est bien sûr lié aux évolutions macroéconomiques, est révisé à la baisse, encore très modestement, sur le dernier mois. Pour l’EuroStoxx600 -0,1% pour 2018 et -0,4% pour 2019 ; pour le S&P500 américain, -0,3% pour 2018 et 2019. Cela porte en Europe la croissance bénéficiaire attendue à +8,6% pour2018 et +8,7% pour 2019, aux États-Unis la croissance annuelle 2018 est attendue à +17,9% et à +8,3% pour 2019.

Nous allons maintenant voir l’effet des publications du S1 !

Jean-François GILLES

Président du Directoire d’Erasmus Gestion

 

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